C'est avec le passé qu'on connaît que les Scandinaves de A-HA attaquent leur huitième opus. On ne peut plus compter sur aucune pitié de la part d'une fan base déjà bien abîmée par les décennies. Cela dit, les fans clubs encore existants ont l'avantage de constater que leurs idoles ont encore de beaux restes si l'on en juge par la photo de couverture qui montre des quadras avec des looks sémillants de jeunes étudiants. En pleine crise du disque, on est heureux de savoir que les vikings peuvent compter sur leur chiffre passé de vente prestigieux pour continuer de vivre la rock life. Quant au titre de l'album, je ne comprends pas, on est au ras des pâquerettes !

Le pouvoir a été pris par Magne qui a composé tous les singles. Le premier "Celice" narre les aventures romanesques de notre idole des foules préférée, dans une analogie - ouarf analogue - de leur grand classique "Take On Me" quelques deux décennies plus tôt ! On n'échappe pas à son destin ! Même le monde parallèle est à nouveau présent dans cette belle compo. Le suivant "Birthright" est bêtement passe-partout, pas de quoi s'arrêter. J'aime ensuite beaucoup le petit rythme de "Analogue", co-composé par Magne et Pal - ce n'est pas si fréquent -, mais l'ambiance new-wave est stoppée net par un refrain que n'auraient pas renié les OASIS. Dommage, une idée originale qui mérite toutefois votre attention. Cette ronde s'achève avec la jolie mélodie de "Cosy Prisons", petite ballade qui ne changera pas la face du monde.

On continue avec Magne. La jolie petite course romantique de "Don't Do Me Any Favours" se place bien, joli rythme, belle orchestration, choeurs beatlesiens, un aspect très alternatif qui me rappelle les ambiances des premiers SMITH, franchement réussi, la chanson à retenir de cette livraison. Cela dit, nous avons ensuite l'inutile et sirupeuse "A Fine Blue Line" et on en termine avec "The Summers of Our Youth" où les ex-jeunes filles en herbe ont la chance d'entendre la mignonne voix de Mr Furuholmen. La proximité des lignes mélodiques avec celles de "All Apologies" de NIRVANA me perturbe trop pour avoir une idée positive sur ce titre. A découvrir cependant.

Bien, voyons donc ce que nous a pondu pendant ce temps le guitariste Pal Waaktar, habituellement le pourvoyeur en hits des Norvégiens. "Keep the Flame" et "Halfway Through the Tour" articulent quelques ambiances entre Liverpool et Manchester - traduisez BEATLES et OASIS - sans vraie passion. "Over the Freetops" est la seule dans ce cadre à capter l'attention avec ses tierces de voix - Bonjour STILLS NASH & YOUNG - et son orchestration à base de cordes. On ne retient guère l'étrange lick de guitare de "White Dwarf".

Morten amène deux compos dans son escarcelle cette fois. Nous avons la petite bluette "Holy Ground" puis la vaporeuse "Make It Soon". Des traitements souvent asse rudimentaires pour une rock star de bientôt 50 printemps. Bref, les foules d'ex-ado en délire ne vont pas aimer, mais cela reste trop basique et gnan-gnan pour être considéré, malgré le petit bridge énervé sur la seconde.

Un album très tranché qui me semble tout de même de meilleure qualité que son prédécesseur. Magne Furuholmen permet clairement au groupe de survivre et de passer ce cap difficile des 20 ans. On peut envisager une suite, ce qui n'était pas si évident vu la conjoncture. Quelques titres de très belle facture cohabitent avec des bluettes. Désolé de ne pas être plus précis, mais on peut laisser une chance à cet album. Il faut tenir compte du temps qui passe.