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POP ROCK/SYNTHPOP  |  STUDIO

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- Style + Membre : Hugh Cornwell
 

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The STRANGLERS - Dreamtime (1986)
Par ARP2600 le 30 Avril 2015          Consultée 4619 fois

Ah, voici venir un cas épineux. Il est à la fois risqué et agréable de défendre un album controversé, or Dreamtime des Stranglers mérite bien un peu de considération. Après un Aural Sculpture pop mais plutôt orienté guitare, ils ont décidé de faire une nouvelle tentative plus électronique. Notons que c'est leur troisième après l'étrange Meninblack et le poussif Feline, deux albums qu'il a bien fallu traiter avec scepticisme, mais ce ne sera pas le cas pour celui-ci.

Remettons les choses dans leur contexte, en 86, ça n'allait pas très fort entre Hugh Cornwell et Jean Jacques Burnel, les deux têtes des Stranglers. Du coup, le travail sur Dreamtime n'avançait pas vite. Il était prévu qu'ils travaillent avec le même producteur que pour Aural Sculpture, Laurie Latham, mais ces retards ont tout perturbé. Du coup, le disque a finalement été produit avec Mike Hemp, et il est difficile de s'y retrouver dans la foule d'ingénieurs employés pour les différentes plages. Difficile de dire si le son s'en ressent, car le style lui-même implique une ambiance artificielle. Simplement, ce n'est plus vraiment de la new wave, mais on n'est pas si loin de la synthpop la plus produite, et il peut être difficile d'apporter du crédit à un tel mélange, même s'il y a plus de guitares qu'il y paraît à première vue, ainsi que des cuivres comme sur Aural Sculpture.

Les doutes devraient pourtant s'effacer à l'écoute de la musique et des textes mais l'album continue quand même de diviser, certains critiques s'étant montrés bien vaches (mais, on le sait, avec les STRANGLERS, ils ne sont pas dignes de foi). D'autre part, une telle musique en 86 a forcément eu son petit succès, même si le single "Always the sun" n'a pas été le supertube que le label avait... programmé. On peut encore dire qu'ils ont cette fois visé le marché américain, avec cette recette plus lisse, mais ils n'ont fait qu'une percée modeste aux Etats-Unis. Plus généralement, là où Feline était un album européen, Dreamtime est un album mondial, titré d'après un élément bien connu de la culture aborigène d'Australie (Le temps du rêve), que la pochette très réussie illustre également, parlant de l'Amérique, des Mayas, de Nice, et simplement de la présence du soleil, source de toute vie vénérée par toutes les cultures.

Pour moi, la cause est entendue, Dreamtime est bien meilleur que Feline, Meninblack, 10, et même Aural Sculpture. Je l'écoute même plus souvent et avec plus de plaisir que No More Heroes et La Folie (mais il est décidément difficile de comparer ceci avec leurs débuts punk). Simplement, la musique est très bien écrite et certains textes sont très habiles. Tout en laissant libre cours à un mauvais goût calculé, ils renouent avec le sarcasme d'antan sans en avoir l'air. "Always the sun" est un tube fabriqué, évidemment agréable mais superficiel et commercial : on s'en lasse après quelques écoutes. Par contre, la plupart des chansons suivantes présentent des qualités inattendues.

La seule qui serait en dessous du lot serait le swing de pacotille "Shakin' like a leaf" mais je trouve déjà qu'elle passe bien dans le courant d'un album fort bien construit. Certains titres sont assez simples : les rocks "Was it you" et "Nice in Nice" ainsi que le plus groovy "Big in America", qui représentent le côté amusant et caustique si typique des Stranglers. A l'opposé, la délicate "You always reap what you sow" est plus sournoise, déployant un texte sévère et humain sur cette musique décontractée. "Dreamtime" et "Mayan Skies" sont les éléments les plus synthpop de l'ensemble. Elles sont à la fois kitsch et belles, comme beaucoup de choses si facilement décriées des années 80...

Le meilleur, enfin : "Ghost Train" est redoutablement entraînante, un titre très agréable présentant de belles ruptures, Cornwell s'essayant à un chant à la Bono sur le refrain (mais je préfère décidément tout ceci à ce que U2 proposera quelques mois plus tard, eh oui). La conclusion "Too Precious", longue de sept minutes, commence comme une chanson normale, puis part dans un périple instrumental délicieux qui nous ramène aux finals doorsiens des premiers albums, rien de moins. Oui, c'est une de leurs meilleures créations et personne ne la voit, c'est assez triste.

Ce sera le mot de la fin, à l'image de cette chanson, Dreamtime est un disque plus typique des STRANGLERS qu'il n'y paraît, c'est une belle contribution au pop rock à tendance électronique, qui devrait donner par son intelligence quelques lettres de noblesse à ce genre. Mais à cause de préjugés tenaces, c'est plutôt l'inverse qui se produit, on leur en veut de s'être avancés sur ce terrain glissant. Je ne peux qu'inciter ceux qui l'auraient classé un peu vite à revoir leur jugement.

Note : 3,5/5

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   (2 chroniques)



- Jet Black (batterie)
- J.j. Burnel (basse, chant)
- Hugh Cornwell (guitares, chant)
- Dave Greenfield (claviers, chœurs)
- Alex Gilford (saxophone)
- Hilary Kops (trompette)
- Martin Veysey (trompette)
- B.j. Cole (guitare pedal steel)
- Simon Morton (percussions additionnelles)


1. Always The Sun
2. Dreamtime
3. Was It You
4. You'll Always Reap What You Sow
5. Ghost Train
6. Nice In Nice
7. Big In America
8. Shakin' Like A Leaf
9. Mayan Skies
10. Too Precious



             



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