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1986 Album
2023 End Of World
 

- Style : Virgin Prunes
- Membre : Leftfield, The Sex Pistols , Siouxsie And The Banshees, Magazine, Painkiller

PUBLIC IMAGE LIMITED - This Is What You Want This Is What You Get (1984)
Par PSYCHODIVER le 25 Mai 2022          Consultée 1526 fois

Evacuons les formalités d'emblée. Oui, ce disque est considéré par la plupart des mélomanes et par les fans comme le pire opus de PUBLIC IMAGE LIMITED. Disque pop hideux, mal produit, parodie de tout ce que la bande F.M a pu proposer de pire dans la décennie 80. On a tout entendu à propos de cet album. Il est d'ailleurs plus conçu autour de la seule personne de John Lydon que d'un véritable groupe. Habitué depuis 1982 à bosser avec des musiciens de session, bien que toujours flanqué de Martin Atkins (mais plus pour longtemps), Lydon ne voit pas l'intérêt de stopper une formule qui a prouvé son efficacité au moment du Live In Tokyo.

This Is What You Want This Is What You Get doit son statut de mal aimé en partie à ses origines tumultueuses. Il est en effet né de la fameuse controverse de la Commercial Zone, un 33-tours destiné à succéder au terrible The Flowers of Romance de 1981, mais dont la conception fut mise à l'arrêt, le temps pour John de se débarrasser de Keith Levene ruiné par son addiction à l'héroïne. C'était sans compter Levene qui emporta avec lui une poignée de pistes qu'il modifia (légèrement) et intégra à son propre album qu'il intitula Commercial Zone, son objectif étant de le sortir sous l'étiquette PUBLIC IMAGE LIMITED avec l'accord de Richard Branson. Lydon et Atkins parvinrent à récupérer les pistes volées pour les arranger à leur sauce. Au même moment, John avait été chargé de composer la bande originale de Copkiller, polar crasseux dans lequel il se mesurait à Harvey Keitel et qui, à bien des égards, anticipe l'infernal Bad Lieutenant d'Abel Ferrara. Cependant, les travaux sur la partition s'effectuant principalement par téléphone (pratique), c'est finalement à Ennio MORRICONE que revint la tâche de signer cette bande son. Toujours est-il que John garda sous la main les titres qui devaient figurer sur cette B.O. Si on ajoute à cela une ambiance générale des plus chaotiques (mais avec PIL on commence à en avoir l'habitude) où selon les dires de John, les zicos prenaient en compte toutes ses idées, y compris celles que l'on qualifiera de merdiques, on obtient un disque inclassable, certes à des années lumière d'un quelconque sommet artistique, mais tout ce qu'il y a de plus écoutable. Quand bien même il faille se coltiner dès le départ les plus horripilantes versions existantes de "Solitaire" et surtout du légendaire bras d'honneur sonique "This Is Not A Love Song" (ces cuivres mon dieu, insoutenables, préférez de très loin la version single et celle de "Live In Tokyo"). On ne sauve de ce trio d'ouverture qu'un "Bad Life" assez réussi (mais là encore, c'est sur Live In Tokyo qu'il atteint son paroxysme) et qui donna lieu à un vidéo clip à mourir de rire, tant le mépris pour une MTV naissante suinte par tous les pixels et le plaisir sincère qu'il dégage fait un bien fou. Un véritable boxon qui prouve qu'avec deux rideaux, trois ou quatre projecteurs, vingt litres de fumigène et une chorégraphie faite à l'arrache avec un Atkins pété comme un coing (speedé ? Les deux à la fois ?) et un John en forme, on peut réaliser un clip dément. Pas besoin de zombies qui dansent, d'effets de morphing ou de rassembler tout le gratin d'Hollywood sur un plateau.

Voilà pour le premier quart de l'album. Parce que le reste, attention, c'est tout sauf du radio compatible. L'atmosphère dans laquelle baignent les morceaux suivants n'est en rien comparable à l'ouverture décomplexée du disque. Le climat est solaire mais en même temps glacial et mortifère. Comme si la bande de Gaza se retrouvait en un claquement de doigts transposée à Beverly Hills. This Is What You Want This Is What You Get a beau être moins abrasif que les premiers travaux de PIL, il n'en demeure pas moins sombre et torturé. La faucheuse est omniprésente. La déshumanisation ultralibérale en plein essort en cette veille du Nouvel Ordre Mondial y est dépeinte telle une gangrène qui rampe sans grand mal vers tout ce qu'elle peut consumer. Des effluves moyen orientaux de "The Pardon", où la basse délivre des pulsations inquiétantes, de "Where Are You" (sorte de fanfare pour junkies dickiens qui se transforme en émeute avec un John pas avare en vocaux de cinglé) et "1981" (une chute de studio de l'époque des "Flowers of Romance") à l'urbain et angoissé "Tie Me To The Lenght of That" (on se croirait revenu à la "Metal Box", l'espace de 5 minutes), ces compos nous sont clairement hostiles et celui qui pensait tomber sur un ersatz de KAJAGOOGOO ou DEAD OR ALIVE (histoire de mentionner les pires bouffons de la décennie 80) ne sortira pas indemne de son écoute.

Une inexorable marche funèbre saveur Bhopal/Sabra & Chatila qui s'achève sur "The Order of Death", joyau noir post-punk-electro-indus consacrant la lente agonie du monde moderne, consumériste et irresponsable. Claviers et guitare crépusculaires, percussions impeccables, voix d'outre-tombe soulignant la fataliste prédiction répétée ad nauseam qui donne son nom à l'album. Ce morceau, l'un des plus grands de PIL, restera à l'instar de "This Is Not A Love Song" l'un des plus exploités médiatiquement. Une exploitation qui jusqu'alors n'a en rien souillé la cruelle beauté de ce bijou. On retiendra parmi ses utilisations les plus inspirées sa présence dans la B.O du "Projet Blair Witch" et dans celle de LA série des années 80, à savoir : "Miami Vice" (Michael Mann n'a jamais déçu en matière de recours à la musique dans ses mises en scène).

This Is What You Want This Is What You Get ne sera jamais le meilleur album de PIL. Mais il serait bon de l'affranchir une bonne fois pour toutes de son statut de purge. Il faut percevoir ce cru de 1984 comme un manifeste anti-moderne, qui détourne sans être subtil à tous les coups mais avec une détermination certaine, les codes de son époque pour les retourner contre elle. Une démarche à la Metal Machine Music qui phagocyte des caricatures à peine exagérées du mainstream 80's, voilà ce qu'est réellement ce curieux disque plus attachant qu'il n'y paraît.

Comment remonter la pente après la publication d'un tel pied-de-nez suivi de la dislocation d'un semblant de groupe dont seul le leader s'en sortira, blessé mais vivant ? Quand on s'appelle John Lydon, il faut s'attendre à tout. Rendez-vous en 1986. Promis, ça vaut la peine de patienter.

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   PSYCHODIVER

 
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- John Lydon  (chant / basse / violon / cuivres / claviers)
- Martin Atkins  (batterie / guitare / claviers)
- Colin Woore (guitare)
- Louis Bernardi (contrebasse)
- Richard Cottle (claviers)
- Gary Barnacle  (cuivres / claviers)


1. Bad Life
2. This Is Not A Love Song
3. Solitaire
4. Tie Me To The Length Of That
5. The Pardon
6. Where Are You
7. 1981
8. The Order Of Death



             



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