On peut reconnaître Lil WAYNE comme une légende du rap : une carrière plus que prolifique dont on retient surtout l’impact des cinq chapitres Tha Carter, désormais classiques. Il faut attendre début 2020 pour la sortie de Funeral, énième album du rappeur de 38 ans. Avec ses 24 titres, Funeral se présente comme un disque ambitieux, reste à savoir s’il sera à la hauteur de ses plus grand succès.

"Funeral", la chanson titre ouvre l’album dans une atmosphère sombre où WAYNE rappe avec intensité sur une production simpliste. Les beats sont parfois minimalistes, comme sur le générique "Not Me", "Wild Dogs", le duo "Ball Hard" avec Lil TWIST ou encore "I Don’t Sleep". Ca manque méchamment d’impact, on se lasse vite face à ce manque de relief et d’éclat. Cette fadeur se manifeste aussi dans l’énergie de morceaux comme "Clap For Em" ou "Stop Playing With Me" qui créent un gouffre d’ennui qui aurait dû être délesté d’un projet de cette longueur.

Weezy replonge dans son travers préféré - l’auto-tune à outrance - sur l’horrible et peu inspiré "Never Mind", le featuring avec 2 CHAINZ "Know You Know" et sur la tentative pop-rap très moyenne avec Adam LEVINE "Trust Nobody". Les collaborations sont nombreuses mais elles n’apportent pas vraiment la synergie attendue par les amateurs de bon hip-hop. En misant sur l’énergie collective de Big SEAN et de Lil BABY sur le beat trap de "I Do It" ou face à The-DREAM dans "Sights And Silencers", le résultat est tout juste correct et ne donne pas vraiment de valeur ajoutée à l’ensemble. Quant à "Bing James", "T.O." et "Get Outta My Head", le niveau est tout simplement mauvais.

En terme de jeux de mots inventifs, l’album souffre également. Connu pour ses punchlines acérées, la meilleure se trouve peut-être sur le titre "Mahogany" qui rappelle brièvement la créativité de Weezy lorsqu’il était à son apogée (I'm a Libra, I weigh it out/Hope the reaper don't take me out/I'm too eager to wait it out/Stuck the heater in Satan's mouth). "Mama Mia" est un autre point fort de l’album avec son instru aux cordes sinistres, alors notons-le puisqu’ils sont rares. WAYNE y montre sa maîtrise du flow alors OK techniquement, ça passe mais c’est tellement isolé du reste qu’on reste malheureusement sur notre faim.

Comme pour les instrus percutantes de ces deux titres, on se souvient du Lil WAYNE des grands jours sur le beat aux teintes old school de "Harden" ou grâce aux claviers hypnotiques de "Darkside". Mais ces moments sont rapidement éclipsés par le niveau trop faible du reste des titres ("Dreams", "Bastard (Satan’s Kid)", "Piano Trap", "Line Em Up" et "Wayne’s World"), diluant cette identité sonore à laquelle Weezy ne semble plus trop capable d’accéder et rendant l’écoute de cet album réellement laborieuse.

Avec 24 titres, Lil WAYNE avait toutes les cartes en main pour faire de Funeral un projet mémorable. Or, il s’éparpille dans des directions variées, les chansons se succèdent mais ne se complètent jamais vraiment et peu de titres ne se démarquent suffisamment pour marquer les esprits. Si certains morceaux révèlent encore l’ingéniosité et la technique de Weezy, le résultat final est malheureusement trop inégal pour valoir plus qu’un petit 2.