Si LIL WAYNE est souvent considéré comme l’un des meilleurs du rap game, c’est sans surprise que le rappeur originaire de la Nouvelle Orléans est signé à l’âge de onze ans seulement par Cash Money Records, le label de BIRDMAN. Ce début de carrière précoce assied les bases de sa carrière musicale qui est marquée par une ascension fulgurante jusqu’à en faire l’une des figures les plus influentes du gangsta rap. Il grandi dans les quartiers pauvres mais déjà tout jeune, LIL WAYNE est un gamin studieux qui cite Missy ELLIOTT, NIRVANA et JAY-Z parmi ses inspirations et qui écrit son premier rap à 8 ans, se tire une balle dans la poitrine à 12 ans et arrête les cours à 14 ans pour se concentrer sur sa carrière musicale en rejoignant le groupe Hot BOYS dont le rappeur JUVENILE fait partie, entre autres.

La notoriété du groupe aide à propulser la carrière solo de LIL WAYNE, mais le rappeur n’oublie pas ses potes et les invite sur Tha Block Is Hot, son premier album publié en 1999 alors qu’il est âgé de 17 ans. Déjà capable de manier les mots de manière ultra convaincante, le rappeur livre des paroles souvent provocantes alliées à un style unique et un flow distinctif qu’on découvre à l’écoute de la chanson titre de l’album. Le single bounce "Tha Block Is Hot" est un morceau énergique aux rythmes percutants et qui sample "Drag Rap", classique du groupe The SHOWBOYS (qu’est-ce qu’un titre bounce s’il ne sample pas "Drag Rap" ?).

Les thèmes du gangsta rap sont respectés : LIL WAYNE flex son fric sur "High Beamin’", "Not Like Me" ou sur les accents plus funk de "Young Playa" (Got Rolex, blue shit, hard to say watches/Plus I bought all of my niggas Cartier watches/Weezy and his clique leave with forty byatches), puis le rappeur mettra un peu de violence dans le mix sur les beats dirty south de "Come On", "Enemy Turf" et "You Want War". La piste "Kisha" en featuring avec les Hot BOYS rappelle qu’on est même pas dans les années 2000 et que les effusions de toxicité masculine sont encore clairement au goût du jour (Only thing on my mind is how I’m gone get all in this cheap slut/Should I use a rubber cause I heard she was a freak but/They say she keep it cleaned up, but I don’t want HIV bruh), pas sûre que ça passe aujourd’hui…

Cinq ans avant Snoop DOGG, Weezy démontre un flow solide et accrocheur sur "Drop It Like It’s Hot" avec son rythme contagieux taillé pour le dancefloor, tout comme la rythmique bounce de "Remember Me" où il porte une lecture réaliste de son état (Since I Lost my father/I’ve been troubles, hurt and disturbed). Le beat smooth au piano de "Lights Off" est un des moments où on commence à entrevoir le style de flow que le rappeur va adopter de plus en plus.

En introspection sur les difficultés de la vie, LIL WAYNE va étonnement se mettre en mode ballade avec "Fuck Tha World" et "Up To Me", avant de livrer un rap aux influences tropicales et aux sonorités salsa sur le très bon single "Respect Us" où JUVENILE accompagne Weezy. On sent l’influence de la musique des états du sud sur l’instrumentation animée et explosive de "Loud Pipes", un autre point fort de l’album, sans jamais partir trop loin des beats bounce bien chargés comme "Watcha Wanna Do".

Si la pochette s’est clairement pris vingt ans dans les dents, le son de Tha Block Is Hot est moins daté que sa cover. L’album est un succès devenu platine en à peine deux mois, il présente tout de même un peu de remplissage, par contre on sent que LIL WAYNE commence à explorer son potentiel artistique avec son style unique qu’il développe encore à cette époque. Weezy sait certainement être drôle avec des jeux de mots ridiculement astucieux comme sur "You Want War" (My niggas don’t give a Jean-Claude Van Damme). Pourtant, le jeune rappeur n’hésite déjà pas à partager ses expériences à travers ses textes, parfois très dures comme dans "Fuck Tha World" où il aborde la mort de son père ou la pression d’élever un enfant alors qu’il devient papa à 16 ans. Dans l’ensemble, Tha Block Is Hot n’a peut-être pas changé la face du rap mais a définitivement ouvert les portes du succès pour LIL WAYNE et est un témoignage de l’émergence du hiphop du Sud à la fin des 90s.