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MYRDHIN - Vol. 7 - Courir Le Guilledou / La Ceinture Du Diable (1984)
Par MARCO STIVELL le 8 Août 2012          Consultée 4347 fois

En 1984, MYRDHIN et Zil viennent de déménager en bord de mer dans le Guildo, non loin de leur cher cap Fréhel. Ils s'installent précisément sur la rive droite de la ria d'Arguenon, à deux pas des ruines du château médiéval du Guildo, lieu d'Histoire et de légendes que l'on pouvait admirer face à l'artiste sur l'ancienne pochette de ce nouveau disque. Au XVIème siècle, les propriétaires en sont Françoise de Dinan, camériste de la duchesse Anne de Bretagne, et son époux Gilles de Bretagne, anti-Français endurci qui mourra étouffé par les sbires du roi de ce pays ennemi. Il reste de Gilles en outre cette tendance à être un... coureur de jupons. D'où l'expression "courir le guilledou", "mener joyeuse vie" à l'époque.

Cette première partie de nouveau disque est consacrée à ce que l'on appelle communément des standards, traditionnels ou de MYRDHIN. Comme on le sait, la "Suite Gaélique" n'est pas la première reprise qu'il fait de lui-même, il y avait eu "Graal" sur le premier disque et les interprétations faites devant les enfants de Plouisy sur le vol. 4 -Merlin L'Enchanteur. Mais comme la maison Vélia, mi-professionnelle mi-amateure a cessé son activité depuis, ces albums ne sont déjà plus distribués. Courir le Guilledou, publié par le label de Max Antoine, permet à ceux qui n'ont pas pu connaître le barde auparavant de découvrir cette suite toujours égayante, qui colle bien avec l'expression volage choisie pour titre, et dont l'arrangement harpe-flûte-bodhran n'a pas réellement changé.

Ou si quand même, car ce nouvel album, bien que moins ambitieux que les précédents, n'en est pas moins important. Son point fort est en effet d'être le premier à mettre en valeur la toute nouvelle harpe inventée par Camac (encore sous forme prototype) : l'électroacoustique, offerte à MYRDHIN. Evidemmment à cordes métal et toute aussi aisément transportable qu'une harpe bardique, elle possède un son à mi-chemin entre cette dernière et la harpe Carolan que MYRDHIN avait utilisée sur Harpèges. Pincé donc mais également clair, entre les deux, et auquel le barde se chargera d'ajouter des effets dont il a le secret comme nous le verrons. Nous pouvons l'entendre sur l'ensemble de ce septième disque.

La "Suite Gaélique" apparait donc plus novatrice pour cela, mais c'est aussi le cas des autres standards, à savoir "Shame O'Neill's March" (une complainte rythmée qui swingue !) ou la gwerz "Maro Ma Mestrez" sublimée autant par l'instrument à cordes que par la flûte parfois jazzy de Jean-Pol Huellou, qui se fera beaucoup plus présente ici que sur le disque précédent d'An Delen Dir. En réalité, c'est la première fois qu'il utilise des modèles en bambou, et qui permettent de nouveau à la Celtie de se rapprocher de l'Asie. Zil quant à elle, si elle n'est pas au bodhran, apporte quelques basses-synthé intriguantes. Il y a aussi, pour le reel "The Maple Tree" -dont l'arrangement rappelle "Aranmor" du disque de 1978- et pour l'an dro "Planxty Killian", la présence des tablas de l'américain Stiv (ancien accompagnateur de Roland Becker) et qui ressortent plus clairement que celles que l'on avait pu entendre sur Emersion. Quand je vous dis que l'Asie n'est pas loin... N'oublions pas le magnifique morceau de clôture, "Fluences", entièrement axé sur la harpe, sur des effets aquatiques, des clusters et sur des arpèges tellement fouillés et hypnotisants que l'on en perd toute pulsation. Pour le moins très enchanteur.

La deuxième face est particulière. Là où il habite alors, MYRDHIN retrouve un copain d'enfance, Yannick Letoqueux qui se lance dans le cinéma. Le barde sortait d'une collaboration avec des réalisateurs suisses pour la bande sonore d'un film, La Harpe aux Sortilèges, et Yannick Letoqueux lui demande de recommencer pour son propre court-métrage (dont MYRDHIN écrira aussi les dialogues), La Ceinture du Diable, tourné dans le même coin et d'aura fantastique également. La longue suite (huit minutes) "War Hentoû Gwervaen", où intro de flûtes, arpèges de harpe et rythmique de tablas ou kalimba -piano à pouce africain- se succèdent, exprime précisément cette balade à travers les chemins qui bordent l'estuaire en passant par le susdit château du Guildo, et un barde parfaitement dans son élément.

Parmi les autres morceaux, il y a bien évidemment des thèmes plus courts, pour les besoins du film. Ce sont l'air de harpe "Danvez Maria", et la complainte "Liorzh Aziliz". "An Cailin Rua", en gaélique "la fille aux cheveux roux" et qui caractérise le personnage central du court-métrage, est devenu un des "tubes" de MYRDHIN, entre jig endiablée (à un moment, ça swingue comme dans "An Anneuen") et délicatesse de cordes cristallines. Quant à "Ma Bonne Maria", elle est partagée en deux temps : une superbe gwerz où les whistles de Jean-Pol Huellou jouent alternativement, et un final où la harpe électroacoustique sonne comme un clavinette et joue de manière très soft pendant que les voix de Laurence Meillarec et MYRDHIN planent au-dessus. On peut le dire, une bande originale sensationnelle, comme tout le disque évidemment. Le film sera diffusé sur FR3 national et sélectionné au Festival de Cannes, preuve de la réussite de cette collaboration, tout autant que la reconnaissance des critiques face à la coloration et la maturité des arrangements et de l'interprétation proposée par MYRDHIN et An Delen Dir. Ajoutez à cela un visuel de carte imaginaire magnifique, dans la lignée de ce qu'ont pu proposer les autres pochettes ouvrantes des disques du barde.

MYRDHIN aura été très prolifique en cette première moitié d'années 80, plus que dans les années 70 et avec au moins autant de grands albums. La seconde moitié de la décennie le sera également, mais ces futures oeuvres souffriront d'être mal distribuées ou seulement en cassette audio, ce qui de manière inversement proportionnelle accentuera leur confidentialité au fil du temps. Il faudra attendre les années 90 et le passage au CD pour permettre au barde de voir son oeuvre à nouveau perçue et accueillie comme il se doit. Peu d'anciens albums seront réédités, mais Courir le Guilledou aura cette faveur en 1998. En bonus, on retrouvera trois titres sauvés du premier opus avec An Delen Dir, "Inveran", "Hobed O Hillion" et la chanson "An Delen Dir". De quoi rêver encore longtemps en repensant à cette époque bénie...

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   MARCO STIVELL

 
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- Myrdhin (harpes celtiques, chant)
- Jean-pol Huellou (flûtes)
- Zil (bodhran, synthétiseur)
- + Stiv (tablas, kalimba)
- Laurence Meillarec (chant)


1. Planxty Killian
2. Maro Ma Mestrez
3. The Maple Tree
4. Shame O'neill's March
5. Suite Gaélique
6. Fluences
7. An Cailin Rua
8. Danvez Maria
9. Liorzh Aziliz
10. War Hentoù Gwervaen
11. Ma Bonne Maria



             



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