Fort du succès de son groupe HOT BOYS et de son premier album solo, Lil WAYNE revient sans tarder avec Lights Out sorti en décembre 2000, toujours chez Cash Money Records, dont il participe à la renommée et à qui il restera fidèle pendant plus d’une décennie tout en participant à l’essor du dirty south dans la culture hip-hop.

Le rap sudiste de Weezy revient en force sur le très bon single "Get Off The Corner", un hit bounce à grosse basse qui résiste bien à l’épreuve du temps. Le flow entraînant du rappeur montre son potentiel et en fait l’un des titres les plus mémorables de cet opus où il traite de la vie de ghetto et de la lutte pour s’en sortir. "On The Grind" et "Hit U Up", qui adoptent le même style de beat aux inspirations du sud, permettent d'observer son sens de la compétition et son ambition sur des instrus engageantes.

A la fois tendance r'n'b comme "Break Me Off", au beat dynamique fun, et presque pop lors de la collaboration avec les HOT BOYS "Shine" (Ok let’s talk about this ice that I’m carryin’/All these karats like I’m a fucking vegetarian), dans la tradition du rap game en plaçant un skit au milieu de l’album, ou encore plus expéditif par son flow avec la bounce de "Fuck Wit Me Now", Lil WAYNE commence un peu à expérimenter grâce aux productions de Mannie FRESH et il faut bien avouer que cette diversité dans les sonorités permet d’écouter ce disque de plus d’une heure sans voir le temps passer.

Quelques titres valent un peu moins le détour, comme "Lil’ One", "Biznite" ou "Jump Jiggy", plutôt monotones ; mais certains méritent vraiment de s’y arrêter : "Grown Man" où le jeune papa de dix-huit ans décrit avec maturité les épreuves qu’il traverse et ses ressources pour y faire face (And I still manage to be Lil Wayne therefore I shine and I ball/And dawg I live for today and hope and pray there’s a tomorrow/And I borrow confidence from out my heart when things get awful) ou "Everything", une chanson touchante adressée à son père qui l’a abandonné (I know you see me happy on the outside and hurt within/Make me wanna grab that gun and burst again/But I know they got a reason why I’m here/And therefore, I’m succeeding on my own/But you ain’t never left me, nigga, you still dwell in my heart).

Le jeune Weezy se la joue menaçant sur les beats solides de "Wish You Would", "Beef" et "Realized", sur la bounce provoc' et rebelle de "Act A Ass" ou sur l’instru plus sombre et plutôt décente de "Let’s Go". Lil WAYNE pose son flow sur les sonorités blues des instruments de "The Blues", une piste aux accents parfois country qui démontre la créativité sans faille de Mannie FRESH aux manettes de cet album plus street que bling bling, reflétant bien le style du rap à cette époque.

Lil WAYNE n’a peut-être pas encore atteint son apogée artistique, puisqu’il n’est qu’au tout début de son développement musical à ce stade encore précoce de sa carrière : pas encore le roi des punchlines et avec encore un long chemin à parcourir pour devenir le rappeur légendaire qu’on connaît aujourd’hui. Weezy montre cependant une certaine maturité et un potentiel à évoluer et à se réinventer comme en témoigne Lights Out, un album moins connu mais tout de même certifié or six mois après sa sortie et qui reste une étape importante dans sa carrière.