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Etta JAMES - The Montreux Years (2021)
Par LE KINGBEE le 24 Septembre 2021          Consultée 1648 fois

BMG s’associe au Festival de Montreux pour lancer une nouvelle série en provenance des archives du Festival Suisse lancé par Claude Nobs, programmateur à l’origine de la première venue de la chanteuse en Europe. Délivré sous la forme d’un élégant digipack cartonné agrémenté d’un livret intérieur de 12 pages, ce double CD (durée 2H35) propose un premier volet de 12 titres captés sur les bords du Lac Léman. Ce premier jet reprend donc des titres interprétés lors de cinq concerts en juillet 1977, 78, 89, 90 et 93, alors que le second propose un show donné au Casino de Montreux le 11 juillet 75.

En dehors d’une excellente présentation, on est frappé par la qualité sonore, le disque bénéficiant d’un remarquable dépoussiérage sonore. Ce premier disque couvre en 12 titres près de trois décennies d’exposition. Si cinq titres étaient parus en DVD chez Eagle Vision, les sept autres pistes demeuraient inédites. Les râleurs et les blasés pourront rétorquer qu’Etta JAMES a déjà fait l’objet d’environ 115 compilations de tout poil, on est ici en présence d’un document qui rend honneur à cette formidable chanteuse qui n’a jamais été aussi forte et charismatique que lorsqu’elle était sur scène devant un public. C’est d’ailleurs le sentiment que de nombreux amateurs garderont à l’esprit en écoutant ces deux galettes.

Etta JAMES n’a pas encore fait son entrée sur scène que le public semble déjà en ébullition. Les sceptiques pourront prétendre que ce n’est qu’une illusion liée à la transposition de différents concerts, n’empêche que dès "Breakin’ Up Somebody’s Home", la Californienne envoie une sauce dont elle a le secret. Si la version originale d’Ann PEEBLES offrait une synthèse hyper groovy de Memphis Sound, Etta JAMES booste le titre juste ce qu’il faut pour lui redonner un coup de jeune. Rien à voir avec les reprises de Bette MIDLER ou de Betty Padgett. Sur "I Got The Will", clin-d’œil à Otis REDDING, elle se met le public dans la poche en deux coups de cuillères à pot et répond du tac au tac à sa section cuivre. La diva sait laisser reposer les chevaux le moment venu et s’offre quelques passages plus tempérés : "A Lover Is Forever" emprunté au guitariste folk Steve Goodman s’avère d’un autre tonneau que les essais de Rosanne CASH ou Trisha Yearwood, deux vedettes de la Country et de l’Americana. Elle fait preuve d’humour en demandant au public s’il connaît "Damn Your Êtes", titre figurant dans son dernier disque, et si les gens l’ont acheté. Elle repart sur les chapeaux de roue avec "Tell Mama", adaptation féminine du "Tell Daddy" de Clarence Carter. Les cuivres épicent le morceau comme un orfèvre taillerait un diamant. L’une des meilleures versions féminines avec celles de Missy Andersen et Martha VELEZ.
Si Etta JAMES a beaucoup œuvré dans les domaines du R&B et de la Soul, elle s’est toujours considérée comme une chanteuse de Blues, comme elle l’annonce au début d’un titre. C’est ainsi qu’elle rend hommage à Jimmy REED avec "Running And Hiding Blues" et un formidable "Baby What You Want Me To Do" oscillant entre le funky et le poisseux. N’oublions pas le plaintif "I Sing The Blues For You" dans lequel elle cite tour à tour John Lee HOOKER, Muddy WATERS, Smokey Hogg, Lightnin’ HOPKINS, Jimmy REED, titre qui s’emballe petit à petit pour se terminer en feux d’artifice. Elle reprend plusieurs de ses gros succès : le dynamique et virevoltant "Something’s Got A Hold On Me" qui tisse une barrière infranchissable par rapport aux versions de Tina TURNER, Vaya Con Dios ou la doublette CHER/Aguilera. Elle reprend deux inusités en provenance des studios Hi Records de Willie Mitchell : "Beware" ⃰ et "Come To Mama" popularisé par Ann PEEBLES et Bob SEGER. Enfin, décernons une mention au medley regroupant le délicat "At Last" popularisé par Glenn Miller pendant la Seconde Guerre, "Trust In Me" et "Sunday Kind Of Love", œuvre de Louis Prima, trois chansons figurant dans son premier disque.

Le second volet reprend donc un concert donné le 11 juillet 1975 au Casino de Montreux. Historiquement, ce show marquait la première venue de la chanteuse en Europe. Ce concert avait initialement été édité en 2015 par Montreux Jazz Festival sous la forme d’un double vinyle en édition limitée. Les retardataires ont donc une seconde chance, un peu comme au loto. D’emblée, elle met le feu aux poudres en présentant ses musiciens et impliquant le public dans un jeu de question /réponse. "Respect Yourself" s’annonce plein de nuances, tour à tour Groovy, Soul et Funky, un autre aperçu par rapport aux précédentes versions des STAPLES SINGERS ou de BB KING, une interprétation qui relègue bien loin celle de Bruce WILLIS. Composition du trompettiste Henry Glover, "Drown In My Own Tears" a connu moult essais plus ou moins réussis de Lula Reed à Ray CHARLES en passant par Aretha FRANKLIN à SIMPLY RED. Etta JAMES nous en délivre une longue version dans laquelle la guitare de Brian Ray (futur équipiers de McCartney) brille de mille feux. Elle s’amuse avec le public sur "W-O-M-A-N", relançant à plusieurs reprises la salle qui reprend en chœurs le chorus. "Dust My Broom", grand classique d’Elmore JAMES, s’annonce plus énergique avec un gros passage de Frank Abel à l’orgue. Dans un silence presque cérémonial, elle explique le pourtour de "I’d Rather Go Blind", chanson coécrite avec Ellington Jordan alors en prison. Si le chant dégage une forte intensité dramatique, c’est autre chose que les essais gueulards de Layla Zoé ou Cristal Shawanda.
Avec humour, elle n’oublie pas de signaler que "All The Way Down" figure dans son dernier album (un L.P Chess éponyme) avant de reprendre l’envoûtant et torride "Baby What You Want Me To Do" avec un bon passage de trompette bouchée. Elle achève sa prestation sur deux Blues de fort tonnage : le rythmé "Rock Me Baby" de BB KING et "Stormy Monday", hit de T. Bone WALKER interprété tout en délicatesse. Seul bémol, l’absence de "Tell Mama" qui figurait sur le double vinyle, mais les auditeurs devraient pouvoir s’en remettre, le morceau figure dans le premier CD.

Il n’y a pas grand-chose à jeter sur ces 21 pistes, les grincheux pourront argumenter que certains titres du concert de 75 sont trop longs, mais quand on aime on ne compte plus, comme le dit l’adage. Si Etta JAMES a beaucoup enregistré, ce recueil est idéal pour tout amateur voulant découvrir la puissance et le charisme d’une chanteuse au sommet de sa forme. Le répertoire regroupe des standards intemporels mais aussi quelques titres plus rares pour ce qui nous semble un équilibrage parfait. Un disque qui se destine aussi bien aux amateurs de Soul, de Blues et pourquoi pas de Jazz. Contrairement aux disques précédemment chroniqués, ce double CD sera rangé sur l’étagère du Blues, la chanteuse affirmant à plusieurs reprises qu’elle est une blueswoman.

⃰ Titre homonyme à ceux de Louis Jordan, Blind Alfred Reed, Jesse Belvin et Al Green.

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- Etta James (chant)
- Brian Ray (guitare 5- 12 - ≠)
- Bobby Murray (guitare 1-2-3-4-6-7-8-9-10-11)
- Josh Sklair (guitare 1-2-3-4-6-7-8-9-10-11)
- Cash Mccall (guitare 12)
- John Paul Jones (basse ≠)
- Bobby Vega (basse 1-2-4-6-7-9-10)
- Richard Cousins (basse 3-8-11)
- David Lowrey (basse 5)
- Fred Beckmeier (basse 12)
- Doug Hammond (batterie≠)
- Herman 'roscoe' Ernest Iii (batterie 1-2-4-6-7-9-10)
- Steve Ferrone (batterie 5)
- Tony Cook (batterie 12)
- Donto James (batterie 3-8-11, percussions 1-6-9)
- Donto Foster (percussions 2-4-7-10)
- Frank Abel (piano, orgue≠ )
- Jimmy Pugh (claviers 2-4-7-10)
- Dave Matthews Claviers 3-8-11)
- Rick Wakeman (claviers 5)
- Bobby Martin (claviers 12)
- Richard Tee (piano 5)
- Pony Poindexter (saxophone 5 et ≠)
- Klaus Doldinger (saxophone≠)
- Richard Howell (saxophone 2-4-7-10)
- David 'fathead' Newman (saxophone 5)
- Gene Dinwitty Saxophone 12)
- Gene Conners (trombone≠)
- Kraig Kilby (trombone 1-2-3-4-6-7-8-9-10-11)
- Arthur Young (trompette ≠)
- Ronnie Buttacavoli (trompette 1-2-3-4-6-7-8-9-10-11)
- Lew Solof (trompette 5)
- Keith Johnson (trompette 12)
- Claude Nobs (harmonica 1-3-6-8-9-11-12)
- Sametto Dennis (choeurs 2-4-7-10)


1. Breakin' Up Somebody's Home
2. I Got The Will
3. A Lover Is Forever
4. Damn Your Eyes
5. Tell Mama
6. Running And Hiding Blues
7. Something's Got A Hold On Me
8. Beware
9. Come To Mama
10. Medley: At Last/trust In Me/sunday Kind Of Love
11. I Sing The Blues For You
12. Baby What You Want Me To Do (encore)
13. ≠
14. Respect Yourself
15. Drown In My Own Tears
16. W-o-m-a-n
17. Dust My Broom
18. I'd Rather Go Blind
19. All The Way Down
20. Baby What Do You Want Me To Do
21. Rock Me Baby
22. Stormy Monday



             



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