Dans la collection de cassettes publiées par MYRDHIN sur le label Sofec à la fin des années 80, la Liturgie des défunts est associée à un contexte musical particulier, l'enterrement, l'accompagnement vers "l'autre monde", tout comme l'est Naître d'amour pour le mariage.

Forcément, la tonalité est plus sombre, sobre et épurée, ce qui n'empêche pas le recours à une instrumentation en complément des harpes de Zil et MYRDHIN. L'orgue, bien sûr, et aucune flûte pour le coup cette fois-ci, mais à la place, du violoncelle, un instrument très rare dans ce que propose le barde habituellement.

Les deux faces de la cassette sont découpées en une sélection de six titres courts pour la première (dont le nom global est Ta mort reste pour nous un mystère) et plus ou moins enchaînés, tandis que pour la seconde, on a une suite musicale de 26 minutes intitulée Repose dans la paix.

Le premier des six titres de départ s'appelle "Depuis l'aube", une très jolie berceuse à la harpe, tendre avec une couleur mystique et un violoncelle joué par Marzhina Favennec qui s'y prête fort bien. Plus loin, "Libera Me..." est une longue nappe d'orgue jouée au synthétiseur (Joseph Monfort), étalée sur plus de 5 minutes, brumeuse et étrange, mais des notes nous émeuvent ainsi que l'entrée de la harpe aux deux tiers.

La musique de ces morceaux est faite d'éléments répétitifs d'un point de vue mélodique, pour le moins appréciables, et ponctués de quelques variations. La plupart du temps en dehors de ceux-ci, MYRDHIN est seul, et le propos devient plus difficile à suivre mais c'est là tout le jeu.

Sur "Martyrs", on l'imagine se plaisant à ajouter des éléments blues et jazz en accord avec ses goûts, et encore plus sur "Ar Goas Doué", titre à la fois baroque lors des fins de phrases et oriental dans le style Harpèges (son chef-d'oeuvre de 1982), qu'il reprend par la suite en concert. "Lamentation" et "Les 7 douleurs" ont une forme de ballades gaéliques déguisées avec subtilité et fort plaisantes. La seconde n'est pas sans rappeler "Distro Isold", autre classique de MYRDHIN.

Vient la seconde face avec sa longue suite. Le début est un long développement de "Ar Baradoz" ("le paradis"), gwerz/complainte issue du répertoire traditionnel breton religieux et autre thème favori du barde. L'orgue et le violoncelle font une entrée réussie à un certain moment, meilleure que le retour de l'orgue en toute fin de disque et où il joue seul, drôle de choix.

MYRDHIN et Zil déroulent quelques somptueux arpèges coulés qui rappellent leur travail sur Courir le Guilledou en 1984, et il y a, vers les deux tiers du morceau, un thème très proche de ce que fait Ennio MORRICONE dans ses moments les plus nostalgiques, en légèreté, très latin en tout cas ! On peut aussi croiser, parmi les détours mélodiques de cette suite, des airs celtiques célèbres, comme le breton "Marv Pontkalleg" (harmonies personnelles du barde aux notes graves, toujours passionnantes) et la manxoise "Arrane Oye Vie" ("The Goodnight Song"), autre berceuse à l'arrangement qui respire la liberté et qui aurait bien mérité de terminer le disque ! Dommage aussi que le violoncelle soit si peu présent.

De belles choses dans l'ensemble, comme à l'accoutumée, sans toutefois pousser à y revenir souvent. Ces efforts de MYRDHIN sont de toute façon trop difficiles à obtenir ; d'ailleurs, si quelqu'un possède la cassette d'Arpèges de lumière, je suis preneur !