Ainsi donc les Selected Ambient Works 85-92 n’étaient que des brouillons. Franchement, à part quelques hurluberlus verdâtres et coassant, tout le monde s’en balance, du premier volume des SAW. Tout simplement parce que l’ouverture de I Care Because You Do, le duo « Acrid Avid Jam »Shred »/ The Waxen Pith », suffit à mettre à l’amende les treize titres de la période 85-92. Les extrémités de J’ai Des Caries Qui Cause Des Trous jouent le jeu de l’ambient plus ou moins rythmique. Le travail sur les textures est intéressant, tout comme le mélange très pertinent des rythmiques et des nappes ambiantes, très souvent serties dans une mélancolie saisissante.

Cette première synthèse proposée dans la discographie du cornouaillais, se place encore aujourd’hui au dessus du lot, désormais gigantesque, d’albums estampillés musique électronique. ICBYD se trouve à la jonction des expériences ambiantes des SAW et des travaux plus tournés vers la techno (cf. la compilation « Classics »).

Au cœur de l’album se trouvent les titres plus orientés techno, qui font moins lever la zigounette : les pénibles coups de pistolets laser de « Come On You Slags ! » fatiguent, ainsi que les martèlements de « Wax The Nip » et « Start As You Mean To Go On ». Même si leurs fonds ambient respectifs aident à faire passer la pilule (d’amour). En revanche, impossible de faire l’impasse sur un des titres les plus marquants de ICBYD, et d’Aphex Twin tout court : le terrible « Ventolin », dégraissant de casseroles pour pas cher. La provocation de ce titre fascine. Et la capacité à adhérer à ses crissements suraigus aussi.


Trip total : les portes qui grincent sur « Alberto Basalm ».