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Al STEWART - 24 Carrots (1980)
Par JESTERS TEAR le 3 Novembre 2018          Consultée 1198 fois

La trilogie à succès d’Al STEWART, à savoir les albums produits par ALAN PARSONS, est terminée. Etant donné le talent dudit producteur, c’est peut-être un mal, mais étant donné le ratage complet de la production qui gâche fortement l’album précédent, Time Passages, c’est peut-être un bien. Toujours est-il que pour tourner la page, Al s’entoure d’un backing band officiel dans ce nouvel album, un groupe appelé Shot In The Dark (probablement parce que ses membres pissent avec la lumière éteinte, un exploit non négligeable). A la tête de ce groupe, on retrouve Peter White, déjà présent dans Year Of The Cat à la guitare acoustique et électrique (Tim Renwick est parti par contre, j’en suis tout tristoune), qui participe ici aux compositions. En plus des membres de Shot In The Dark, une flopée de musiciens additionnels participent à l’album, principalement à la batterie (on note la présence de Jeff Porcaro dans les crédits).

Mais alors, qu’est-ce que ça donne Al STEWART avec Shot In The Dark ? Peut-être avez-vous remarqué la date de sortie de l’album, un beau compte rond évocateur de 80, et c’est un indicateur pertinent de l’orientation musicale de ce 24 Carrots au titre… au titre (c’est tout ce que j’ai à dire sur le sujet). En effet, accompagné de son backing band, le chanteur briton se tourne vers un pop-rock plus agressif, que ce soit dans la base rythmique ou la guitare électrique bien plus musclée que naguère, et plus synthétique avec des synthés bien présents.

Voilà qui n’augure rien de bon, pensez-vous sans même avoir à regarder dans les entrailles fumantes d’un canari. Il faut croire que beaucoup ont été de votre avis puisque cet opus a été largement moins bien accueilli que ses prédécesseurs et n’est pas vraiment considéré comme un indispensable chez les connaisseurs de STEWART. Et pourtant...

Et pourtant, je le trouve très attachant moi, ce 24 Carrots. Il est en réalité divisé en deux catégories de titres. La première diffuse pop-rock musclé que j’ai déjà évoqué. Et contre bien des attentes, il faut avouer que la plupart de ces morceaux sont réussis. Certes, ils sont loin de ce à quoi Al nous avait habitué : il y a des riffs de guitare catchy partout (« Running Man », « Constantinople », « Ellis Island », « Paint By Number ») bien loin de l’esprit folk sophistiqué, et on peut se demander comment STEWART va pouvoir être crédible au chant avec des chansons si rock, lui qui n’a pas grand chose d’un rockeur. Et bien il n’essaye pas de l’être, tout simplement. Al chante du STEWART, et le contraste entre sa voix si typiquement british et sans aucune rugosité avec l’accompagnement rock marche extrêmement bien. Malgré le changement de ses atours, l’identité du conteur est toujours là, pour notre plus grand plaisir. Le premier titre, « Running Man » est d’ailleurs un bel exemple de ce mélange entre nouveauté et tradition, de par le chant déjà évoqué, mais aussi l’usage de congas à la rythmique alors que le reste de l’accompagnement est solidement rock 80’s, et surtout un solo de guitare acoustique superbe et, étrangement, parfaitement intégré dans un titre où la guitare électrique balance pourtant du riff partout.

« Constantinople » possède une guitare électrique encore plus acérée et un thème de guitare très efficace répété à satiété, mais le romantisme de STEWART est intact. Son goût pour l’histoire et la culture transparaît déjà dans le titre, et ses lignes vocales ont toujours cette classe unique et addictive. Il y a bien une ombre au tableau dans les titres pop-rock 80’s, et c’est « Mondo Sinistro » dominée par des synthés de fort mauvais goût et affublée d’un chant ridicule. Ce titre sonne comme une blague un peu ratée, on sent d’ailleurs la tentative d’humour, mais l’ensemble est trop désagréable à écouter pour l’apprécier. A l’opposé, on a le morceau le plus rock, « Paint By Numbers » où l’influence du backing band est la plus évidente, tout riff dehors, et surtout long passage instrumental où la guitare électrique et les claviers enchaînent les solos de manière par ailleurs admirable, même si un solo de synthé n’est pas vraiment ce qu’on s’attend à entendre chez du Al STEWART !

Ces morceaux novateurs sont donc majoritairement réussis, mais ils ne composent que la moitié de l’album, l’autre se tournant plus vers les ambiances folk du bonhomme. C’est le cas des ballades réussies « Midnight Rocks » et « Rocks In The Ocean ». La première doit son charme au fait que la voix de STEWART est doublée en permanence par un chœur du plus bel effet, mais aussi à l’arrangement délicat de guitare acoustique et piano, au break planant avec profusion de chœurs et au sax qui déchire la nuit avec efficacité. La basse est également appréciable. La deuxième est encore plus proche de l’esprit folk, avec ses diverses guitares acoustiques et romantiques et son violon, sans parler de la mélodie au chant typique du genre. Ici, c’est une voix féminine qui vient doubler celle de STEWART à quelques moments choisis, de manière très satisfaisante. Un orgue Hammond comme à la grande époque rejoint l’accompagnement un peu plus tard et une guitare électrique rappelant le travail effectué sur la trilogie Parsonnienne (Renwick toujours dans le keur) vient placer un solo très sensible et appréciable.

« Optical Illusion » est une autre ballade venant conclure l’album, un peu moins marquante mais très agréable pour peu qu’on lui accorde de l’attention. Le piano et la guitare acoustique y sont en parfait accord. Des nappes de claviers discrètes apportent un peu d’épaisseur romantique. Le chant est égal à lui-même et on a droit à un très beau solo de flûte. Mais en matière de bijou folk à la STEWART, c’est surtout « Merlin’s Time » qui se pose sur le trône (gracieuse expression n’est-ce pas ?). Une intro à la guitare acoustique superbe, un chant au meilleur de ce que le conteur briton peut délivrer, des chœurs planants bien dans l’ambiance historico-mythologique, c’est une courte gemme folk qui rappelle à tous qui est le patron du genre.

Il reste à évoquer « Murmansk Run/ Ellis Island » morceau en deux parties , la première déployant un folk-rock tout droit sorti de l’album Modern Times, très agréable, terminé par un solo de guitare sonnant enfin folk et la seconde dans la même veine en plus énergique et incorporant quelques éléments de Shot In The Dark, comme un riff de guitare catchy, et quelques claviers. C’est toutefois globalement un superbe retour vers ma période préférée de STEWART, et un morceau à double face sans qu’on sache trop pourquoi ce ne sont pas juste deux titres séparés. en tout cas, c'est très réussi.

En définitive, je le trouve super cet album, bien meilleur que son prédécesseur. PARSONS a bien fait de se tirer, malgré le respect que j’ai pour lui puisqu’il était évident qu’il n’avait plus grand chose de positif à apporter, sa production sapant toute l’énergie de Time Passages. Alors que 24 Carrots au moins déborde d’énergie (je suppose que manger 24 carottes, ça doit en faire des vitamines, mais je suis pas diététicienne). Son pop-rock est majoritairement convaincant, la voix de STEWART lui assurant classe et originalité dans le genre et les musiciens s'avérant tout à fait compétents, la moitié de l’album finalement plus fidèle au folk-rock des origines que ne l’était l’album précédent. Ce qu'on considère souvent comme le début de la dégringolade est pour moi au contraire une belle remontée, qui mérite bien son 4 !

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   JESTERS TEAR

 
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1. Running Man
2. Midnight Rocks
3. Constantinople
4. Merlin's Time
5. Mondo Sinistro
6. Murmansk Run/ellis Island
7. Rocks In The Ocean
8. Paint By Numbers
9. Optical Illusion



             



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