J'ai acheté cet album le même jour que le Load de METALLICA, et le moins qu'on puisse dire est que le choc fut rude. Cette époque de la mi-96 est à marquer d'une croix banche sur l'évolution de la scène métallique. L'heure était au grunge, à l'alternatif et aux grands mouvements extrêmes, le hard rock classique, le thrash ou le Heavy crevaient tous dans des convulsions désordonnées. Pour le léopard sourd, cette époque est à jeter aux chiottes, des problèmes personnels en veux-tu en voila, entre les soucis de couple sordides, la maladie et les tensions diverses et variées. Finalement le seul point positif est l'arrivée de l'irlandais Vivian Campbell, transfuge de DIO et de WHITESNAKE vainqueur des pharaoniques sessions de recrutement pour le remplacement du regretté Steve Clark. Vivian va indéniablement apporter aux p'ti's potes de Sheffield l'élan dynamique et équilibré dont ils avaient besoin pour survivre et passer ce cap difficile.

c'est donc dans cet énigmatique emballage inhabituel pour les félins - pas de noir, plus de logo flashy - qu'on va trouver une zique un peu différente. Attention, c'est DEF LEPPARD en gras et en gros, Joe Elliott chante comme Joe Elliott, les choeurs sont là, la production - malgré l'absence de Mutt - est toujours au top . Tout ou presque sort de la gratte de Phil Collen.

Mais le premier single est un peu déstabilisateur, l'éponyme "Slang" - argot - dans une volonté de changer de registre, voit les boys pêcher des influences dans tous les sens, de l'alternatif, une pincée de PRINCE... étonnant. Je lui préfère le second "Work it", une compo bien in your face proposée par Campbell, qui marque aussitôt son territoire. En revanche, le "All I ant is everything" d'Elliott est juste insupportable, le titre, la mélodie traînarde, les paroles indigentes, tout est naze... Dieu merci, le dernier single est "Breathe a sigh", pour moi la meilleure chanson de l'album, qui officie clairement dans un autre registre, c'est pop, c'est smooth et vous fera un peu frissonner. Bref, pas de quoi toutefois provoquer la révolution mondiale !

Ça déménage quelque peu sur quelques titres : la belle rythmique grungie de "Gift of flesh" fait l'affaire en ces mid nineties, en tout cas, on n'y va pas avec le dos de la cuillère, et c'est bien agréable ! "Truth" qui amorce le disque annonçait déjà la couleur avec ses sonorités alternatives, évolution certes, bien qu'il y ait quelques similitudes avec "Rocket" et "Women" sur Hysteria. "Turn to dust" reprend les grands trademarks du groupe avec toujours la même efficacité, d'autant que le rythme orientalisant rajoute de la "différence" ; "Deliver me" est carrément classique dans sa conception. On achève l'opus sur la lancinante et émotionnelle "Pearl of euphoria", chanson de fort belle tenue.

Voila, nous sommes bien dans le ventre mou de la carrière de DEF LEPPARD. Il faut tenir pour nos rock stars, la décennie n'est pas simple et cela pourrait durer. Mais nous restons dans un niveau honorable, proche de celui d'Adrenalize. Pas de quoi en pondre des pommes du jardin des Héspérides, mais on reste stable, c'est l'essentiel.