Nous en sommes déjà au dixième opus du regretté Joe DASSIN. Au fil de sa courte vie, le mythique chanteur franco-américain a connu des hauts et des bas, mais au final, il faut admettre que sa discographie est riche et tout à fait recommandable. La variété française se révèle finalement un genre tout aussi riche que les autres, même si elle n'est ni folk, ni rock ou bluesy ! Joe DASSIN est le symbole historique de ce genre majeur, ce n'est pas rien ! D'ailleurs, la peinture qui orne ce nouvel album joue sur le statut légendaire de l'artiste : Joe, sa moue légendaire devant une forêt automnale digne de « L'été indien »

Cette livraison débute avec un classique : « Il était une fois nous deux » est la quintessence des compositions de Joe DASSIN. Il s'agit évidemment d'un autre pillage des œuvres complètes de Toto CUTUGNO avec son groupe ALBATROS. On se perd en conjectures sur l'influence de la variété Italienne sur la française en ces années soixante dix ! Il faudra vérifier si cette dynamique allait dans les deux sens ! Celle là est superbe et d'une redoutable efficacité.

Le second single fait office d'ovni dans la carrière du ricain expatrié ! En effet, voyez plutôt sa longueur : 12 minutes … ? Joe serait devenu un aficionado de YES et de GENESIS ? Que fait donc une pièce de plus de dix minutes sur un album de variété ? Ecoutez donc le titre, un début parlé – il fallait bien refaire le coup de « L'été indien ». Une petite mélodie cristalline signée Toto et Vito... Vous vous en doutiez ? Des paroles romanticos-neuneus avec le luxembourg pour cadre. Et plusieurs parties donc... Un break acoustique, un solo de trompette, des choeurs très flower power, l'ensemble à une belle gueule, même si sa durée est rédhibitoire pour les radios... Un second break funky, oui, oui ! Puis la reprise de la mélodie centrale, nantie d'une orchestration seventies très symphonique. Ouf, « tales from topographic oceans » n'était pas si loin !

Le dernier single est « A toi », une compo de notre Joe, aidé comme il se doit de Lemesle et Delanoé. Assez mignonne, il atteindra lui aussi la première place des tops français avant de faire une belle carrière internationale. On s'en souvient encore, la preuve de son efficacité ! Toujours composée par la même équipe, on reste dans la variété avec « Que sont devenus mes amours », l'orchestration hispanisante et une trompette vibrante donnent une identité assez remarquable à ce titre.

« Laisse moi dormir » propose une incursion dans un trip plus rock'n'roll, même si Joe DASSIN reste plus smooth qu'agressif... Le contraire eut été étonnant, mais le résultat est tout à fait sympa, il s'agit d'une reprise de l'oublié Alex HARVEY BAND, cador du glam rock. Puis « Comme disait Valentine » le voit à nouveau faire une incursion dans la pré carré de Philippe LAVIL, ce ton exotique et caribéen, c'est marrant comme Joe y revient régulièrement, son pote CARLOS en était un habitué, on se souvient qu'il écrivait aussi pour le fils de Françoise Dolto. Enfin, nous avons une reprise du Néerlandais ! Mais oui, et pas de son pote DAVE ! « Le café des 3 colombes » est issue du répertoire de Pierre KARTNER. Doucereuse et tranquille, il faut signaler que l'avignonaise Mireille MATTHIEU l'a reprise sous un autre titre...

Une excellente cuvée que celle de 1976 ! Des classiques et un essai surprenant de variété progressive, des compos variées et de bon niveau. Je le recommande tout particulièrement pour découvrir la disco du plus français des américains !