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- Style : Magma
- Style + Membre : Univers Zero, Thierry ZaboÏtzeff
 

 Art Zoyd (892)

ART ZOYD - Generation Sans Futur (1980)
Par NANAR le 20 Avril 2023          Consultée 534 fois

L’occasion se présente de sortir le bon vieux lieu commun 'L’évolution dans la continuité'. Si Gérard Hourbette et Thierry Zaboïtzeff restent les principales têtes pensantes du groupe, l’instrumentation est renouvelée de moitié. ART ZOYD intègre le saxophoniste Gilles Renard et voit le retour du guitariste Alain Eckert après le premier album. Restent le trompettiste Jean-Pierre Soarez et le percussioniste Daniel Denis. Mais c’est surtout avec cet album qu’ART ZOYD accueille sa nouvelle cheville ouvrière, la pianiste Patricia Dallio, qui fait ici sa première apparition discographique mais joue d’ores et déjà un rôle structurel important.

Au-delà de ces considérations techniques, on peut considérer Génération Sans Futur comme l’héritier stylistique de l’album précédent, du moins en ce qui concerne le morceau-titre final et la longue suite d’ouverture, "La Ville", composée par Gérard Hourbette, qui renouvelle les développements tout en suggestions de Musique Pour L’Odyssée. Des chuchotements, des nappes lancinantes et un rebond de piano expose un univers citadin dont on perçoit le bourdonnement encore lointain mais déjà assourdissant. Puis nous sommes projetés pour de bon dans le labyrinthe de "La Ville". Dès le deuxième thème, nous retrouvons cette construction par assemblage de motifs qui, cette fois, figurent toutes les agressions visuelles, sonores, olfactives, émotionnelles de "La Ville". Sur le troisième thème, la nuisance se fait plus insidieuse. La quatrième partie offre un semblant de calme où l’ombre des arbres et des taillis ferait presque oublier "La Ville" alentour. Le retour à ladite "Ville" n’en est que plus abrupt et urgent, les deux thèmes finaux faits de rythmes pressants, d’harmonies et de mélodies en canon. Les passages les plus torturés de "La Ville" trouvent leurs racines dans le bouillonnement de la "Symphonie Pour Le Jour Où Brûleront Les Cités". Ah, nous sommes loin de l’escapade romancée d’Un Indien dans la ville !

Thierry Zaboïtzeff livre quant à lui deux compositions. Axé essentiellement sur les cordes, "Divertissement" se divise en trois parties, une première qui marque si besoin était l’affiliation classique du groupe, une deuxième plus turbulente, une troisième où le violon est suivi en fugue par le piano et la trompette, et une brève réexposition du thème initial. Après, vient "Génération sans futur" qui donne son nom à l’album et trouve un étrange écho de nos jours. Le premier thème est une belle complainte qui peut dépeindre la torpeur et l’ennui de la "Génération sans futur". La partie suivante, qui offre une nouvelle magnifique mélodie polyrythmique et fuguée, représente alors les jeux et simulacres des uns pour tromper l’ennui, et l’éveil des autres face à un gouffre de misère sociale et intellectuelle. En ces temps de grèves et de manifestations spontanées aux allures de dernière chance, et de la hideur agressive et calomnieuse de la gouvernance, le troisième thème déchaîne une urgence plus que jamais d’actualité. Le retour du deuxième thème prend alors une dimension tragique.

Cet album, ainsi que Symphonie pour le jour où brûleront les cités (1976, 1980), ont la particularité d’intégrer des compositions extérieures au noyau dur habituel (?). Sur le bref "Speedy Gonzalez" de Gilles Renard, on imagine assez bien la souris moustachue et chapeautée avec ces polyphonies espiègles, ces enchaînements rapides, la brève improvisation humoristique au milieu et les effets cartoonesques avant la reprise du thème. Les 'Trois miniatures" d’Alain Eckert proposent comme la titre l’indique trois thèmes distincts qui se succèdent. Le premier est une jolie ballade à cinq temps qui commence par le violon et la guitare à l’unisson. Le deuxième est une composition jazzy où un bref thème de guitare débouche sur une improvisation, le tout reposant sur une incise en accords de septième. Le troisième est un développement du premier, avec une nouvelle improvisation de guitare.

C’est à partir de cette année qu’ART ZOYD a commencé à accumuler des expériences musicales non publiées sur disque à l’époque. La première d’entre elles est un suite en cinq parties pour une dizaine de minutes intitulée "Les présidents". Cette suite introduit, pour la première fois dans l’histoire du groupe, l’usage de boîtes à rythme et de synthétiseurs, parmi lesquels le Casio VL-Tone (1979), l’un des premiers représentants de la fameuse série des Casiotone, des synthétiseurs grand public et bon marché, et qu’on reconnaît bien sur "Aurélia". On trouve déjà sur les mouvements "2" et "Capitaine Némo" le son d’orgue électronique si typique d’ART ZOYD, que l’on entendra dès Phase IV (1982). Pour le reste, l’instrumentation ne diffère guère beaucoup de Génération sans futur. Le style de composition est également différent, plus simple et répétitif mais toujours intéressant, préfigurant le futur album Les espaces inquiets (1983).
Signalons également l’existence d’une quatrième "Miniature" qui fut interprétée en concert à Reims en 1980 mais restée inédite jusqu’à l’anthologie des archives d’ART ZOYD en 2017. "Miniature IV" est plus glauque et dissonante que les trois premières "Miniatures", bien qu’elle soit construite sur la même base. Par instants, nous ne sommes pas loin de "Génération sans futur". Dommage que la captation sonore soit si médiocre.

Cet album est considéré comme le meilleur et le plus accessible de la première période d’ART ZOYD, doublé d’une référence du Rock In Opposition. À juste titre.

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- Gérard Hourbette (violon, violon alto)
- Thierry Zaboïtzeff (violoncelle, basse électrique, voix)
- Patricia Dallio (piano électrique)
- Jean-pierre Soarez (trompette)
- Gilles Renard (saxophones)
- Alain Eckert (guitare)
- Daniel Denis (percussions sur 5)


1. La Ville
2. Speedy Gonzalez
3. Divertissement
4. Trois Miniatures
5. Génération Sans Futur



             



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