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ROCK ALTERNATIF  |  STUDIO

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1986 Album
2023 End Of World
 

- Style : Virgin Prunes
- Membre : Leftfield, The Sex Pistols , Siouxsie And The Banshees, Magazine, Painkiller

PUBLIC IMAGE LIMITED - That What Is Not (1992)
Par PSYCHODIVER le 18 Août 2022          Consultée 787 fois

Vous savez ce qui est le pire pour un groupe qui fut pendant dix ans une référence absolue ? D'être un jour estampillé 'dinosaure' par des merdeux épaulés par des gratte-papiers embourgeoisés jusqu'à l'os et qui portent des t-shirts à l'effigie du groupe en question, qu'ils assassinent avec un plaisir qui fait froid dans le dos. Cette douloureuse épreuve, PUBLIC IMAGE LIMITED l'a passée en 1992. En ce début de nouvelle décennie musicale, c'est le culte de la saturation qui domine. PIXIES, ALICE IN CHAINS, SONIC YOUTH, NIRVANA (Kurt Cobain n'était-il pas un inconditionnel de "The Flowers Of Romance" ?). Le rock alternatif et le grunge ont fait table rase de toute une génération bling bling / paillettes / permanentes, balayant au passage les quelques combos digne d'intérêt qui s'y étaient frayé un chemin non sans mal. Y compris PIL. John Lydon et ses hommes n'avaient pas quitté les 80's sur une bonne note avec leur 9 bien trop aseptisé et qui laissait présager un basculement mortel vers l'easy listening. Il leur fallait désormais tenir tête à des hordes entières de néo-rockeurs excités et peu partageurs. L'exercice serait rude. Et cette âpreté, That What Is Not la reflète bien.

Bruce Smith a fini par mettre les bouts. C'est un trio fragile mené par Mister Lydon, suivi des survivants John McGeoch et Allan Dias, qui entre en studio, secondé par le batteur et requin de sessions à la polyvalence accomplie Curt Bisquera ainsi que par le guitariste Gregg Arreguin. C'est à Dave Jerden qu'incombe la tâche de donner corps au seul opus 90's des vétérans de l'afterpunk. Avec comme producteur l'homme derrière l'éponyme de SOCIAL DISTORTION et bientôt à l'origine du terrible Dirt d'ALICE IN CHAINS : PIL s'est souvenu qu'il fait avant tout du rock, pas de la variétoche. Tout porte à croire que John ait gardé en tête la première nature heavy métallique avortée de 9|fi] pour ensuite l'appliquer à That What Is Not. Sans pour autant sonner comme un album de FAITH NO MORE ou PANTERA, ce disque dépote. Les riffs et interventions dopés à l'adrénaline pleuvent sans cesse. McGeoch, le grand, est en symbiose constante avec sa six corde. Le père de ces pierres angulaires de l'histoire du riff que sont "The Light Pours Out Of Me" et "Rythm of Cruelty", érige un mur de guitare infranchissable, tandis que John ne ménage pas sa voix et que la rythmique tabasse comme il faut. Là-dessus, le groupe ne commet pas les mêmes erreurs que sur le bien trop sage et infantilisant 9. Tout ceci, fort bienvenu, permet à l'auditeur de remuer sa caboche voire de frissonner l'espace de quelques secondes. Mais...

Oui, il y a un mais que l'on ne peut passer sous silence : à trop vouloir rivaliser avec les grungeux et les ténors de la scène alternative, PIL se rabaisse à leur niveau. Sa musique en ressort impactée et sa force évocatrice diminuée. À qui la faute ? À Lydon qui n'a jamais eu peur de sortir des sentiers battus quitte à se perdre en chemin ? À Jerden qui excelle dans le domaine de l'alternatif tendance métal mais qui visiblement n'a pas su trouver le son adéquat à un groupe comme PIL ? Le fait est que les Anglais se sont jetés sans trop réfléchir dans un genre qui leur est étranger et qu'ils ne peuvent pas transcender. Leurs compatriotes de KILLING JOKE feront de même deux ans plus tard avec leur décevant, métallique et lourdingue Pandemonium. Pour faire simple, l'ensemble manque d'âme. Voilà, le mot est lâché. Quoi que l'on puisse penser de PUBLIC IMAGE LIMITED, le groupe a toujours su proposer une musique vivante, charnelle et viscérale. Dans l'exploration de 'l'autre côté' comme dans la désinvolture destroy, le son de PIL ne faisait que restituer, matérialiser les multiples facettes de l'âme de John Lydon, qui est tout, sauf une coquille vide. Or, les sonorités des 90's n'autorisent pas l'émotion. C'est un fait. À l'époque, à moins de s'appeler Black Francis, Jerry Cantrell, Mike Patton ou Trent Reznor, impossible de faire surgir la moindre once de vie d'un instrument rock traditionnel. C'est la colère qui prime. Sauf que, la matière sans l'esprit n'est rien.

Malgré tout, PIL ne propose pas un album raté ni en forte demie-teinte. Juste un album curieux, sans réel tube potentiel et tiraillé entre attitude monolithique et 'do it yourself' à l'ancienne. Une galette où chacun peut piocher la part qui convient le mieux à ses préférences : simili rock US ou bizarreries inclassables. Pour ma part, l'ouverture est plutôt satisfaisante avec l'efficace et corrosif "Acid Drops" (ha ha) qui s'achève sur un sample d'un "No Future" bien connu. L'excellent et faussement atmosphérique "Cruel" fleure bon les meilleurs moments de Album et Happy. "Emperor" renvoie lui aussi aux essentiels opus de 1986/1987 mais avec un côté hair metal sur le retour façon AEROSMITH (j'aurais préféré un faux air de WASP mais bon). Le très agité "Love Hope" tient la route. Quant au conclusif "Good Things", essayez de vous imaginer un compromis entre la MANO NEGRA et les OST les plus exotiques de Super Mario Bros. Il ne manquait plus que des extraits du rire dévastateur du regretté Juan 'Risitas' Borja et c'était l'apothéose latino. Un pur délire (et quels textes !) qui s'impose comme l'un des titres les plus réussis d'un disque correct, mais pas assez PIL. Un signe qui ne trompe pas : Mister Lydon n'est même pas crédité au casting responsable du disque.

Perfide et rancunière, la presse, qui jamais ne fut acquise à la cause du groupe (qui le lui rendait bien), ne se priva pas de le tailler en pièce. Argumentant d'un prétendu renoncement artistique de la part de Lydon, désormais prisonnier d'une fainéantise pathologique et condamné à recycler pour l'éternité son post-punk. Virgin refusant de verser un sou pour la tournée 1992/1993, John la finance de sa poche avant de prendre une décision lourde de conséquences : la dissolution de PUBLIC IMAGE LIMITED.

Et voilà le rouquin impayable parti pour une 'pause' de vingt ans. Entre un disque solo orienté electro-rock non conventionnel (Psycho's Path en 1997), des reformations des SEX PISTOLS pour le fun et sans doute pour emmerder un monde de moins en moins porté sur le rock et désormais dévoué aux revival indigestes (John qui s'égosille sur une reprise bordélique à souhait de "Silver Machine" de ses idoles d'HAWKWIND, ça fait toujours du bien mais c'est vraiment histoire de déconner) et la rédaction d'une autobiographie en béton armé, John tuera le temps à sa façon jusqu'à l'aube des années 2010, où sa soif de reprendre d'assaut les scènes du monde se fera insatiable.

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   PSYCHODIVER

 
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- John Lydon (chant)
- John Mcgeoch (guitare)
- Gregg Arreguin (guitare)
- Allan Dias (basse, claviers)
- Curt Bisquera (batterie)
- Tower Of Power (cuivres)


1. Acid Drops
2. Luck's Up
3. Cruel
4. God
5. Covered
6. Love Hope
7. Unfairground
8. Think Tank
9. Emperor
10. Good Things



             



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