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Etta JAMES - Etta James (1962)
Par LE KINGBEE le 28 Avril 2020          Consultée 1211 fois

Nous sommes en 1962, Etta JAMES connait encore quelques rares succès. D'importants changements se font jour cette année là. Si Ray CHARLES commet son premier Number One pour ABC Paramount avec "Georgia On My Mind", annonçant ainsi qu’il est toujours là, plein de petits nouveaux débarquent de tout le pays bien décidés à se faire un nom. Barbara LYNN, une superbe guitariste gauchère, se place au Panthéon de la Soul avec "You’ll Lose A Good Thing", les ISLEY BROTHERS cartonnent avec "Twist & Shout" que les BEATLES leur reprendront l’année suivante. De leurs côtés Chris KENNER avec "Land Of Thousand Dances" et LITTLE EVA avec "Locomotion" font danser tous les teenagers. Tous les trois mois, de nouveaux pas de danse apparaissent pour disparaître presque aussitôt. Mais c’est un groupe mixte qui va contribuer à modifier considérablement la donne. BOOKER T & The MG’s enregistre au cours d’une séance impromptue "Green Onions", un instrumental qui va imposer le son Stax et le Memphis Sound sur presque toute la planète. De l’autre côté du territoire, la Motown commence à placer sa griffe via une tournée deux mois regroupant Mary WELLS, Marv JOHNSON, Stevie WONDER, Marvin GAYE et les MIRACLES.

Les vedettes d’hier laissent peu à peu la place à de nouveaux talents, le R&B et les orchestrations de Riley HAMPTON commencent à être passées de mode. En 1962, Etta JAMES connait encore quelques succès : "Something’s Got A Hold On Me" qui se place sur la 4ème marche des classements R&B et sur la 37ème de classements Pop. Cette compo de Leroy Kirkland et Pearl Woods, variante d’un titre Gospel de James CLEVELAND, diffuse son quota de vitamines. Au fil des ans, nombreux sont ceux qui essaieront de rivaliser avec la native de Los Angeles, les ORLONS, Tina TURNER, ou Christine AGUILERA s’en tireront pas trop mal alors que les RIGHTEOUS BROTHERS, le groupe belge VAYA CON DIOS ou Sonny JAMES dans un effroyable Country Gospel s’offrirent des reprises dispensables. A noter que le titre a été samplé parfois avec une étonnante réussite : les suédois de DJ AVICII, ou le rappeur FLO RIDA.

Deux autres titres auront l’honneur des charts, ou plutôt devrait-on dire avaient eu l’honneur. En effet Argo nous refourgue ici deux titres issus de deux singles Chess parus en 1960. Comble de l’ironie, il s’agit de deux chansons chantées en duo avec l’ancien leader des MOONGLOWS Harvey FUQUA, longtemps prétendant d’Etta JAMES mais qui a pris la poudre d’escampette pour se marier avec l’une des frangines de Berry Gordy dont la dot devait être mieux garnie. "If I Can’t Have You" (6ème dans les charts R&B) s’annonce comme bien souvent dans ce genre de duo comme un cocktail difficilement buvable tant la quantité de sucre parait disproportionnée. Avec une orchestration plus moderne, Janiva MAGNESS et l’excellent Sugarray RAYFORD en ont fait il y a peu une bonne reprise. Le dernier titre à rentrer dans les charts est "Spoonful", le standard de Willie DIXON popularisé par HOWLIN’ WOLF. Si l’interprétation d’Etta chantée avec FUQUA est correcte, elle ne sort guère du lot, la chanson étant plombée par l’orchestre lourdaud de Riley HAMPTON. "You Can Count On Me" vaut essentiellement par le timbre chafouin, ce R&B pour teenagers ne méritait pas ce torrent de violonades. "Nobody But You", un inusité de Willie DIXON, met en lumière tout le punch de "Miss Peaches", les cuivres apportant ici une touche bien épicée.

Autrement, il n’y a pas grand-chose de mémorable dans ce disque. La voix est pleine de vitalité, mais les arrangements sont dépassés et, avouons le, ils ont fait leur temps. Impression similaire avec l’orchestration qui se noie parfois sous un déluge de cordes empêchant bien souvent les cuivres de prendre leur envol. "Waiting For Charlie To Come Home", une compo de Burt Bacharach, annonçait la couleur d’entrée de jeu, une ballade flasque, sans relief lorgnant sur du sous Shirley BASSEY. Ironie du sort, Argo allait refourguer le titre à Cadet, autre filiale du label Chess, avec à la clé un enregistrement de Marlena SHAW largement plus convaincant au niveau de l’orchestration, comme quoi la voix ne fait pas tout. Avec ses pizzicatos de cordes "Guess Again" ne parvient pas à accrocher l’oreille et devient vite lassant. Même chose avec "A Lover’s Mourn" dont l’orchestration parait encore plus démodée que celle de Ray CONNIFF. Il parait difficile de faire plus larmoyant que "My Dear" encore noyé sous un flot intempestif de cordes. Si les cuivres prennent le pas sur les violons et les cordes cela ne suffit pas à faire sortir du rang "Let Me Know".

Vous l’aurez compris seuls trois ou quatre titres mettent pleinement en valeur le vocal de cette formidable chanteuse. Les autres pistes sont inondées sous des pluies diluviennes de violons et des arrangements qui pouvaient peut être faire illusion au tout début des années 50. Etta JAMES est ici clairement victime d’un arrangeur n’ayant jamais su évoluer mais qui parviendra encore à commettre quelques méfaits au sein de la Motown, mais c’est là un autre débat. Montrons-nous bons princes, en cette période de confinement, ce disque sorti en mai 1962 ne peut pas dépasser une note de 2.

Cette chronique provient de l’écoute du pressage US en stéréo. Le disque a été réédité en format CD avec 2 titres bonu

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   LE KINGBEE

 
  N/A



- Etta James (chant)
- Harvey Fuqua (chant 5-10)
- Riley Hampton Orchestra


1. Waiting For Charlie To Come Home
2. Guess Again
3. A Lover's Mourn
4. You Can Count On Me
5. If I Can't Have You
6. Something's Got A Hold On Me
7. My Dear
8. Nobody But You
9. Let Me Know
10. Spoonful



             



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