Lorsque High Voltage sort en Europe, il s'agit d'un premier album. Pour l'Australie, le groupe AC/DC a déjà deux disques à son actif. Un intitulé High Voltage donc, mais complètement différent, et ensuite T.N.T., le fameux, celui par lequel la légende a commencé à vraiment se construire. Pour la sortie européenne, la poire est coupée en deux. La face A de ce High Voltage est identique à la face A de T.N.T., tandis qu'on trouve sur la face B un panache de chansons des deux albums, dont la chanson High Voltage, tirée de l'album T.N.T.

Attention, ne pas conduire deux heures après ingestion d'aspirine.

Pour faire court, la maison de disques a décidé de présenter AC/DC au public européen au travers de sa nouvelle facette blues-hard-rock, laissant volontairement de côté les errances et surtout expérimentations de leur premier album australien. Tout ici donne dans l'efficacité. Au programme, du riff, un rythme impérial, un chanteur en mode furieux. Du reste, la face A ne bougeant pas, elle provoque le même effet que sur l'album T.N.T. : une légère érection pour qui aime le rock burné mais simple sans jamais, au grand jamais, être simpliste. La cornemuse de "It's a Long Way" (qui du coup est le premier hymne "connu" d'aissedesse par ici), le riff précis et calibré de "Lime Wire", la langueur blueso-sexuelle de "The Jack", tout y est conservé intact. AC/DC ne révolutionne pas un genre, mais il le grave dans le marbre.

Pour la face B, c'est un peu plus compliqué. L'éditeur a eu la bonne idée de la débuter par le génial "Can I Sit Next..." qui reste l'un des morceaux les plus funs de leur pourtant immense répertoire. Continuer sur "Little Lover", première incursion dans l'album des débuts, est intelligent car le tempo est un peu ralenti, l'ambiance plus décalée. Cependant, le 33-tours se finit de façon un peu décevante : "She's Got Balls" reste définitivement un classique un peu surestimé, et "High Voltage" n'a pas le fun rock'n'roll d'un "School Days". En outre, quitte à ce que cet album soit en réalité un simili-best-of, on aurait aimé avoir un "Soul Stripper" pour parfaire le tableau et montrer qu'AC/DC est capable déjà de bien des choses (pas "Love Song", nous sommes d'accord).

Il n'empêche : ce premier bilan de compétences s'avère hautement intéressant. En durcissant le ton du blues-rock sans pour autant trahir les fondamentaux, en rajoutant la ferveur et la dureté du pub rock australien tout en conservant un léger soupçon de théâtralité typiquement anglais, AC/DC déboule sur le vieux continent en leader d'un genre et d'un son. Leurs premières apparitions TV n'ont plus qu'à suivre derrière pour choquer un tantinet le bourgeois et si High Voltage version Maastricht n'est pas le meilleur disque du groupe, c'est sans conteste une très belle entrée en matière.

Note finale : 3,5 / 5