Hysteria c'est évidemment l'album de l'outrance : douze titres et soixante trois minutes de musique dont seront extraits pas moins de sept singles à succès, plus de vingt millions d'albums vendus, et la couronne du rejeton de la N.W.O.B.H.M. ayant connu le plus de succès aux USA. C'est également un disque record en terme de temps passé en studio : près de quatre années pour élaborer l'opus en raison évidemment de l'accident de Rick Allen, mais aussi du fait d'un soin extrême apporté au moindre détail de l'opus.

Bien aiguillés par Mutt Lange, leur producteur attitré, les léopards vont pousser à leur paroxysme toutes les promesses entrevues dans le déjà phénoménal Pyromania : des compositions imparables, mêlant l'énergie du Hard Rock avec la séduction de la Pop, un sens mélodique incomparable avec notamment des choeurs prodigieux, une incroyable capacité à "mettre en scène" ses morceaux dans une production à couper le souffle, et évidemment un son dantesque. DEF LEPPARD invente ici le blockbuster rock, et déclenche une vague qui emportera à l'époque tout sur son passage.
Bien entendu, un tel disque a pu laisser certains des fans d'origine un peu dubitatifs. Je lui préfère par exemple les deux disques précédents, plus spontanés et Heavy. Mais comment ne pas reconnaitre les irrésistibles attraits et la séduction diabolique de Hysteria ?

L'album est d'abord une invraisemblable collection de tubes, depuis l'imparable "Women", titre d'intro qui fait joliment monter la sauce en poursuivant par "Rocket" et son formidable rythme quasi tribal avant des chœurs à tomber par terre. "Animal" est une autre facette du talent des léopards, super entraînant et doté d'un refrain irrésistible, alors que "Hysteria" est le parfait titre mid-tempo doté lui aussi d'un refrain canon, et que "Armageddon It" vient sans aucun complexe piétiner les plates bandes d'AC/DC avant un nouveau refrain signature carrément pop. "Love Bites" est une ballade absolument magnifique à l'ambiance prodigieuse et au refrain inoubliable, alors que "Pour Some Sugar On Me" est un titre à la limite du putassier mais d'une efficacité extrême, beaucoup trop ado cependant pour mon goût.

Et le reste me direz vous ? Eh bien "Gods Of War" est mon titre préféré de l'album avec ses mélopées orientales en intro, ses sons guerriers en arrière plan, et son super riff. C'est le titre le plus long de l'album (6'33) et celui qui ressemble le plus au style de Pyromania. En plus il contient un break prodigieux à la BEATLES qui me fait toujours autant d'effet. Les quatre derniers titres sont globalement plus anecdotiques : "Don't Shoot Shotgun" est un peu de la même veine que "Pour Some Sugar..." du Hard Rock à la AC/DC pour ménagère de plus de 50 ans, "Run Riot" est pas mal du tout et aurait pu lui aussi prétendre devenir un tube , "Exitable" est gorgé d'effets spéciaux et s'avère assez entraînant, quoique un peu léger, tandis que "Love And Affection" est un mid tempo un peu plat vite oublié.

Ces quelques bémols sur certains titres expliquent que cet album ne vaut pas la note maximale dans mon barème. Il reste néanmoins une œuvre majeure des 80's tous genres confondus. Que l'on apprécie ou pas le virage alors pris par les natifs de Sheffield et les distances prises avec le style de la N.W.O.B.H.M., on ne peut que s'incliner devant leur immense réussite, et leur capacité à pousser à son niveau maximal une formule de départ bourrée d'atouts, mais qui laissait difficilement imaginer un succès aussi étourdissant. Grâce leur en soit rendue, même si cet album a tout poussé à un tel niveau que la suite ne pouvait dès lors que se montrer déceptive.