BLACK SABBATH continue de faire l'objet de va-et-vient incessants entre les membres du groupe. Geezer Butler reste (provisoirement) mais Tony Martin reprend sa place. Cross Purposes est en cela une sorte d'équilibre entre les anciens éléments doom chers au bassiste mythique et aux aspirations mélodiques de la période avec Martin.

"I Witness" offre d'emblée de belles espérances pour ce disque, en bon titre qui secoue au refrain inspiré. "Cross of Thorns" est introduit de très belle manière par une guitare acoustique sur synthés, effet désormais classique pour le groupe mais toujours aussi charmant. C'est néanmoins l'un des titres les plus sombres, tout comme "Psychophobia" au refrain splendide, et bien sûr la ballade dépressive typiquement doom qu'est "Virtual Death", où Butler, Martin, Nicholls et Iommi sont tous aussi hypnotisants les uns que les autres.

"Immaculate Deception" hésite entre rythmique lente et celle punk des refrains, mais c'est encore un bon titre. "Dying for Love" est encore un slow bluesy superbe, où la guitare de Iommi donne tout ce qu'il faut, tout comme Tony Martin qui n'aura en définitive peut-être jamais aussi bien chanté que sur ce disque. Pourtant, en termes de réelle qualité, ce dernier s'arrête avec ce morceau. Le tiers restant en effet, bien que possédant un ou deux moments intéressants (l'intro lunaire de "The Hand That Rocks the Cradle") sonne un peu redondant et moins inspiré que ce que BLACK SABBATH à l'habitude de nous offrir.

Ceci dit le début n'est pas non plus dépourvu d'imperfections notables, on pense particulier aux fins plutôt bâclées de "Psychophobia" et "Cross of Thorns", nous donnant l'impression que ces titres n'ont pas été suffisamment travaillés. Cross Purposes possède d'autres idées surprenantes au niveau rythmique ou alors dans certaines lignes mélodiques basées sur des chromatismes ascendants (ou quand on monte une gamme en jouant toutes les notes si vous préférez). Un bon album avec des morceaux solides certes, mais qui aurait pu être bien meilleur.