Bon, est-ce que vous avez bien suivi ? Joe DASSIN a traversé un petit creux dans sa carrière. La situation s'est quelque peu améliorée grâce au single « Si tu t'appelles mélancolie », mais l'Américain se doit de conforter sa place de chanteur préféré des ménagères de moins de 80 ans – Si, si, ne riez pas ! -. C'est alors que survient le miracle. Il sort pour l'été 75 la chanson qui va le faire rentrer dans la légende. Cette chanson est une reprise de Toto CUTUGNO, un slow magique qui est dans toutes les mémoires. « L'été indien » va tout changer dans la vie de Joe, il y aura avant et après ; les portes de la renommée internationale s'ouvrent, il enregistre dans toutes les langues et devient incontournable en Europe de l'est. Pourtant, ce titre magique n'est pas ajouté à l'album qui s'ensuit et s'intitule « Le costume blanc ». Il convient de garder la main, Joe sort donc coup sur coup plusieurs singles.

Vous allez voir que Toto et son groupe ALBATROS sont de la partie dans tous les sens : sur le premier single « Ca va pas changer le monde », qui se signale par des paroles à la limite du neuneu le plus redoutable, mais dont la jolie mélodie s'insinue avec énergie dans les synapses de la mémoire et ressort de temps à autre... Je la chante à tue tête de temps en temps... La honte je sais... Un beau succès. On va retrouver notre Italien Toto sur le suivant, le grand classique de cette livraison : qui est à mon sens « Et si tu n'existais pas », un de ses plus grands standards. Difficile de rester insensible à ces couplets mélodiques ou joe touche au sublime avec son petit accent ricain tout en maîtrise. Enfin, « Salut » est resté dans les mémoires, c'est assez incompréhensible tant ce sifflement n'aurait jamais du quitter les seventies... pas vilain, mais bien daté.

Dans les bonnes surprises : « Il faut naître à Monaco » ou l'improbable mélange entre un traditionnel western et des paroles franchouillardes du plus bel effet. Le résultat, drivé par la dynamique sympa du plus français des américains tient complètement la route. Le p'tit blues pop de « Piano mécanique » est plutôt sympa. Dans les grands cadors , nous avons aussi cet essai sur « Harmour love «  de Stevie WONDER, pour un résultat pas mal foutu. On va être un peu surpris d'entendre la mélodie de « Sailin' » du matelot Rod STEWART sous les traits de « Ma musique ». Bien entendu, cette version bien que sympatoche, n'atteint nullement au sublime du classique.

Et sinon, de la variété lambda : « L'albatros » - toujours composé par Toto ! - se laisse écouter sans passion ni surprise, tout ceci est un peu linéaire. « Carolina » est en revanche de la grande variété pour ambiance de haute société type Monaco, le joli refrain est pas mal. En revanche, certains titres sont en deçà : « Chanson triste » le voit à nouveau s'essayer à un registre tristounet comme le dit la chanson, on croirait du DUTEIL, non ce n'est pas a première fois... ni la dernière puisque « « Le costume blanc » subit le même traitement type troubadour du 20eme siècle. Même le ton du chant évoque le futur maire UMP. La belle gratte folk de « C'est la nuit » ne fait pas oublier des paroles un brin indigentes.

Cet album n'aurait pas du tout eu la même tête en y incluant « L'été indien »... Ne me demandez pas en quoi consistent les calculs philanthropiques des maisons d'édition, qui sortent le single mythique sur une compile fin 75... Bref ! Du coup, l'opus souffre d'un manque. Dommage, le niveau est clairement meilleur et Joe DASSIN peut se flatter d'avoir remonté la pente.