Au milieu des années 90, la carrière de Philippe LAVIL subit un franc ralenti. C'est l'occasion de publier une compilation appelée Zest-Of en 1996, en réalité greatest hits augmenté de titres moins connus, ainsi que d'un nouveau single, "Hola Que Tal Señorita" (loin de figurer parmi ses meilleurs). L'artiste est présent sur quelques plateaux télés, avant de s'effacer pour diverses raisons.

Ailleurs C'est Toujours L'idéal annonce la couleur dès son titre. Un album dédié à l'évasion, l'envie de voyage, trame récurrente dans plusieurs chansons, à commencer par celle qui lui donne son nom. Celle-ci offre une jolie bouffée d'air frais amenée sur un rythme cha-cha, des synthés rêveurs... En somme une carte de visite pour un opus à la réalisation fort belle. Comme autre bel exemple de fraîcheur, "Mme Fonséka" permet à LAVIL de réussir un nouveau duo avec chanteuse, en l'occurrence Elisabeth ANAÏS. "S'balader" propose d'autres choeurs féminins de toute beauté.

"Fé sa ou lé" ouvre l'opus avec une identité zouk aussi efficace que nette, cuivres en avant, mais notre Martiniquais ne manque pas de diversifier son propos. C'est également vrai pour son chant, toujours aussi beau, et qui sur un mode désabusé teinté d'humour, nous réserve un "Sé pour sa", aux dépens de la métropole et entièrement en créole.

Le disque aborde des sujets plus sérieux, comme l'immigration à travers "Sous l'même soleil", un des titres les plus finement réalisés ici. Le chant de LAVIL en retenue permet aux guitares du tandem Hervé Brault/José Le Gall d'occuper une belle place, et le développement n'a rien de risible, cela reste un bel effort. À côté, quelques rythmes reggae s'installent et nous convainquent, tels "Tu m'vois comme ça" et "Rien à cacher", dont le début rappelle l'excellent "Presqu'îl" de 1994.

Parmi les perles cachées, "Admirablement de passage" est une ballade sensuelle et survolée par un sax soprano, à ranger aux côtés des plus belles réussites de LAVIL. Lui qui passe parfois d'un registre à l'autre sans crier gare, il nous réserve un final en apesanteur avec le magnifique "Voyageur sans bagage". Voix doublée, duo guitare éléctrique-piano simplement pour accompagner... Waouh ! Il faut savoir que Jean SCHULTHEIS est de la partie, au piano justement (ah ces effets blues inédits !), de même que son fils bassiste, Olivier, sur d'autres morceaux.

Cet album agréable, d'une qualité honorable, souffre légèrement d'un creux en son milieu, de certains arrangements musicaux moins adaptés (tendance à la jouer rock comme sur "Tout et tout le reste"). Le successeur se faisant bien attendre, il y a ici de quoi se sustenter !