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1985 Seven The Hard Way
 

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Pat BENATAR - Tropico (1984)
Par LONG JOHN SILVER le 17 Novembre 2015          Consultée 2622 fois

Les cadences élevées se devant d'être respectées, alors que Live From Earth connaît un succès durable dans les charts, Pat et Neil Giraldo s'installent en Californie pour enregistrer un nouveau disque, celui du changement.

Tropico, contrairement aux albums qui l’ont précédé, n’a pas été réédité en remaster depuis sa première parution en CD, il est de fait épuisé (même si trouvable), aujourd’hui Pat Benatar est une ex gloire au mode de vie discret et le plus souvent éloigné du maelström dans lequel elle était alors embarquée. Les tournées d'été permettent de faire tourner la boutique de madame et monsieur Giraldo, le couple semble épanoui tout en cultivant (exploitant ?) sa relation avec le public, y compris par le biais des réseaux sociaux. Car Pat compte finalement pas mal de fans, encore maintenant. D'aucuns diraient - même - des fidèles.

En 1984, Pat Benatar EST la chanteuse de rock la plus en vue, la première à être passée sur MTV, ses albums sont tous certifiés platine, ses singles squattent le Top 40 surtout qu’elle est tenue de renouveler chaque année son catalogue. Mais il y a avant tout un coup de théâtre qui vient bouleverser le quotidien : elle apprend pendant la réalisation du disque que, contre toute attente, elle va être maman. Pour la première fois de sa carrière la sortie d’un album ne sera pas suivie par une tournée, ce qui agace fortement le label. Alors, on prend son temps en ne travaillant quasiment que sur des créations, parfois avec l’aide d’une vieille connaissance comme Billy Steinberg, le gars qui a aussi écrit « Like A Virgin », « True Colors » ou « Eternal Flame »*, mais surtout celle de Myron Grombacher, batteur extraverti et métronomique de son état. Tropico, album qui connaîtra un engouement du public comparable aux précédents, ouvre une nouvelle ère, celle d’un bouleversement évoqué puis annoncé.

Foin de la saturation, des vociférations et d’une section rythmique linéaire, « Diamond Field » nous cueille sur un rythme tribal appuyé par des guitares épaisses comme de la new wave réverbérée sous stéroïdes, le chant est celui d’une maîtresse femme qui vient de passer la trentaine et n’a jamais été une petite jeune du monde de la pop. Cette excellente entrée en matière, plutôt pêchue, donne le ton, inutile d’aller chercher le moindre soupçon de hard rock ici, Get Nervous s’en était subtilement affranchi, le son sur scène s’en était ressenti mais surtout le single « Love Is A battelfield »/« Lipstick Lies » avait donné le La concernant l’orientation prise par le couple Giraldo. Pas impossible que cette voie n’ait pas convenu à Roger Capps, présent sur deux des singles extraits de Tropico mais auquel succède Donnie Nossov pour le reste de l’album.

Pat Benatar a donc bien décidé de produire de la pop, chose qu’elle avait jadis refusé qu’on lui impose. Le triomphe de « Love Is A Battlefield » lui laisse le champ libre et elle ne se prive pas de l’investir car le changement est radical. Cependant l’esprit rock n’a pas déserté les ballades que sont « Painted Desert », « Outlaw Blues » ou « Suburban King » où les guitares scintillent sous chorus à haute dose. Ces trois chansons sont par ailleurs d’excellents moments, les percus tranquilles de Lenny Castro qui résonnent dans la première, la simplicité épurée de la troisième sont autant d’atomes crochus qui vibrent toujours, même les effets new age façon fairlight** de la deuxième passent la rampe de l’univers de la chanteuse. Et puis il y a « Ooh Ooh Song », du pur rockabilly, avec son orgue plus kitsch tu meurs bien mixé en avant, un titre à 1 000 % fifties, joué avec une VRAIE batterie. Cette chanson plutôt chouette sera un single à succès, toutefois elle souffre tout même d’être un poil étirée. « Love In The Ice Age » conserve également une agressivité sous jacente très rock, son intro à la guitare étant bien rentre dedans, son refrain héroïque, la voix sublime de Pat, le tout réuni faisant son petit effet habituel.

Entre deux il y a de la pop décomplexée, à commencer par « We Belong », immense carton dans les charts, calquée sur le modèle de « Love Is A Battlefield » soit une folk song écrite par des faiseurs, agrémentée de synthés d’époque, boostée aux beats programmés, moins rythmée que son aînée, sa mélodie et son ambiance générale ne sont pas sans rappeler le versant pop de Mike Oldfield. Or il faut reconnaître que c’est efficace. Autre titre passé à la moulinette eighties, « Temporary Heroes », pourtant une bonne chanson, supporte plus difficilement sa mise en son tellement typée, et puis le son de la boîte à rythmes est terrifiant limite atroce, pffff…

De même la fin manque de planter un disque qui tenait la route jusque-là, même si « A Crazy World Like This » au train chaloupé est un titre de remplissage pas désagréable, « Takin’ It Back » qui s'ensuit, tout aussi exotique est pour le coup totalement anecdotique. Barf, pas grave… On t’aime Pat. Et personnellement, j’aime aussi beaucoup le clair obscur sur photo de couverture qui illustre un ensemble vaporeux comme de la pop 80’s, à la fois kitsch et parfumée. Le bon goût attendra.

Une dernière impression pour la route, justement : « Ooh Ooh Song » qui évoque les ooh ooh qu’on entend dans les chœurs de plein de chansons est symptomatique de ce que Pat se met à enregistrer comme vocalises et chœurs sur les siennes; « Love In The Ice Age » mais surtout « Painted Desert » sont pourvus de splendides ooh ooh, or on retrouvera cette caractéristique charmante par la suite. En 1984, Pat Benatar, souveraine parmi les rock stars, devient AUSSI la reine des ooh ooh et ça, aucune autre ne les fait aussi bien qu’elle. Encore maintenant.

*Madonna, Cindy Lauper et les Bangles
** Échantillonneur dont l'abus peut être fatal, sauf si tu t'appelles Kate Bush, comme quoi

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   LONG JOHN SILVER

 
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- Pat Benatar (chant)
- Neil Giraldo (guitare, harmonica,percussions)
- Myron Grombacher (batterie,percussions)
- Charlie Giordano (claviers, percussions)
- Donnie Nossov (basse, choeurs sur 6)
- +
- Roger Caps (basse sur 2 et 3)
- Lenny Castro (percussions sur 3 et 9)


1. Diamond Field
2. We Belong
3. Painted Desert
4. Temporary Heroes
5. Love In The Ice Age
6. Ooh Ooh Song
7. Outlaw Blues
8. Suburban King
9. A Crazy World Like This
10. Takin' It Back



             



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