Nous avons assisté au retour peu attendu de la belle Kim WILDE quelques années plus tôt. Le temps passe et cette fois, figurez-vous que notre icone des années 80 est tout proche des 50 printemps. Dingue, non ? On se souvient du précédent opus, véritable petite merveille gorgée d’énergie, un mix de tradition et de nouveautés avec des reprises judicieusement remises au goût du jour. Nous sommes donc en droit d’attendre une livraison de la même trempe. Nous remarquons immédiatement la pochette qui présente une artiste musicienne dans une ambiance de répétition, ce qui est de bon augure pour l’écoute à venir. Comme pas mal d’autres stars des eighties – Bonnie TYLER -, Kim profile son album pour le marché allemand, amateur du genre, l’heure est à la survie.

Deux singles sortent en amont du disque pour provoquer l’intérêt des masses. Tout d’abord, c’est à la rythmée "Lights Down Low" d’imposer une marque quasiment hard-rock, en tout cas AOR pour cette nouvelle aventure. Gros synthés eighties, ambiance grandiloquente, grattes énormes, une recette qui a fait ses preuves, pas mal. Le suivant, "Real Life", lorgne plus du côté d’une new-wave assez classique nantie du gros son du présent. La voix de Kim en progrès constants illumine bien ce titre finalement simple mais efficace. Bon… 34eme et 10eme… pas si mal… mais en Allemagne. C’est salé, Kim est oubliée jusque dans son pays natal.

"King Of The World" ouvre cette nouvelle offrande, et ma foi, les gars, quelle déflagration ! Difficile de faire du rock pas prise de tête avec un maximum d’efficacité et là pas de doutes c’est exactement ça, un petit chef-d’oeuvre de mélodie servi par des grattes explosives et un rythme trépidant, peut-être le meilleur titre de Kim depuis "You Came", ce qui n’est pas rien, d’autant que la chanteuse défonce le micro bien comme il faut ! Guitare rageuses et encore un refrain de haute tenue sur "Get Out" qui s’inscrit à merveille dans le cortex. Quel pied et quel dommage que ce genre de compo n’aient pas vu le jour dans les eighties ! Je ne vous raconte pas le flambard que ça aurait fait ! On replonge dans les influences primaires avec le rock’n’roll à la BLONDIE qu’est "Party On The Brink". C’est tout gai, avec un refrain de superbe volée et des choeurs doowop sublimes, l’éclate quoi ! Une compo de Nick Beggs, le fabuleux bassiste dreadlocké des KAJAGOOGOO.

Mais, on ne s’arrête pas là pour autant : si vous ne retenez pas le refrain de "I Want What I Want", c’est que vous êtes sourds, non ? Bien sûr y a un beat de synthé, mais la Kim s’arrache bien. Notre petite jardinière est devenue une jolie petite fleur du rock. Quel sublime refrain, non ? La science du refrain continue et joue à plein sur "Hey You" qui se retient drôlement bien. On sent la confiance accumulée au fil des ans par la blondinette sur un morceau bien pêchu comme "This Paranoia", à la lisière de la pop pour ses aspects mainstream, son refrain lumineux, et du rock pour ses belles guitares et son agressivité. "Suicide" nage en pleine new-wave, toujours avec les moyens des années 2000. Le résultat est une fois de plus à la hauteur, avec de petites réminiscences de Billy IDOL un peu partout. C’est drôle, non ? Surtout avec un titre pareil ! Une belle rythmique sur "My Wish Is Your Command" guide la chanson dans un dédale d’influence punky et rock’n’roll. On sent que la Kim a été élevée dans la perfide Albion des seventies ! Les grattes y sont géniales.

L’album est gorgé jusqu’à la moëlle : Kim est seule au piano sur la surannée "Jessica", aux intonations passéïste, une petite merveille qui eût pu appartenir au répertoire de QUEEN. Ouais, rien que ça, c’est court et exquis et Freddie en aurait été fier. "Addicted To You" nous balance une sauce très nineties, proche des thèmes de ROXETTE. Il n’y a finalement pas tant de groupes que ça qui pratiquent cette zique au plus haut niveau. Le refrain est encore mémorable, Kim se joue de nous ! "Snakes And Ladders" nous renvoie à une pop sympa et sans prise de tête, mélodique et bien mainstream, avec de jolies grattes limpides.

Quelques passages sont à peine moins excellents, mais on reste toujours sur de la bonne came, ainsi vous vous en doutez, les slows aussi killer soient-ils n’auront pas pour moi la même saveur. Mais "Love Conquers Al" ne démérite pas pour autant, c’est certes un peu larmoyant mais avec la participation de Nik KERSHAW. L’épique et très BO "Greatest Journey" aux grosses percussions est un duo avec Glen GREGORY, pas indispensable. Nous avons une guitare folky sur "Loving You More" pour un petit titre aux consonnances plus pop. Enfin, "Carry Me Home" est simple mais garde une part d’efficacité dans le joli chant de Kim.

Bien, le constat est clair, Kim WILDE fait de la super zique depuis son retour lors du précédent album. Qu’elle ait du succès ou pas n’a rien d’un révélateur. Nous sommes en 2010 et la musique mainstream a quasiment déjà arrêté de produire de la qualité pour se concentrer sur de la consommation vulgaire et insipide. Hélas, c’est la dure réalité, Kim se bat bien, donne carrément le change, mais qui s’y intéresse à part quelques die hard fans des eighties ou quelques curieux ? Pour vous donner les chiffres, cet excellent opus va se vendre à hauteur de 80 000 exemplaires en Europe. C’est pas si mal pour l’époque, mais comparer cela avec les millions vendus 30 ans plus tôt, c’est tout de même étrange ! Album très volumineux, mais c’est un superbe quatre, à nouveau ! Bravo Kim !