A force d'enfiler des albums comme des perles avec la régularité d'une horloge suisse, Robbie WILIAMS se construit peu à peu l'équivalent d'une discographie digne d'un roi de la pop. Il faut admettre que sans atteindre des sommets, l'ex-TAKE THAT a toujours su profiler judicieusement ses démarches. Au niveau marketing, c'est très bien gaulé, voyez encore cette pochette ou il joue au dur... face à lui même... je veux croire que la démarche est plus humoristique qu'égocentrique ! Un peu d'humour, c'est toujours agréable... et nous voici donc confrontés à son onzième album !

Le titre éponyme "The heavy entertainment show" annonce clairement la couleur, de la pop "efficace" encore et toujours, des orchestrations bien étudiées - cela dit la mélodie est de GAINSBOURG, ça aide -, au cordeau, la voix n'est certes pas exceptionnelle mais passe toujours remarquablement. Au final, le produit est cool et des millions de fois mieux que ce qui nous est servi au sommet du top. Qualité rare ! Quelle époque tout de même, s'il faut compter sur un p'tit boy de Stoke-on-trent pour amener de la qualité dans la musique !

Tout ceci s'adresse au plus grand nombre bien sur ! Alors des singles ! Et on racole dans tous les sens puisqu'on entend l'air du fameux "Romeo et Juliette" du grand PROKOFIEV dans "Party like a russian", le premier single... Bah, STING l'avait bien fait avec "Lieutenant Kijé" en son temps sur "Russians"... On est passé de la bombe atomique à la fête ! Quelle progression en 30 ans ! Le second single pêche tout de même par son ineptie : "I love my life"... Admettons que cela s'adresse à ses fans club de moins de 14 ans... Le dernier single, "Mixed signals", enregistré avec les ricains de KILLERS, est écoutable bien qu'un peu plat.

Bref, c'est donc ailleurs qu'il nous faut glaner un peu de plaisir dans cette livraison ! Mais on va trouver ! L'avalanche des cuivres sur "Sensationnal" donne à ce titre une puissance énorme, mamma mia ! Cette ambiance dantesque en fait un hymne de bonne humeur que je vous conseille vivement. C'est le sommet de cet opus. Puis "Pretty woman" s'inscrit dans la lignée de ses grands classiques, dynamique, rythme trépidant un peu world, et un refrain superbe immédiatement mémorisable. Houlala !

Robbie fait le vilain sur "Motherfucker", mais ou sont les stickers du PMRC bordel ? Tout de même, après avoir connu la censure, c'est sympa d'entendre ce joli titre, ce refrain fédérateur "You're a bad motherfucker", c'est tellement anglais ! Ce titre mériterait un p'tit tour dans les chars, hélas ... Plus loin, "Bruce Lee" est original même si on dirait un veux boogie de STATUS QUO dans l'absolu ! Bon mais ça déménage et c'est drôlement sympa !

Je ne vais pas perdre mon temps à attirer votre attention sur les titres restants. Le mid slow "Hotel crazy" ne casse pas de briques et "David's song" manque un peu de fond. On peut évoluer dans l'easy listening tout en ne proposant pas de la soupe, et là, vraiment, c'est trop facile. Enfin, les sonorités plus R'n'B de "Sensitive" me laissent froid, mais pourront plaire aux aficionados du genre.

Des hauts et des bas, s'en est presque dommage tant on souhaiterait que l'album soit plus égal, plus équilibré. Il n'en demeure pas moins qu'au milieu de l'océan nauséabond que sont les grosses sorties de l'industrie du disque aujourd'hui, cette petite galette est rafraîchissante. J'ai un peu envie de mettre un 4 sur la force de "Sensationnal", mais allez, ce sera un gros 3 ! Soyons raisonnables ! A ne pas jeter avec l'eau du bain tout de même, prenez le temps, donnez-lui une chance !