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Etta JAMES - Etta Is Betta Than Evvah! (1976)
Par LE KINGBEE le 25 Mars 2022          Consultée 897 fois

Nous sommes maintenant en 1976, on vit une drôle d’époque : le Concorde effectue son premier vol commercial ; les montres LIP, c’est fini, comme Capri ; les Verts sont victimes de poteaux carrés ; création d’un impôt sécheresse suite à la canicule ; à Nice, Spaggiari se paye la Société Générale en douceur ; on frise une inflation à deux chiffres ; catastrophe SEVESO, la dioxine envahit la Lombardie ; en argentine, on ne rigole pas avec la dictature. Décès de Mao et Jean Gabin. A part ça, tout va bien … … BONEY M cartonne avec "Daddy Cool", SARDOU chante "Le France" alors que Sylvie VARTAN se trémousse sur "Qu’est-ce qui fait pleurer les blondes ?".
Aux Etats-Unis, tout va bien, Stevie WONDER cartonne avec l’album "Songs To The Keys Of Life", alors que de l'autre coté du miroir Florence Ballard, évincée des SUPREMES par la Motown, décède dans le dénuement le plus total.

Du côté d’Etta JAMES, la chanteuse traverse une période assez floue. Entre ses allers-retours en cure
de désintox, la chanteuse enregistre son dernier disque pour le label Chess. Eh oui …tout a une fin ! D’ailleurs, le label de Chicago a été racheté par GRT puis par All Platinium Records. Le consortium s’offre quelques petits réajustements : si on garde, l’air de rien, les mêmes rondelles à base d’orange et de bleu, le rose va progressivement remplacer l’orange et le vert le bleu. Mais le gros chambardement réside dans la non reconduction du contrat d’Etta JAMES priée d’aller voir ailleurs si l’herbe est plus verte, et aussi dans sa rencontre avec Sam Dennis dont elle se retrouve enceinte. Etta met au monde Sametto le 5 avril 76. Cet album met fin à seize années de productions tumultueuses entre Chess Records et son emblématique chanteuse.

Etta Is Betta Than Evvah !, titre nous paraissant un brin fanfaron, est enregistré dans le New Jersey sous la houlette du producteur Mike Terry, un ancien saxophoniste arrangeur de la Motown dont le plus gros fait d’arme réside dans sa participation au tube des SUPREMES "Where Did Our Love Go". Terry qui vient de collaborer avec The DELLS, Maxine Brown ou JJ Barnes se retrouve sur une voie de garage, obligé de composer et d’arranger des titres dans le circuit des comédies musicales de Broadway. Le gars décide de garder quelques-uns des accompagnateurs de la chanteuse tout un faisant appel à de nouveaux venus, des accompagnateurs attitrés d’All Platinium. Pourquoi payer alors qu’on a sous la main toute une équipe de sidemen maison sous contrat ? C’est ainsi qu’on retrouve le batteur Clarence Oliver (Shirley & Company), les guitaristes Tommy Keith (ex-Brothers Of Love) et Walter Morris (ex-Brook Benton, Solomon BURKE), le saxophoniste Gene Dinwiddie (ex-Paul BUTTERFIELD, BB KING, Todd Rundgren) tandis que Terry a concocté un répertoire passe-partout s’intégrant dans l’air du temps.

"Woman (Shake Your Booty)" pourrait synthétiser à lui seul le concept de l’album : des combinaisons de Soul Funky épicée de cuivres et du Disco destiné aux amateurs de dance floors, l’environnement des discothèques et des clubs n’étant pas négligeable en terme de vente. Sous couvert de cuivres rutilants et d’une gratte funky tape à l’œil, Etta JAMES incite son auditorat féminin à remuer son corps ou du corps (c’est selon). Une idée très tendance, puisque les Floridiens de KC & SUNSHINE BAND faisaient danser la planète avec un concept approchant mais ô combien plus groovy et accrocheur !
Elle reprend "A Love Vibration", une petite pépite d’Ann PEEBLES, sauf que l’orchestration et les arrangements souffrent nettement en comparaison de l’original. On ne remplace par la virtuosité de la Hi Section et la qualité des arrangements de Willie Mitchell, l’un des grands maîtres du Memphis Sound, d’un coup de baguette magique. En fait, la reprise d’Etta JAMES, c’est un peu comme s’empiffrer un burger chez McDo et déguster une viande de choix chez Bocuse. Le jour et la nuit.
A l’écoute de "Only A Fool", on se dit qu’Etta revient dans la cour des grands, sauf qu’il s’agit là d’une vulgaire refourgue figurant dans l’album éponyme de 1973. Même chose avec "Leave Your Hat On", une somptueuse reprise de Randy NEWMAN. Ces deux titres sont certes excellents mais pourquoi nous les avoir refourgués une seconde fois ? Libre à chacun d’y voir une maladresse ou une tromperie.
Le remuant "Little Bit Of Love" * se rapproche fortement du répertoire du KC & SUNSHINE avec des chœurs à profusion, des cuivres qui n’ont pour but que de nous faire gesticuler, une imitation de la Soul Pop floridienne. Au rayon des reprises bien ratées, "Groove Me" se taille une place de roi. On ne retrouve à aucun moment la sincérité de King Floyd, pire la version des BLUES BROTHERS nous paraît cent fois plus groovy, un comble pour une chanson dont le titre se veut groovy.
Changement de formule avec "Jump Into Love" : cette fois, les chœurs sont mâles et Etta se fait lascive, une démarche en droite ligne avec Donna SUMMER et consorts. Un titre au final très moyen.
"Blinded By Love" ** diffuse une tonalité bancale, on a l’impression que les belligérants ne savent pas sur quel pied danser, tanguant constamment entre un Funk en plastique et du Disco non mélodique. Une version bien moins captivante que celles de Johnny WINTER, SAM & DAVE ou COLD BLOOD. Cette création d’Allen Toussaint méritait mieux.
Impression similaire avec "Ain’t No Pity in the Naked City" une compo de Buddy Scott ; si Etta JAMES pousse sur son organe vocal, privilégiant une tonalité plus rauque, la version perd toute la sensualité de l’original de Jackie Wilson, une version surproduite et brouillonne qui nous semble également inférieure à celle que Pat Lundy enregistrera deux ans plus tard.

Au moment de faire les comptes, l’addition risque de paraître salée. Produit sans subtilité, le disque souffre d’arrangements et d’accompagnements quelconques. Le répertoire s’avère plutôt balourd, les reprises largement inférieures aux originaux, certes Etta JAMES tente vainement de pousser son timbre en essayant de faire passer des émotions mais, au final, ce qu’on garde à l’esprit, c’est que la production et les accompagnateurs sont restés le cul entre deux chaises, se brinquebalant dangereusement entre un Funk démodé, du Disco pas vraiment dansant et les reliques d’une Soul seventies qui n’a jamais réussi à s’émanciper du R&B sixties. Hormis les deux refourgues, il n’y a ici rien de bon à se mettre sous la dent. Le disque a été réédité en CD en 2013 par Kent Soul avec 10 titres bonus.

*Titre homonyme à ceux de Free et Enda Russell.
**Titre homonyme à la compo' de Doc Pomus/Mort Shuman.

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- Etta James (chant)
- Ken Marco (guitare)
- Walter Morris (guitare)
- Tommy Keith (guitare)
- Brian Ray (guitare)
- Chuck Rainey (basse)
- Fred Beckmeier (basse)
- Jonathan Williams (basse)
- Bernadette Randle (claviers)
- William Smith (claviers)
- Ron Rancifer (orgue 1)
- Ron Stockert (clavecin 1)
- Brian Cuomo (piano)
- Clarence Oliver (batterie)
- Kenny Rice (batterie)
- Paul Mabry (batterie)
- King Errisson (congas, percussions)
- Gene Dinwiddie (saxophone)
- Keith Johnson (trompette)


1. Woman (shake Your Booty)
2. A Love Vibration
3. Only A Fool
4. Little Bit Of Love
5. Groove Me
6. Jump Into Love
7. Leave Your Hat On
8. I've Been A Fool
9. Blinded By Love
10. Ain't No Pity In The Naked City



             



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