Ce disque est un piège mortel. Lorsque je l’ai vu arriver, au loin dans un brouillard aussi opaque que la chevelure d'Angelo, avec son titre affriolant et sa pochette relativement pas trop mal faite, je me suis dit : "Chouette ! Bravissimo ! Mega-über-supra-méta-enormissimo ! Angelo sort enfin une suite à son génialissime album live publié en 1996, Camminando Camminando !" Il était totalement NORMAL de penser cela, vous avez vu un peu le titre de l’album qui nous préoccupe : Camminando Camminando 2. Si ça ne ressemble pas à une digne suite en bonne et due forme ça ? Sans compter qu'en plus, ça faisait déjà pas mal de temps qu'Angelo n'avait pas sorti d'album live. Oui, enfin bon, si, il y avait eu l'album Senza Spina en 2009, mais c'était un vieux live d'archives enregistré dans les années 1980, donc ça ne comptait pas. Un peu de neuf, ça n'aurait pas fait de mal. Eh bien... en fait, non.

Camminando Camminando 2 n’est pas un live. Ce n’est même pas un album studio. Oui, c’est plus que surprenant même, mais c’est la triste vérité : Camminando Camminando 2 est ... un best of. Et alors là, je vous le garantis, la réaction du fan pur et dur d'Angelo BRANDUARDI ne peut être qu'une épouvantable colère titanesque dont l'impact sismique serait largement suffisant pour provoquer un typhon dans l'Adriatique capable d'engloutir à jamais Venise sous les eaux.

Le contenu de ce best of n’est pas très sorcier, puisqu’il regroupe des titres extraits des albums les plus marquants publiés par Angelo entre 1995 et 2011. Et Dieu sait que pendant cette période, Angelo en a publié des albums marquants : Futuro Antico (1996), Il Dito E La Luna (1998), Il Infinitamente Piccolo (2000), Altro E Altrove (2003)... Aux titres extraits de ces albums que je ne saurais trop vous recommander d'écouter dans leur intégralité, s'ajoutent évidemment des extraits de tout ce que BRANDUARDI a composé durant la fin des années 2000, c'est-à-dire les deux inédits studio publiés sur l'album live Senza Spina (2009) et quelques extraits du plus que moyen Cosi È Se Mi Pare (2011), heureusement pas les pires. Ajoutons à cela les deux versions du single "Rataplan", publié par Angelo en décembre 2011 :la version "album" ne diffère toutefois pas sensiblement de la version radio, elle y ajoute seulement un peu plus d'orchestre et de cordes. Ça n'est pas exceptionnel, mais ça reste quand même agréable.

Et donc voilà, au final, plus on regarde la tracklist de cet "album", et plus on a la fâcheuse sensation que ce disque n'est qu'un abominable remplissage. Aucune de ces chansons n'est contestable en termes de qualité (hormis peut être "Favole Di Natale A New York", que je n'ai jamais vraiment apprécié), je vous les conseille même quasiment toutes si vous désirez écouter de la chanson italienne de très haut niveau. Mais lorsque l'on est un habitué de la discographie du Maestro Cantautore, on ne peut que déplorer une telle publication. Parce qu'hormis deux versions, dont une anecdotique, de la chanson inédite "Rataplan" (qui fait donc office de ce single pour cet "album"), Camminando Camminando 2 n'apporte rien de neuf, et gruge l'acheteur en adoptant un titre tape-à-l'oeil mensonger.

En 2012, Angelo Branduardi continue, peut être malgré lui je n’en sais rien (il n'est pas impossible qu'EMI l'ai forcé à sortir ce disque), de publier des albums très contestables, au contenu tantôt médiocre, tantôt complètement absurde, la preuve en est avec ce Camminando Camminando 2 vraiment bas du plafond. On ne retiendra qu'une seule chose de ce nouveau disque : le single "Rataplan" dans sa version radio, qui est un petit bijou sympathique.

À éviter.