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HARPE CELTE CONTEMPORAINE  |  STUDIO

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- Style : An Triskell , Bernard Benoit
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MYRDHIN - Moving Sands (2011)
Par MARCO STIVELL le 18 Juillet 2011          Consultée 3058 fois

Dans la famille des harpeurs (on dit ainsi, pour la harpe celtique) bretons "vétérans" géniaux, ceux qui font vivre cet instrument avec passion et générosité depuis le début du renouveau celtique, MYRDHIN est un grand parmi les grands. Placé sous le signe de l'enchanteur des célèbres légendes arthuriennes (son pseudonyme est l'équivalent de Merlin en gallois), MYRDHIN est bien sûr un musicien fabuleux, mais aussi un vrai poète, faisant chanter la belle harpe celtique à travers une musique d'une éblouissante richesse, ou lui permettant de s'unir à des instruments divers et superbes, de manière souvent contemplative et profonde. Cette musique évolue selon l'inspiration des moments (plutôt que du), et peut éventuellement prendre une forme conceptuelle comme c'est le cas pour ce nouvel album. Celui-ci reste très symbolique pour MYRDHIN car il célèbre ses quarante ans de carrière et se présente comme l'un de ses plus personnels.

Dans son disque précédent, D'île en Île, le musicien nous faisait voyager vers les îles du monde sur lesquelles il a donné des concerts ; ici le concept est, comme nous le suggère la pochette, celui du sable, non pas du désert, mais des quelques magnifiques plages bretonnes qui ont inspiré MYRDHIN cette fois-ci. Il faisait visiter la côte bretonne à une jeune harpeuse allemande, Barbara, à qui le disque est dédié. Et c'est au gré de ces promenades qu'ils ont découvert ces plages, avec un regard des plus songeurs, particulièrement attiré par le chant des sables. Ils ne s'y sont pas trompés, car bien qu'à l'état de minéral, le sable vit ainsi dans certaines circonstances (taille et contenance de silice), sous une forme de musique provoquée par la friction des grains entre eux. Cela a été scientifiquement prouvé par le CNRS (ce que les deux promeneurs ont su après), et le disque de MYRDHIN nous apprend même que 33 plages de la côte atlantique détiennent un tel phénomène. Fascinant, n'est-il pas ? Toujours dans le domaine scientifico-musical, MYRDHIN a un jour rencontré en Brocéliande un chercheur du CNRS qui lui a parlé d'un disque enregistré par l'organisme pour honorer cette découverte (Le Chant des Dunes). C'est arrivé après l'enregistrement de Moving Sands, mais ça fait partie du charme de l'histoire.

Ce dernier album de MYRDHIN est ainsi le résultat d'une préparation pleine de richesse. Il y a d'abord les faits mentionnés plus haut, auxquels viennent s'ajouter bien sûr la présence des "plus que musiciens additionels". Car Moving Sands a été réalisé en famille, le frère et les fils de MYRDHIN (ces derniers étant crédités sous des pseudonymes) jouant respectivement sur un, deux et trois morceaux. Les autres invitées, au féminin cette fois, sont les excellentes (et adorables) harpeuses Morgane Rozier - ancienne élève du barde - et Alexandra Igual Jajarmi que j'ai eu, tout comme MYRDHIN, le bonheur de rencontrer... et même d'entendre le moment où elles ont enregistré leur partie, par une belle soirée d'hiver dans la maison du barde !

MYRDHIN emploie sur ce disque (qu'il a souvent composé avec son fils Stab, "Le Chant du Feu" comportant en plus l'empreinte de la regrettée poétesse aveugle Angèle Vannier) des harpes cordées métal, celles qu'il préfère. Il possède entre autres un ancien modèle Korrigan de Camac qui, contrairement aux récents, est doté d'une table d'harmonie offrant lorsque l'on appuie dessus la possibilité de faire vibrer les notes d'un demi-ton. C'est l'une des marques de fabrique de MYRDHIN, on la retrouve souvent dans son jeu, ses compositions. Celles-ci sont à l'image de la poésie recherchée, entre airs et danses d'une simplicité formelle aussi impressionnante (les musiciens savent combien il est dur de trouver des mélodies et MYRDHIN y arrive toujours très bien) qu'attachante. Ces mélodies sont, conformément à l'univers celtique, enchanteresses, mais MYRDHIN n'hésite pas à s'éloigner des codes pour proposer quelques échappées dans des modes mélodiques inhabituels pour cette musique, comme sur "Singing Sands" où il joue en aéolien (mode de la) et "Klez Merc'h", en phrygien (mode de mi) que l'on trouve plutôt dans les musiques hispaniques ou moyenorientales. S'affranchissant ainsi comme il le souhaite des codes celtiques, MYRDHIN propose une musique raffinée, toujours entre rêve et exploration absorbants.

La harpe est ainsi accompagnée de diverses programmations, tout à tour fines et évoquant le chant du sable, légèrement scratchées, ou carrément plus dans la veine des groupes électro sur "Le Chant du Feu". C'est le fruit du travail de Stab, décidément le plus présent des fils de MYRDHIN pour ce projet. Kledsy Jy, un autre des trois fils, joue du saxophone ténor sur "Traezh Kregenellek" et "Waves Sands", prolongeant ainsi le plaisir des instruments "invités" dans la musique du barde. Dylan Gully, dernier présent parmi les fils (dont il reste l'aîné), apporte à son tour sa clarinette sur "Traezh Aour", "Klez Merc'h" et "Gavrinis". Le frère de MYRDHIN, Didier vient renforcer la chaleur de la musique avec son doux sitar pour "Sandsounds". Morgane et Alexandra jouent quant à elles sur le très bel an dro "Gavrinis". MYRDHIN, enfin, pose sa belle voix de baryton sur quelques morceaux, de façon mystique comme sur "Sables et Dunes" et "Les Sables d'Exil", ou même moqueuse sur l'étonnant "Le Chant du Feu".

Sur le plan personnel, pour ce que je connais de MYRDHIN, chaque nouvel album est une découverte fantastique. Celui-ci est déjà fortement appréciable pour son histoire, et sa position particulière dans la discographie du barde (40 ans !) mais la musique reste elle-même porteuse de ce qui fait que j'apprécie tant cet artiste, de plus en plus. De ces arrangements soignés à cette voix très agréable, même le récalcitrant du sax ténor (pas très présent il est vrai) que je suis ne trouve rien à redire face à tant de poésie et de magie. La totalité des morceaux, flottants ou dansants, mirage musical ou pulsion conviviale est un pur bonheur. Certes, "Le Chant du Feu" fait un peu office d'ovni musical à côté du reste, mais la sauce prend et permet de (quasi-)conclure sur une note différente. En outre, entendre de la poésie d'Angèle Vannier est toujours un grand moment. Et à propos de "Gavrinis", avoir plus ou moins assisté à l'enregistrement des harpes de Morgane et Alexandra au coin d'un bon feu de belle maison bretonne reste plus qu'un beau souvenir, Moving Sands permettant de le regoutter avec un certain ravissement. Ce disque est une nouvelle petite merveille, émouvant hommage à ces sables qui au final font plus encore que d'être bénéfiques pour notre peau d'humains. Il est la confirmation que ce minéral orifique sait nous faire rêver autrement.

Disque BNC Myr 002. Diffusion Coop Breizh.


Album en écoute ici : http://myrdhin.bandcamp.com/

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   MARCO STIVELL

 
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- Myrdhin (harpes celtiques, voix, chant, composition)
- Stab (programmations, composition)
- Kledsy Jy (saxophone ténor)
- Dylan Gully (clarinette)
- Didier Chauvet (sitar)
- Morgane Rozier, Alexandra Igual Jajarmi (harpes celtiques)


1. Magic Sandscape
2. Traezh Kregenellek
3. Singing Sands
4. Waves Sands
5. Salt Marsh
6. Sables Et Dunes
7. Traezh Aour
8. Sandsounds
9. Klez Merc'h
10. Gavrinis
11. Les Sables D'exil
12. Le Chant Du Feu
13. Alban Elved



             



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