Je vous préviens d'emblée, la tonalité de cet album n’a rien à voir avec l’esprit rock dominant du premier album éponyme de la belle. Cette fois, Marty et son fils Ricky se sont concentrés sur l’utilisation des synthés, comme il se doit en cette année d’explosion de la synthpop, rien d’extraordinaire. Nous allons donc voir si ce changement d’orientation est positif. Cette fois d’ailleurs, on ne fait pas dans la dentelle, Kim apparaît seule sur la pochette, exit les têtes de nœud bon à rien vendre de son groupe. La famille Wilde parie sur le physique de la petiote. Le calcul semble bon, elle est plutôt mimi et le public ne va d’ailleurs pas s’y tromper.

Bien sûr, nous touchons du doigt le classique immuable de cette année avec "Cambodia"… ok, je vous l’accorde, les nappes de synthé, le beat simpliste, c’est très simple. Trop ? Mais Kim parvient à imprimer un climat spécial a ce titre qui connaîtra un grand succès de par le monde. On se souvient tous du refrain. Une petite merveille que tout le monde a chantonnée au moins une fois dans sa vie. La guitare du frangin retentit cette fois fort à propos, un titre qu’on se plaît à adorer, même après toutes ces années. Le suivant "View From A Bridge" est sans-doute un peu daté aujourd’hui, mais si le ton a une certaine classe avec son refrain bien froid, la rythmique de gratte semble toutefois un peu hors des clous. Le 3eme single ici présent ne figurait pas sur l’album au départ. La petite mélodie celtique de "Child Come Away" nous plonge dans une transe synth- wave assez géniale. Le chant de Kim y est excellent et le trip de la composition est juste délicieux. "Cambodia" exceptée, voici mon favori de l’album. Malheureusement, Il passe relativement inaperçu dans les charts où il pointe à la 43ème place.

Si on excepte les singles, de bonne qualité, quelques titres me semblent remarquables. On débute par "Action City" qui se situe dans le ventre dur de la new-wave des eighties. L’ensemble a une jolie tête et l’ambiance un petit côté épique. Très sympa. Quelques petite résurgences punky se font sentir sur "Can You Come Over", qui sonne à nouveau comme un titre de BLONDIE. Les choeurs y sont pour beaucoup, de même que le chant de la blondinette. A bien y réfléchir, ce titre me botte et amène sa part de gaieté, ce qu’on attend souvent des colorés années quatre-vingt ! Une gratte aventureuse amorce "Watching For Shapes", la compo reste équilibrée avec un joli solo acoustique. "Take Me Tonight" serait un bon symbole de cette new-wave qui a tellement écorché les oreilles des fans des seventies ne jurant que par une musique sérieuse et technique. Ici, pour sûr, nous avons des synthés bontempi bien pompiers, une boîte à rythme immuable, un solo de synthé à un doigt et une petite Kim qui a bien du mal à tenir la distance au chant. Enfin, "Bitter Is Better" est une petite mélodie pop sympa.

Pour le reste, on est plutôt mal, rien de bien sympa à se mettre sous l’esgourde. "Ego" me semble quelque peu transparent, de la new-wave en mode synthpop pas vraiment convaincante. "Worlds Fell Down" est encore un chouette spécimen de la musique de l'époque où j’ai commencé à écouter la radio sérieusement. Le titre se laisse écouter mais ne présente pas grand intérêt et les bruitages sont vraiment dépassés. Les synthés de "Just A Feeling" sont lourdingues. La jeunesse d’aujourd’hui en vomirait presque, une indigestion de synthés, mais le refrain n’est pas vilain et se laisse écouter. "Chaos At The Airport" a mal vieilli, trop de synthés finit vraiment par nuire au style. A l’époque, on s’en foutait, mais dès que la compo craint, ça devient difficile à écouter. Clairement, "Wendy Said" manque de fond, le chant de la petite est fragile et la composition est un petit filler de derrière les fagots, alors que "Just Another Guy" est carrément faiblarde.

Il est évident que si cet album symbolise l’accession de Kim WILDE à la première division des chanteuses de l’époque, il n’en demeures pas moins qu'il est rempli à moitié de filler. Pas de la daube mais pas non plus à retenir et encore moins à conseiller. On peut en revanche se contenter d’une moitié plutôt bien foutue avec les trois singles dont le magnifique "Cambodia" et le mésestimé "Child Come Away" qui mérite son écoute. Les titres plus rock emportent mon adhésion alors que les plus synthpop sont presque difficiles à écouter aujourd’hui. La note, grâce aux singles, est donc de trois étoiles, mais le premier opus est bien plus recommandable.