Ok, Seventh Star n'était pas destiné à être un accord de BLACK SABBATH. Cependant, la parution d'un album similaire un an après (malgré un line-up différent) nous permet de dire que ce disque s'est totalement intégré à l'oeuvre du groupe de Tony Iommi.

Si Born Again annonçait une rupture dans le son, Seventh Star ne s'arrête pas là et creuse un fossé béant dans le champ de la composition (sur la pochette, il ressemble d'ailleurs plutôt au désert). Finies les longues envolées progressives doomesques des années 70, place à un hard/metal-rock carré et FM. Contrairement à Born Again, tout est ici très propre, clair, ça sent bon les années 80 dans ce qu'on leur connait en mieux et la musique va décidément dans ce sens. Sur la majorité de l'album, nous assistons à une sorte de soumission de BLACK SABBATH envers ce que j'appelle le rock Rocky Balboa, mastodonte, très américain dans son efficacité et sa puissance sonore. Pour un peu, on pourrait croire que Seventh Star sert de préambule à tous les Guns'n'Roses, Extreme (ça va faire dresser les cheveux de Red One mais tant pis, dans ma bouche, ce n'est pas une insulte !)... Sauf qu'il aura évidemment beaucoup moins de succès. Ceci dit, il ne faut pas oublier que pour BLACK SABBATH, c'est provisoire, mais en plus il y a ici un supplément d'âme qui fait qu'il ne se fourvoient pas.

Déjà le chanteur s'appelle Glenn Hughes, ce qui reste à la fois amusant quand on sait qui était là trois ans plus tôt, et pour le moins classieux. Le membre historique de Trapeze et Deep Purple a en plus le bon ton de changer un peu sa manière de faire, en ne hurlant pas autant que d'habitude. Pour le reste, Seventh Star n'est pas un album réellement racoleur, le côté épique étant joliment réalisé sur les "In for the Kill", "Angry Heart"/"In Memory" (où Iommi ressort les guitares acoustiques) ainsi que la ballade "No Stranger to Love".

D'autres titres sont efficaces, avec des soli de guitare démentiels, mais le plus intéressant en ce sens reste le blues sale de "Heart Like a Wheel", où plus que jamais Iommi s'offre des échappées caractéristiques du genre. Le climax de l'album (qui porte bien son nom) est atteint avec le morceau-titre, introduit par une jolie contemplation courtes, aux synthés ("Sphinx") puis qui dévoile une splendide ambiance, où derrière un fond de rock lent, des claviers alarmants jouent en pédale, sans oublier les choeurs. C'est le titre qui ressemble le plus à l'ancien BLACK SABBATH, preuve qu'ils ne se sont pas totalement reniés !

Un bon album, rassurant sur leurs capacités à proposer autre chose, sans pour autant que ce soit cette facette-là que l'on apprécie le plus chez eux.