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Al STEWART - Time Passages (1978)
Par JESTERS TEAR le 18 Octobre 2018          Consultée 1604 fois

Avec son Year Of The Cat, AL STEWART a atteint le sommet de sa carrière (non, il n’est pas alpiniste, pourquoi ?), sur le plan artistique et surtout commercial. Le titre éponyme est devenu un tube jusque dans notre terre impie (même s’il a disparu des ondes bien avant ma venue au monde, hélas), et l’album en lui-même est un succès salué par le public et les critiques (sauf ceux qui ont des problèmes de dos).

Comme toujours après un album majeur, la question se pose : son successeur sera-t-il à la hauteur ? Les amateurs de musique savent bien que la réponse à cette question est bien peu souvent positive. Est-ce le cas ici ? Malheureusement pas. Time Passages, s’il est un bon, voire même très bon album, est cependant bien loin d’égaler son illustre aîné, et ce même si le titre éponyme sera lui aussi un petit tube (le second et dernier de la carrière de STEWART, qui ne sera jamais un Atilla des charts).

Pourtant, l’équipe reste inchangée, ALAN PARSONS est toujours aux manettes, et on sait bien ce que les deux derniers opus, sans doute les meilleurs du conteur briton, lui doivent. Les musiciens sont eux aussi peu ou prou les mêmes, Peter White et Tim Renwick aux guitares, ça suffit à me donner le sourire et il faut dire qu’ils jouent toujours aussi bien.

Le problème vient-il de l’inspiration ? Oui et non. La plupart des titres présents dans cet album sont de bons ou même de très bons morceaux. Cependant, rien qu’à voir la longueur des pistes, on comprend que le succès méritant de Year Of The Cat, le tube aux 6 min, a peut-être donné lieu au tristement célèbre syndrome de la recette. Bon, ce n’est peut-être pas exactement célèbre, mais je peux affirmer que c’est triste. En effet, 5 pistes dépassent les 5 mins dans ce nouvel opus, et on peut très bien imaginer la réunion où un mec a dit : « Les gars, on a fait un tube de 6 min sur notre plus grand succès, je propose qu’on fasse presque plus que ça ! » et où les autres ont répondu : « Banco René, on fait comme ça ».

Mais à la limite, est-ce vraiment un problème ? me demandent les amateurs de longues chansons. Ma foi, non ! Si les titres en question étaient tous inspirés, ce serait même plutôt une bonne nouvelle. Ne suis-je pas après tout fan de prog, un genre dont la concision ne constitue pas le premier atout ? Malheureusement, ce n’est pas vraiment le cas. Alors attention, la plupart sont de bons morceaux, à part « Song On The Radio » assez nauséabond (« en même temps, avec un titre pareil… » diront les militants anti-commerciaux entre une séance de destruction de postes radios et une conférence sur la guerre des ondes). Mais d’abord, ils n’atteignent jamais l’efficacité de leur modèle, et ensuite, leurs ambiances sont trop similaires. « Time Passages » et « Man For All Season » sortent de manière totalement évidente du même moule que Year Of The Cat, même s’ils sont plutôt réussis, surtout « Man For All Season » dont la mélodie vocale et l’apparition de chœurs me charment particulièrement. Franchement, ça sent le coup a plein nez, et comme dit précédemment, ça n’atteint pas le modèle, même loin de là en ce qui concerne « Time Passages ».

« Life In Dark Water » est quant à lui un titre aquatique qui semble très franchement un croisement entre le superbe « On This Stage Before » de l’album précédent et le sublime « Dark And The Rolling Sea » de celui d’encore avant. Sans bien évidemment égaler aucun d’entre eux (« c’est toujours le problème avec les bâtards ! » Ceci était un message du parti ultra-conservateur) ça reste un très bon titre avec un excellent solo de guitare. En fait, seul « Palace Of Versaille » s’en tire avec les honneurs. Son ambiance enfin originale colle parfaitement à son titre et au sujet (Al ne se prive pas ici de son penchant pour les morceaux historiques, « Man For All Season » tombant aussi dans cette catégorie). Le chant est inspiré, les claviers dominent l’ensemble avec notamment un riff majestueux, presque baroque, très réussi, et c’est un vrai bonheur.

Du côté des morceaux plus courts, « Timeless Skies » est un folk sympathique mais sans plus. « End Of The Day », qui clôt l’album voit sa première moitié être un instrumental mené par un solo de guitare acoustique très inspiré. La deuxième partie chantée est de bonne qualité mais plus banale. C’est avec « Valentina Way » qu’on met enfin le doigt sur le véritable problème, à mon sens, de l’album. La production ! En effet, le titre en question est le le plus rock de l’album, avec notamment le riff récurrent d’une guitare électrique bien plus musclé que les autres du L.P, et c’est là qu’on se rend compte le mieux à quel point le son manque d’énergie, de punch. Tout est trop « enrobé », c’est la description qui me vient à l’esprit. Tout est rond, moelleux à l’extrême, comme si la musique avait été plongée dans une bassine de mélasse (ce qui aurait, dans le sens littéral du terme, complètement niqué l’album).

Et c’est alors qu’on se rend compte que c’est probablement ce qui empêche presque tous les morceaux précités d’être excellents. Les compositions sont bonnes, le jeu des musiciens irréprochable, le chant de Stewart aussi, mais le son est bien trop mou. L’énergie s’est tirée avec la caisse comme une grosse crevarde ! En plus, un des atouts majeurs des deux derniers albums était leur superbe diversité de son : chaque morceau avait sa couleur bien particulière. Dans Time Passages, c’est toujours la même couleur qui domine (je tiens à m’excuser auprès des daltoniens qui peuvent sauter ce passage), et comme en plus elle n’est pas spécialement rutilante, ben ça plombe l’album. C’est d’autant plus triste quand on sait que c’est quand même Alan PARSONS qui a chié dans la colle.

Il y a une exception cependant, et c’est sans doute le meilleur morceau de l’album, du coup je l’ai gardé pour la fin, comme le veut le vieil adage. « Almost Lucy » est un titre court mais superbe qui renoue avec les plus belles réussites de STEWART. C’est un folk à la fois mélancolique et énergique, mené par des percussions délicieuses. Al le conteur est au top de son game (je suis jeune, pardonnez-moi), son chant inspiré si british étant une pure merveille. De plus, une voix féminine le rejoint en chœurs sur le refrain sublime, planant et transpirant de mélancolie. Un superbe solo de guitare acoustique bien dans l’ambiance termine le tableau, et j’applaudis avec mes deux mains et celles du voisin. C’est de plus le seul morceau qui ne soit pas entaché par la production étouffe-chrétien qui règne sur l’album, avec un son enfin aéré, clair et précis.

La notation de ce Time Passages est très difficile. Il est évident qu’il pâtit de la comparaison avec ses prédécesseurs et qu’il est plombé à la fois par le syndrome de la recette et par la production ratée. Pourtant, il y a pas mal de très bons morceaux qui, pris en eux-mêmes, sont fort appréciables et qu’il serait très dommage de rater parce qu’ils appartiennent de plein droit à l’âge d’or de STEWART, surtout si on fait abstraction de la prod. De surcroît, on est servi en soli de guitares acoustiques et électriques, et même de sax à l’occasion, la plupart du temps excellents. 3 étoiles est donc un minimum, mais peut-on monter jusqu’à 4 ? Cela se discute, mais après avoir laissé trois jours les jurés dans une arène, le seul survivant m’a dit qu’ils étaient tombés d’accord pour dire que non. C’est donc un 3,5 à la fois méritant et décevant que reçoit Time Passages.

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1. Time Passages
2. Valentina Way
3. Life In Dark Water
4. A Man For All Seasons
5. Almost Lucy
6. The Palace Of Versailles
7. Timeless Skies
8. Song Of The Radio
9. End Of The Day



             



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