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HARPE CELTE CONTEMPORAINE  |  STUDIO

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MYRDHIN - D'île En île (2009)
Par MARCO STIVELL le 2 Février 2014          Consultée 3036 fois

L'album avec lequel MYRDHIN célèbre ses 40 ans de carrière n'est pas attendu avant 2011, le nouveau paru en cette année 2009 porte pourtant déjà en lui une allure de rétrospective. D'île en Île se pose tel un concept, une véritable odyssée durant laquelle l'artiste nous convie à voyager sur une mer reliant des îles parmi celles qu'il a eu l'occasion de visiter au cours de ses tournées. Chaque chanson est comme une escale immortalisée en photographie, une carte postale nous faisant passer en une heure des îles bretonnes et gaéliques aux Antilles, jusqu'à celle de Kyushu au Japon. Pour précision, il y en a quinze en tout. Ce disque est un plaisir sensoriel, autant sur le plan visuel que musical, le barde nous proposant un livret généreux d'une trentaine de pages, consacrées à chaque île par groupe de deux et systématiquement partagées entre photos et notes. Ces dernières nous donnent les diverses positions des îles sur une carte en latitude et longitude, en décorant le tout par des extraits littéraires. Maintenant si vous le permettez mesdames et messieurs, nous allons embarquer...

Ce qui nous saisit dès la première pièce musicale, c'est la profondeur du son et tout le soin apporté à ce niveau. On reconnaît facilement à l'écoute que ce disque bénéficie des moyens modernes et la réalisation donne un fort sentiment d'amplitude, mais il était difficile de s'attendre à une telle chaleur, comme si tout avait été enregistré sur bande analogique. Une ambiance proche de celle du vinyle donc. En ce qui concerne le dynamisme global, cela s'apprécie autant sur le morceau hip-hop « Bourbon » évoquant le printemps réunionnais que sur une plage contemplative telle que « Calum Ruadh ». L'image du soleil levant dans le brouillard autour de l'île de Skye en Ecosse y est magnifiquement dépeinte par les claviers et la harpe, celle-ci brodant autour d'un thème avec force ornementations (comme un chant de cornemuse) et se baladant sur les deux canaux stéréo, parfois en bandes inversées pour un résultat des plus enchanteurs.

Pour le reste, ce disque allie variation des couleurs insulaires avec diversité musicale, ce que l'on remarquait déjà sur les oeuvres précédentes de MYRDHIN, en particulier Fréhel (Duo Ars Celtica). Le premier tiers de l'album se compose exclusivement d'airs à la harpe, dont une reprise de « May Morning Dew », et un arrangement superbe de « Miss Hamilton », pièce héritée de l'Irlande baroque. L'envoûtant « Cadul Go Lo » nous rapproche des rivages de l'Île de Man, moins connue que les autres pays gaéliques mais que l'artiste souligne avec une forte dose de spiritualité, prêtant sa voix grave dédoublée et ponctuant les roulements de la harpe réverbérée pour de splendides « I ri o ». En Bretagne, le mot envoûtant convient très bien à l'Île aux Moines, dont l'escale se caractérise par la présence des harpes de Zil et Virginie Cardoso finement samplées.

Si l'accent est relativement mis sur les îles bretonnes, et même lorsque l'on est habitué à l'approche contemporaine de la musique de MYRDHIN, un morceau comme « Hersinian Avel » dédié à l'archipel d'Ouessant surprend toujours, autant qu'il s'écoute religieusement. La harpe est utilisée en bruitages, des glissements brusques sur les cordes et amplifiés par le son simulent les vagues venant se briser sur les rochers. Roger Gicquel, le regretté et bien connu journaliste récite un poème de Gérard Le Gouic d'une voix posée (avec celle de Zil en écho spectral), contrastant beaucoup avec la tension créée par les instruments. Plus loin, les escapades dans les départements d'outre-mer suscitent le concours de percussions qui sont presque entièrement l'oeuvre de DJ Stab, l'un des fils de MYRDHIN et désormais collaborateur habituel. Il n'est cependant pas le seul de la fratrie car Kledsy Jy vient délivrer un joli solo de clarinette jazzy sur fond de steel drums pour le merengue « Madiana ». Citons encore l'an dro évanescent « Gwadamzer », le doux « Nwyfre » où la harpe se mêle à un piano Fender Rhodes, sans oublier l'unique escale en Extrême-Orient avec « Tsushima » où MYRDHIN délaisse sa harpe pour le koto, tout en faisant bien ressortir son phrasé habituel et donnant l'impression que rien n'a changé ; une oreille non-avertie n'y verrait que du feu !

D'île en Île est de ces albums exigeants, du fait de sa longueur et de sa tendance à mettre l'accent sur des ambiances contemplatives, démontrant une large évolution depuis les trente dernières années mais qui ne doivent pas pour autant frustrer l'amateur de beaux airs. Plusieurs écoutes sont nécessaires et le charme opère, si bien que l'on y revient souvent.

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   MARCO STIVELL

 
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- Myrdhin (harpes celtiques, voix, métallophone)
- Dj Stab (claviers, programmations)
- Kledsy Jy (clarinette)
- Roger Gicquel (récitation)
- Zil (voix, harpe celtique)
- Virginie Cardoso (harpe celtique)


1. Calum Ruadh
2. Cadul Golo
3. Miss Hamilton
4. Kern Arzur
5. May Morning Dew
6. Hersinian Avel
7. Gespeg
8. Madiana
9. Bourbon
10. Nwyfre
11. Île Aux Moines
12. La Colombière
13. Gwadamzer
14. Pengalaman
15. Tsushima



             



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