Le rappeur tout droit venu de la Nouvelle Orléans est passé par de nombreuses étapes dans sa carrière. Du succès monstre qu'était Tha Carter 3 aux déceptions enchaînées après sa dernière bonne production Tha Carter 4, Lil WAYNE fait preuve d'une longévité qui n'est aucunement freinée par la qualité de son travail. Cela va maintenant faire 7 années depuis sa dernière bonne sortie, le rappeur a conscience que son public commence à lui tourner le dos. Il décide donc de créer un album introspectif, prônant le retour aux racines et sa véritable identité. Découvrons ensemble Tha Carter 5, pièce agrémentée de 23 morceaux.

Quoi de mieux pour taper dans les sentiments que de lâcher un petit discours narré par la maman sur "I Love You Dwayne". Le rappeur veut nous faire sortir les mouchoirs avec cet album, c'est certain. Ceci d'ailleurs se confirme à l'écoute entière du projet. Quoi qu'il en soit, ce que l'on remarque directement à la vue de la tracklist de ce Tha Carter 5, ce sont les collaborations omniprésentes. Lil WAYNE est dans une mauvaise passe, sa côte est loin d'être aussi flamboyante que lors de son heure de gloire, et il commence à craindre de devoir retourner pointer chez Pole Emploi.
Il s'entoure donc de ceux qui ont le buzz facile. Ainsi, nous allons trouver le regretté XXXTENTATION sur un "Don't Cry" mélancolique et livrant les peines de notre rappeur finalement très sentimental. Une collaboration très juteuse pour un Lil WAYNE qui sait que la fanbase du rappeur a considérablement augmenté depuis son décès. Au menu des featurings sans personnalité, nous retrouvons Nicki MINAJ sur "Dark Side of The Moon", petit clin d'œil au groupe PINK FLOYD qui met en scène une fausse apocalypse sur la Terre et ses conséquences. Également présent l'opportuniste SNOOP DOGG sur "Dope Niggaz" qui réalise un couplet d'une grande efficacité tout en samplant dans le morceau quelques notes de "Xxplosive" de DR DRE.

Il y a du bon dans cet album tout de même. Dans les grosses productions, nous pouvons relever "Uproar" avec SWIZZ BEATZ qui est une franche réussite, ou encore "Mona Lisa" avec le plus estimé des rappeurs de notre génération, Kendrick LAMAR. Dans ce titre qui aborde les relations sentimentales, l'invité propose une interprétation magistrale – comme d'habitude, si j'ose dire. La mélancolie est poussée à son paroxysme sur "Can't Be Broken" qui se révèle plutôt efficace comme piste douce et reposante. La prestation de Lil WAYNE sur "Used 2" est également d'une efficacité redoutable. Le rappeur nous conte ses vieilles et fâcheuses habitudes, aujourd'hui révolues. Son interprétation sied parfaitement à la production sur "Demon".

Lil WAYNE a pour intention de retourner 10 années en arrière avec cet album, c'est assez limpide. Que ce soit dans les productions qui recyclent les morceaux qui ont fonctionné auparavant dans le hip-hop ou à travers un rap très old-school qu'il a toujours su maîtriser. Si les intentions sont louables, le résultat est un album de 23 titres comportant quelques rares bonnes idées. Et si on prend Tha Carter 5 dans son ensemble, c'est loin d'être emballant, on ne serait même pas très loin de se taper une sieste à la moitié du projet si "Famous" aux allures de single ne venait nous réveiller en chemin. Il est presque évident que cet album n'est pas apte à remettre Lil WAYNE sur le devant de la scène, malheureusement.