Déjà reconnu dans le monde du hip-hop grâce à ses trois derniers albums solo et son affiliation au label Cash Money Records, Lil WAYNE revient en 2004 avec Tha Carter, premier épisode d’un ensemble qui en comptera cinq à ce jour. C’est une nouvelle ère emblématique dans la carrière du rappeur de la Nouvelle-Orléans aujourd’hui comptée comme ce qui a véritablement défini l’artiste et sa discographie.

"Walk In" nous invite à entrer dans l’univers de Dwayne Michael Carter Junior, nom complet du rappeur, qui continue de clamer haut et fort ses racines (But this is New Orleans, so my queens do voodoo, you know?/So the things just move through/I feel your pain, I got things to soothe you). Le ton est lancé : c’est une ère puissante et dynamique qui se profile, celle que ses fans attendaient. Lil WAYNE y affirme son style, la dextérité technique de son flow et sa maîtrise lyrique sur le mélodieux "This Is The Carter" ou sur "BM J.R.".

L’album est porté par plusieurs singles à succès, tels que "Shine" tout en décontraction sans prétention, "Bring It Back" et son beat qui ramène forcément aux racine du hip-hop sans parler de la production séduisante de Mannie FRESH, ou encore l’emblématique "Go DJ" qui fait vibrer les enceintes des clubs et est resté son plus gros succès jusqu’à la sortie du tube "Lollipop" quatre ans plus tard. Ces hits contribuent à élargir sa fanbase et montrent peu à peu que Lil WAYNE est capable de livrer des succès aussi bien commerciaux que reconnus par ses pairs du street rap.

Comme dans ses précédents opus, les skits n’ont pas super bien vieilli et sont limite inutiles alors que l’interlude "Inside" s’inscrit bien dans l’univers de l’album. Sur les accords mélodiques de "I Miss My Dawgs", le rappeur offre un hommage sincère à ses collègues du groupe HOT BOYS et revient sur les liens qu’il entretenait avec les autres membres.

La production des titres de WAYNE évolue de plus en plus, devient novatrice pour son époque, comme sur "Cash Money Millionaires", "We Don’t", "Hoes" ou "Tha Heat". On sent que la rappeur de 22 ans prend de l’assurance dans la structure de ses rimes, notamment sur le titre "On My Own" ou sur l’instru dirty south effervescente de "Who Wanna". Si les beats de "Only Way" et de "Ain’t That A Bitch" sont un peu moins distinctives, elles apportent néanmoins une diversité sonore toujours bienvenue sur un album de rap.

On apprécie la décharge d’énergie envoyée par l’instru percutante de "Get Down", une piste qui révèle la capacité du rappeur à livrer des histoires personnelles avec une fluidité impressionnante (Young Wayne and the pain and the stain still remain/On the chest where the four made a mess, yes). "Snitch" se démarque aussi par sa production plus sophistiquée, ses couplets délivrés par un WAYNE incisif et ses refrains accrocheurs. Enfin, le rappeur reprend l’instru de "Walk In" ainsi que de "Inside" pour boucler la boucle et clore cet album sur "Walk Out".

Sans être le disque qui fait totalement percer Lil WAYNE sur la scène de rap mainstream, Tha Carter lui permet de construire petit à petit l’impact significatif de ce pilier dans sa carrière et de réaliser un peu plus son potentiel artistique. Riche et varié comme ses trois premiers disques solo, cet album présente une évolution notable dans son style : des flows de plus en plus captivants et une dextérité technique qui s’améliore constamment, il n’en faut pas moins au rappeur qui semble désormais en bonne voie de prendre son envol.