Les albums du BON JOVI des années 2000 sont un peu comme un chewing-gum. On mâche, on remâche, pour en extirper le sucre et les saveurs. Et puis, une fois le goût passé, on le jette. Si ces albums contiennent, pour plusieurs d'entre eux quelques pépites ou titres devenus emblématiques, le bilan de la décennie reste vraiment moyen pour la bande du beau Jon, tiraillée entre son envie de proposer une soupe commerciale à même de plaire au plus grand nombre, et son envie de se faire le narrateur de chroniques sociales, façon Bruce SPRINGSTEEN.
Après avoir proposé en 2002 un album inspiré des attentats du 11 septembre 2001, BON JOVI se fait cette fois-ci porte-parole des cols bleus à travers The Circle, album en partie conçu en réaction à la grande récession économique de la fin des années 2000. Étonnamment (oui, je vous vois surpris), le groupe livre là son meilleur album de la décennie.

Le meilleur, car le plus consistant. Là où les opus précédents prenaient rapidement des airs de pétard mouillé, The Circle s'avère un album riche en bonnes idées savamment déployées sur chacun des morceaux le composant. Les plus marquantes sont sans aucun doute les mélodies mémorables du morceau d'ouverture, "We Weren't Born to Follow", ainsi que de l'excellent "Work For the Working Man", dont la basse ronde introductive rappelle l'emblématique "Keep the Faith". Ces deux titres voient les cols blancs de BON JOVI tendre la main vers les laissés pour compte de la crise économique. Résolument rock, ces deux morceaux fleurent bon les années 90, et sont portés, outre des refrains imparables, par des soli de guitare fort compétents de Richie Sambora.

D'autres titres, de prime abord plus futiles, s'avèrent tout autant marquants. "Bullet" et sa talk-box, "Thorn in My Side" ou "Brokenpromiseland" se font des titres dotés de l'identité typique du BON JOVI des années 2000, mais sortent du lot grâce à une énergie communicative et des mélodies d'une grande beauté. "When We Were Beautiful", mid-tempo aux chœurs africanisants, est également une belle réussite, tout comme la ballade finale, "Learn to Love", poignante et évitant de tomber dans la soupe commerciale pourtant pratiquée par le groupe à plusieurs reprises durant la décennie.

Bien aidé par l'inusable Desmond Child, qui participe à la moitié des compositions de l'album, BON JOVI propose avec The Circle un album foisonnant d'idées et qui, plusieurs années après sa sortie, est parvenu à conserver une certaine fraîcheur, au contraire de Have a Nice Day ou Lost Highway.
Un sursaut d'orgueil avant le choix de la facilité.

3,5/5