La discographies des natifs de Sheffield, les DEF LEPPARD, n’a rien d’une pléthorique encyclopédie. Le groupe ayant fait son immense succès dans les eighties, il est indubitable que malgré un savoir faire évident, on assiste à une forme de stagnation depuis les nineties, malgré quelques tentatives d’inflexion. Mais le combo ne souhaite pour autant pas se mettre à la retraite et passer sa vie sur les terrains de golf les plus élégants de la planète. Alors, en guise de neuvième opus, les félins ont décidé de nous la jouer influence majeure et hommage à leurs idoles du passé. Et de passé récent il s’agit, nous restons dans les dix années qui précédent les premières œuvres du groupe, l’époque où ils étaient adolescents, c’est donc un instantané de ce qu’écoutaient les jeunes britanniques dans les seventies.

Il est question des seventies dans la Grande Bretagne ? Parlons de Glam Rock :
Le classique du glam "20th Century Boy" de T-REX est en bonne place introductive, pour bien signifier son importance. Le son dantesque change la donne par rapport à la version originale, alors que les gens de Marc Bolan et de Joe Elliott sont équivalents. Bien sûr, SWEET est de la partie avec "Hell Raiser", simplicité du thème et direct droit dans la tronche pour ce standard immortel qui ne souffre aucunement de cette reprise. Joe cabotine moins que Brian Connolly, mais comment lui en vouloir ? Je n’ai jamais été fan du "Street Life" de ROXY MUSIC, qui m’a toujours paru hermétique, je ressens un peu la même chose ici. Enfin, "The Golden Age Of Rock’n’roll" de MOTT THE HOOPLE est une excuse à l’éclate, ce à quoi les mecs sont spécialistes, ça déchire donc super bien !

DEF LEPPARD appartient à la new wave of Birtish Heavy Metal, il y a donc du hard rock dans leurs influences : les gars ont l’air assez à l’aise avec le répertoire de FREE, alors "Little Bit Of Love" sonne bien pêchue, l’influence de Kossof sur la plupart des jeunes gratteux des seventies est patente, dont acte ! Le "He’s Gonna Step On You Again" de John KONGOS a eu son heure de gloire mais a probablement un peu vieilli. la version des léopards lui rend un hommage sympa, sans plus. "No Matter What" de BADFINGER était un peu molle du genou et ça ne rate pas, elle l’est toujours. Pas facile de reprendre THIN LIZZY mais Joe notamment livre une belle performance sur "Don’t Believe A Word" et nos amis guitar heroes Vivian Campbell et Phil Collen peuvent s’échanger quelques duels de six cordes.

Les méga groupes leur ont aussi servi d’exemples, c’est la jonction entre le british boom des sixties et les mouvements des seventies : la "Waterloo Sunset" des KINKS bénéficie elle aussi de tout ce temps passé derrière le console, et révèle quelques aspects hard rock que l’originale ne possédait pas vraiment. C’est toutefois sur l’essentielle "10538 Overture" de ELO que les léopards font la preuve de toute leur classe, en adaptant leur hard à une pop de superbe extraction sans rougir face à leur maître Jeff LYNNE, et un solo magnifique de monsieur Phil Collen. Le "Stay With Me" des FACES voit Vivian aux prises avec une superbe slide alors que c’est Phil derrière le mike et il s’en sort super bien !

Et puis comment ne pas évoquer la propension du groupe à recréer des pièces où la mélodie est reine, ce qui explique grandement leur succès : à débuter par le sacro saint David BOWIE, que j’aurais tout aussi bien pu glisser dans l’escarcelle glam rock "Drive In Saturday", mais là comment dire ? ça ne passe pas vraiment. Malgré tous leurs efforts, le Thin White Duke à l’époque de Alladin Sane ne peut être repris par quiconque. Je n’ai jamais été fan du "Rock On" de David ESSEX, alors j’apprécie cette version plus couillue où la gratte se taille une belle part de son. On me signale dans l’oreillette que "Hanging On The Telephone", c’est par les NERVES, pour moi c’est pourtant BLONDIE, et là encore le son permet une nette amélioration du titre.

Alors, c’est comme un 'best of' exprès pour les petites oreilles des membres de DEF LEPPARD, il y a à boire et à manger et pour tous les goûts, certaines versions dépotent carrément alors que d’autres ont plus de difficulté à décoller. Mais comment en vouloir aux boys de se planter un peu sur BOWIE? Mais la reprise de ELO quel bonheur ! Le son aide vraiment au plaisir sur cette compile et le plaisir global n’est pas feint, on profite et on s’amuse tout du long, je pose le 4 et je félicite nos félins !