Entendons nous bien, les léopards sourds n’ont nul besoin ni de reconnaissance ni de billets verts, ils ont déjà la reconnaissance de leur pairs et leur nom s’inscrit en lettre d’or dans le grand livre de l’histoire de la musique populaire. Mais la difficulté d’avoir connu les sommets et d’être redescendu a une place qu’ils estiment moins conformes a leurs capacités leur pose souci. Alors les félins cherchent a regagner ce statut perdu à jamais… car let’s face the facts, leur Hard mixé d’AOR n’est aujourd’hui plus du tout à la page, même si leurs fans restent ligués derrière eux. Nous avions eu l’épisode Slang qui les avait sorti du droit chemin… Il semblerait que DEF LEPPARD ait à nouveau envie d’essayer autre chose. Ce X, leur huitième opus va donc tenter le rebond vers le top du billboard, on ne serait se contenter d’accessit.

Trois singles ! "Now" nous plonge dans le passé - marrant non – et on assiste aux aventures d’un t-shirt à l’effigie de l’union jack made in sheffield, tout y passe et nous aboutissons a un présent que le groupe a plus ou moins de mal à assumer. Le titre est agréable mais ne restera pas dans les mémoires plus que cela. "Four Leter Word" est dans la droite lignée des hits de Hysteria et assure les cachous avec les habituelles variations propres au groupe. On en termine avec "Long Long Way To Go", la chialante du coin… Mais il s’agit de DEF LEP hein, les auteurs de "Bringing On The Heartbreak", pas les premiers venus en matières de slows… Joe Elliot cabotine pas mal, la chanson s’écoute avec plaisir, débouche sur un refrain certes de belle tenue mais qui n’atteindra pas le rang de classique.

On plonge direct dans un bain soft rock AOR avec "Unbelievable", supra mainstream… A deux doigts de la variété internationale même si ça reste bien foutu. "Girl Like You" nous ramène dans le giron d’une vibe à la LOVERBOY, le son gigantesque est toutefois étonnant, on ne peut que le remarquer. On rejoint les rangs des clones de BON JOVI sur "Let Me Be The One", alors qu’au départ c’était plutôt le contraire non ? Oui je vous parle d’il y a plus de quarante ans… Non je ne suis pas vieux ! La critique est un peu la même sur "Everyday" et sa guitare folky. "Love Don’t Lie" œuvre toujours dans cette mouvance et est nantie de très jolis arrangements. On a le refrain sympa de "Torn To Shreds" puis ça repart avec les ambiances à la Hysteria, il en est de "You’re So Beautiful" et ses lignes mélodiques mille fois entendues.

On ne s’adonne pas du tout à l’électro, mais ce n’est pas pour autant que l’alternatif est de la partie, les grattes grassouillettes de "Cry" nous conduisent à un refrain qui se voudrait alternatif avec des sonorités plutôt originales. "Gravity" nous amène vers des sonorités très mainstream, mais au final peu actuelles, les gimmicks du groupe sont tellement puissants qu’il leur est virtuellement impossible de s’en débarrasser, le son de la gratte est incroyable cela dit, mais le titre ne se remarque guère. Le riff de "Scar" est bien agréable, la simplicité est de mise mais l’ensemble a très belle allure. Les choeurs des félidés sont là bel et bien présents, efficace et inaltérable marque de fabrique, et on apprécie avec délice les échanges de solo entre Phil Collen et Vivan Campbell, le sommet de l’opus.

Bref, bref, bref, les fans de DEF LEPPARD seront ravis, on retrouve tous les ingrédients qui ont fait les succès du groupe, tout est là…. Sauf la fabuleuse diversité mélodique qui accompagnait les compositions du groupe il y a maintenant quarante ans … C’est une maladie très répandue dans tous les groupes. Fonctionnaires du hard rock nous sommes, fonctionnaires nous resterons ! Il semble plus qu’ardu de sortir du carcan qui a fait de nous ce que nous sommes. Je reste donc sur un de mes habituels trois, sans honte aucune pour le groupe.