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POST PUNK  |  LIVE

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1986 Album
2023 End Of World
 

- Style : Virgin Prunes
- Membre : Leftfield, The Sex Pistols , Siouxsie And The Banshees, Magazine, Painkiller

PUBLIC IMAGE LIMITED - Paris Au Printemps (1980)
Par PSYCHODIVER le 28 Avril 2022          Consultée 945 fois

Y'en a vraiment qui n'ont honte de rien.

Au cours de l'émission 'Vinyle' diffusée sur la défunte France O, Matthieu Kassovitz (cinéaste respectable et bad boy charismatique pour certains, faux rebelle mais vraie racaille du 16ème pour d'autres) y est allé de son histrionisme pathologique, entre deux commentaires à ras-les-pâquerettes sur Ennio MORRICONE (Kasso, on ne t'a pas attendu pour comprendre que feu papy Ennio était un très grand monsieur) et un autre portant sur le Nevermind The Bollocks des SEX PISTOLS. Kassovitz affirmait avoir vu le quatuor en concert à Paris en 1977 avec les BÉRURIERS NOIRS et avoir été en admiration devant Sid Vicious et son t-shirt à svastika (curieux de la part d'un type qui veut exterminer des nazis qu'il voit partout).

Pourquoi vous faire part de cette anecdote ? Parce qu'elle est essentielle pour comprendre l'essence d'une œuvre aussi perturbée que Paris Au Printemps. Et surtout parce qu'il n'est pas possible que Kassovitz ait pu assister à un concert des PISTOLS en 1977 (et encore moins à un concert des BÉRUS qui ne se sont formés que l'année suivante), les Anglais n'ayant joué en France qu'en septembre 1976, deux dates au Club du Chalet Du Lac, alors qu'ils étaient encore d'illustres inconnus. De deux choses l'une : soit il a vu le CLASH (régulièrement sur la capitale à l'époque) ou les DAMNED en 77 (le concert sanguinaire des Bains Douches en octobre, mais un mome de 10 ans n'y aurait pas survécu), soit (et c'est de loin l'option la plus crédible), il a fait parti du public de bœufs des beaux quartiers comme de la banlieue rouge qui ont rendu exécrables les deux soirées de janvier 1980 durant lesquelles furent saisies les pistes de Paris Au Printemps (encore un peu et il nous disait avoir vu JOY DIVISION en 1988 avec BAUHAUS en première partie).
Ce n'est un secret pour personne, la France n'a jamais été véritablement une terre fertile en matière de rock. L'absence d'un personnage comparable à l'immense John Peel dans le paysage médiatique français comme la main mise sur la contre-culture de pitres, mythomanes et autres fausses valeurs comme Kassovitz sont révélatrices de la pauvreté musicale du pays en ce qui concerne un genre que seuls les anglo-saxons maîtrisent sur le bout des doigts. Une pauvreté dont les symptômes se traduisent par une presse souvent à la ramasse et un public en partie composé de paumés en manque de 'héros' ou de schizophrènes qui veulent du changement tout en crachant sur l'audace et de l'intégrité tout en blâmant l'anticonformisme lorsqu'il applique le do it yourself au premier degré.

Et P.I.L dans tout ça ?
L'après "Metal Box" ne fut pas une période de stabilité et de sérénité pour le gang de John Lydon. Malgré l'enrôlement comme batteur de ce monstre sacré de Martin Atkins, Jah Wobble qui n'a jamais été aussi dangereux qu'en 1980 et Keith Levene rongé par l'héroïne, entretiennent des rapports plus que houleux. En ce sens, Paris Au Printemps constitue un vestige légitime de cette époque troublée. Des circonstances d'enregistrements désastreuses avec un groupe à deux doigts d'imploser. Un public d'animaux sans cervelle et de keupons du dimanche juste venu entendre "God Save The Queen". Keith Levene qui reçoit des litres de glaviots en pleine poire et qui en représailles allume du parigot au hasard à coup de guitare dans la gueule. John Lydon qui se pointe avec une demie heure de retard, invective le public, joue quasi intégralement dos à ce dernier, menace de quitter la scène et refuse un quelconque rappel. Un son calamiteux qui ne rend pas justice à des morceaux peu nombreux : Paris Au Printemps est à P.I.L ce que Metallic KO était aux STOOGES. Un live brut, exécuté dans une ambiance plus délétère tu meurs, en guise de baroud d'honneur d'un groupe déjà foutu après à peine trois ans d'existence. John est catégorique au sujet de ce live : c'est un mauvais album. Une compilation de bootlegs démembrés, interprétés par des musiciens pas franchement investis, et publiée dans le seul but de couvrir les dépenses liées à l'enregistrement de la Metal Box. Est-ce la vérité ? Oui et non.

Oui : la production laisse à désirer sur 90% du set et certains morceaux ont été amputés et rafistolés. C'en est flagrant sur "Theme" qui ouvre l'album d'une bien mauvaise façon. On en vient à regretter l'ouverture à la basse comme le mur de guitare bruitiste ultra-violent de la version studio. Ici, les minutes paraissent des siècles tant le morceau est décharné. Même le chant de John semble avoir été dépouillé de sa virulence. Seule l'apparition des synthétiseurs à la fin apportent un sursaut créatif bienvenue. "Attack", pas agressive pour un sou, subit de plein fouet la dévitalisation qui plombe le disque. Quant au je-m'en-foutisme lénifiant du groupe: il est palpable tout au long du show (cela dit, Jah Wobble qui fait le con avec sa quatre cordes en intro de "Bad Baby", sabotant au passage le "Satisfaction" des STONES, ça vaut le détour). Impossible également de passer sous silence la laideur de la pochette signée Lydon (alors c'est un Bigfoot, un lama et un canasson avec des problèmes dentaires qui font un photomaton) comme la traduction de tous les titres des chansons en français. Entre des conversions élaborées ("Chant" devient "Psalmodie") et des V.F québécoises à mourir de (honte) rire ("Bad Baby" devient "Sale Bébé" et "Poptones": "Timbres De Pop" ): nous sommes servis.

Non : quelques interprétations parviennent à tirer leur épingle du jeu, en dépit de cette production sortie d'un dictaphone d'occasion. "Chant" n'est pas dépossédée de sa folie furieuse consubstantielle et sa rythmique militaire fait toujours mouche. "Careering" (avec ses bidouillages/grésillements synthétiques à filer le frisson) tient la route malgré son étirement sur 7 minutes et des poussières qui auraient pu lui être fatal. La méchanceté de "Low Life" sait toujours appuyer là où ça fait mal. Quant à "Poptones", située en dernière piste, c'est une véritable descente aux enfers à laquelle nous convie le groupe. Hypnotique et insidieux, le post punk de P.I.L a rarement sonné aussi malsain que sur cette version. Son final abrupte nous laisse hanté par un sentiment de malaise qui ne s'effacera pas de sitôt.

PUBLIC IMAGE LIMITED venait de brûler sa première vie. Jah Wobble, sans doute lassé de devoir passer ses nerfs sur les chambres d'hôtels et de balancer des télévisions par les fenêtres, quitte le groupe pour mieux exercer ses talents au sein d'une world music embryonnaire. John, Keith et Martin pouvaient-ils espérer s'en sortir avec la perte d'un allié aussi destroy que précieux ? La suite des événements allait nous démontrer que, toujours, il y a une issue, quand bien même celle-ci n'est pas la plus agréable. Et Dieu sait que la cueillette des orchidées romantiques n'est pas sans risque pour ceux qui s'y adonnent.

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   PSYCHODIVER

 
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- John Lydon (chant)
- Keith Levene (guitare/clavier)
- Jah Wobble (basse)
- Martin Atkins (batterie)


1. Theme (thème)
2. Chant (psalmodie)
3. Careering (précipitamment)
4. Bad Baby (sale Bébé)
5. Low Life (la Vie Ignoble)
6. Attack (attaque)
7. Poptones (timbres De Pop)



             



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