Il n'est pas facile de parler d'un album pareil. Il est intimiste et dans la lignée de Passion, sans doute oui. Mais ça ne prouve rien, les chagrins familiaux ne font pas forcément les œuvres les plus touchantes... Dans le cas de Us, je suis assez déçu. Le quatrième album et Passion avaient prouvé que Peter Gabriel pouvait créer de sacrées ambiances basées sur de nombreux éléments world. Le troisième et So avaient prouvé de grosses qualités d'écriture pop. Mais les deux tendances ne me semblent pas se mélanger idéalement, surtout quand on trouve tant de numéros romantiques.

Et donc, je m'ennuie méchamment à son écoute. Beaucoup de chansons tombent à plat et l'album a tendance à avoir un effet lénifiant pour ne pas dire soporifique. C'est essentiellement dû à un sentiment d'inadéquation entre des éléments rythmiques assez rapides et des mélodies lentes et déchirantes. Il aurait suffi que le chant soit un rien plus rapide, avec un peu plus de notes plus courtes pour donner un tout autre effet. En fait, exactement ce qu'on trouve sur «Digging in the dirt», mais elle est isolée. A côté de tous ces numéros poussifs, seules «Steam» et «Kiss that frog» proposent quelque chose de plus vigoureux mais, même là, je préférerai toujours un «No self control» ou un «Big Time»...

Enfin bref, admettons que Gabriel avait vraiment besoin de sortir son tourment, le résultat est donc ce qu'il est. Tant mieux si cette musique plaît beaucoup à certains, mais il me paraît évident que son audience sera plus restreinte que pour les précédents. Quoi qu'il en soit, on ne peut pas dire que ce soit un album vraiment important, le fait est qu'il manque d'ambition et n'ajoute pas grand chose par rapport à ses quatre prédécesseurs, tous plus aboutis les uns que les autres dans leurs styles respectifs.