Ca s'appelle une transition réussie. Nous sommes passés des rues de New York à un pseudo dilemme franco-américain, pour aboutir au titre le plus franchouillard qui soit. La démarche est évidente et ne peut qu'être couronné du succès. Joe DASSIN se présente dorénavant comme « le plus français des chanteurs américains », titre qu'il gardera pour la postérité. Il arbore toutefois ce look de lunettes noires et cigarillo, plus yankee que jamais au final ! 68 et ses révolutions d'opérette sont pour lui le moment de l'accession au plus haut niveau de la reconnaissance artistique. Plusieurs 45 tours ici présents vont faire le buzz et Pierre Delanoë devient désormais le premier de ses collaborateurs.

« La bande à Bonnot » sort plus d'un an avant l'album et fait un flambard, l'histoire des malfrats reste encore aujourd'hui un classique de la chanson française... Sympa. Mais « Siffler sur la colline » sort en mai 68, et devient aussitôt un giga succès sur les barricades parisiennes, Joe n'a rien d'un contestataire, mais ses passions vont vers DYLAN finalement... C'est grâce à ce titre que la France tombe définitivement amoureuse de son bel américain, quant à moi, je vous avouerai que je connais d'autres paroles sur cette chanson, et que j'ai donc le plus grand mal à l'écouter ainsi vétue. « Ma bonne étoile », bien moins remarquable, continue sur cette lancée. On remarque que ces deux derniers titres sont issus du répertoire d'artistes italiens... Un filon que le grand Joe va exploiter tout au long de sa carrière.

En début d'année 69 sort « Le petit pain au chocolat », la variété dans tous ses états ! Un autre de ses grands classiques avec ses « aie aie aie aie », toujours sorti du répertoire de la star transalpine Ricardo DEL TURO. On pourrait croire que tout va pour le mieux, mais en Avril 69, Joe est victime d'un premier infarctus... Un rythme de vie fait d'expédients, le star system, les sorties et débauches permanentes. Il faut dire que malgré un statut de gendre idéal, notre artiste n'est pas le dernier à faire tourner l'industrie de la Cocaïne, il fume et sniffe tout ce qui bouge... Si Mamoune avait su cela, nous aurions moins passé de temps devant les « numéro un » de Maritie et Gilbert consacrés à Joe DASSIN les samedi soirs !

On poursuit la route avec « Les champs élysées », titre inégalable, une mélodie que tout le monde connaît et a chanté au moins une fois dans sa vie. Un des plus grands titres de variétés de la chanson française. Un presque symbole parisien ! Joe va d'ailleurs en sortir des versions dans la plupart des langues... Le dernier single de l'album n'a jamais été ma tasse de thé, il s'agit du « Chemin de papa ». Pour le reste, je dois admettre que pas un des titres en français n'attire mon oreille, de la variété basique un peu lambda. Il n'y a guère que la seule chanson en anglais qui soit potable : « Sunday times », un petit pop bluesy de belle allure sur lequel le chanteur livre une chouette performance.

Bien entendu, plusieurs classiques émaillent ce disque, des standards que tout le monde connaît. Sortis du contexte ces chansons sont bien souvent immortelles, le seul souci est que l'enrobage du disque n'est pas vraiment à la hauteur. Je préférais nettement l'époque ou Joe DASSIN proposait des reprises de folk au programme. Bilan : me voilà un poil sévère pour les champs élysées.