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HARPE CELTIQUE  |  STUDIO

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- Style : An Triskell , Bernard Benoit
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MYRDHIN - Vol. 5 - Emersion (1980)
Par MARCO STIVELL le 3 Juillet 2012          Consultée 3472 fois

Le Volume 5 de l'oeuvre de MYRDHIN arrive à un point nommé. La fin des années 70-début des années 80 a constitué pour les grands artistes bretons une période importante où ceux-ci, après le "déclic" de 1970-72 qui a vu la repopularisation d'airs et danses celtiques, ont décidé d'aller plus loin. Dans le cas de MYRDHIN, le harpeur dont le rayonnement est désormais planétaire inscrit Emersion dans la lignée de ce que l'on peut appeler une "grande musique celtique".

Et pour preuve, ce cinquième disque est sous-titré "Rhapsodie pour harpe bardique en la b", difficile donc de ne pas mettre en relation cette nouvelle et si riche musique en étroite relation avec celle qui a eu la main mise comme forme principale de culture en Occident durant pas moins de quatre siècles. La différence fondamentale, c'est que comme on le sait, MYRDHIN ne renie pas la tradition, il l'utilise même depuis ses débuts comme première essence, source d'inspiration. Le côté "grande musique" ne vient donc qu'ensuite, et pour ce disque en particulier. Pour nous qui connaissons l'ensemble ou une grande partie de l'oeuvre du barde, nous aurons vite fait de considérer Emersion comme faisant partie de ses plus aventureux, et naturellement de ses meilleurs.

"En musique classique, une rhapsodie (ou rapsodie) est une composition pour un instrument soliste, plusieurs instruments ou pour orchestre symphonique, de style et de forme libres. Assez proche de la fantaisie, la rhapsodie repose presque toujours sur des thèmes et des rythmes nationaux ou régionaux." (extrait de Wikipédia) On ne pourra avec cette définition que réaliser à quel point l'idée est respectée. La harpe bardique de MYRDHIN est bien l'instrument central, il y a une certaine liberté prise aussi bien dans la composition que l'orchestration, et bien sûr cette fresque est construite sur une forte base d'airs et de danses traditionnelles.

La bémol majeur est la tonalitée choisie, c'est devenu une spécificité de la musique de MYRDHIN, alors que le quatrième bémol (ré) n'est pourtant pas commun aux musiques celtiques. La rhapsodie est partagée en deux parties, toutes deux de presque vingt minutes chacune, et réparties sur chacune des anciennes faces du vinyle. Ce qui n'est pas sans rappeler là pour le coup les disques représentatifs du mouvement dit "progressif". Rien de rock ici, c'est simplement dans la structure. Et l'on remarquera que pour chacune des parties, il y a un partage en deux temps. Par exemple, la première face est pour moitié contruite sur une répétition d'un couple de thèmes alternés. Il y a d'abord une jig très réjouissante où la harpe évolue sur une contrebasse jazzy jouée aux doigts et qui marque les temps, ainsi qu'un semblant de nappe d'orgue en fond. L'autre thème est un arpège très doux où une rythmique semblant aléatoire, formée par la contrebasse et le glockenspiel, aident la harpe à se reposer. Concernant le glockenspiel, et pour refaire un parallèle avec le courant musical "progressif", il sonne assez éloigné de la manière dont Mike Oldfield l'a employé, se rapprochant assez des cloches tubulaires. On remarquera en outre à quel point ces mélodies et ambiances dégagent un parfum aussi onirique que marin...
Ce qui suit est plus libre. Il y a une rupture et un nouvel arpège s'installe, la harpe étant toujours accompagnée par la contrebasse, cette dernière jouant cette fois beaucoup sur les harmoniques. Le tout se densifie et reforme une danse, jusqu'à ce qu'un piano prenne le relais sur la harpe et s'emporte pour un court instant, amenant quelques jolies descentes. La harpe amorce une accalmie, avec un autre thème magnifique sous lequel flotte une contrebasse à l'archet. Le final est réalisé sous forme de gavotte, où la harpe est accompagnée par une percussion sourde.

La seconde partie est moins fouillée dans ses enchaînements, tout en restant divisée en deux temps. On a d'abord un nouvel air de harpe avec ces percussions "cloches", qui est intercalé à deux reprises avec un autre thème, une vague montante musical absolument magique. Celle-ci possède une rythmique en 9/8 où la harpe suivie par le piano joue sur les contretemps. Sur le doux air, on rencontre parfois la flûte de Jean-Pol Huellou, renforçant le souffle de la brise marine.
Nouvelle rupture, puis la harpe joue seule tour à tour une valse et un arpège plaintif, où les basses se font de plus en plus présentes. A notre grande surprise, montent progressivement les sitars indiens, qui amènent l'an dro final à ressembler de plus en plus à un râga, de quoi conclure cette rhapsodie d'une manière certes aussi chaleureuse que comme elle a commencé, mais pour des raisons très différentes.

Par cette transition on-ne-peut-plus mirifique, MYRDHIN nous fait passer progressivement de l'Occident celte à l'Orient indien, dont la culture est revenue au premier plan à peu près au même moment, à la fin des années 60. Ce fameux thème lui a été rapporté par son frère Didier qui revenait de trois ans passés en Inde et qui joue ici du sitar, entre autres instruments. Certains puristes pourraient reprocher à MYRDHIN cette innovation, mais comme il le dit dans l'article paru dans Ouest-France à l'époque : "Il y a place pour une tradition pure et pour une certaine ouverture. Si chacun s'exprime avec son tempérament, c'est la Bretagne qui de toutes façons y gagnera. Il n'y a pas de vérité exclusive." Emersion, en plus d'être l'un des chefs-d'oeuvres du barde, est par sa densité peut-être encore plus que d'habitude une invitation au voyage, où la harpe celtique accompagnée des autres instruments tisse des images marines d'une senteur aussi poétique et romantique que ce que dévoile sa pochette.

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   MARCO STIVELL

 
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- Myrdhin (harpe celtique, piano)
- Larry Rider (piano, contrebasse, tablas)
- Didier Chauvet (piano, sitar, tambour)
- Zil (glockenspiel)


1. Rhapsodie Pour Harpe Bardique En La B (1ère Partie
2. Rhapsodie Pour Harpe Bardique En La B (2ème Partie



             



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