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 Art Zoyd (892)

ART ZOYD - Symphonie Pour Le Jour Ou Bruleront Les Cites (1981)
Par NANAR le 22 Avril 2023          Consultée 582 fois

Dans la discographie d’ART ZOYD figurent deux disques aux titres et tracklists identiques, à tel point qu’ils sont régulièrement considérés comme deux éditions d’un même album. Il n’en est rien. Si les albums de 1976 et 1981 intitulés Symphonie pour le jour où brûleront les cités contiennent les mêmes compositions, il s’agit de deux interprétations distinctes, qu’il faut donc considérer séparément.
Les bandes-mères de l’album d’origine ayant été égarées en 1979, Gérard Hourbette décida de le réenregistrer intégralement en juillet 1980. Bien sûr, le personnel et les moyens techniques ont grandement évolué depuis 1976 et le résultat final s’en ressent. Là où l’interprétation de 1976 était particulièrement sèche, rugueuse et brutale, celle de 1980 possède un son d’ensemble plus réverbéré et plus plein.
Le line-up est quasiment le même que sur l’album précédent, Génération sans futur (1980), seul le violoniste Franck Cardon (déjà présent sur Musique pour l’Odyssée) remplaçant Daniel Denis. Ainsi, on retrouve les quatre membres de la formation originelle : Thierry Zaboïtzeff, Gérard Hourbette, Jean-Pierre Soarez et Alain Eckert. Mais sur le plan sonore, c’est le piano électrique de Patricia Dallio qui fait la différence.

Avant d’aborder la longue suite-titre, il convient de rappeler dans les grandes lignes les caractéristiques d’une symphonie. La symphonie est, dans sa définition classique, composée pour un grand ensemble d’instruments et construite en plusieurs mouvements, généralement trois ou quatre, chacun comportant plusieurs thèmes, au contraire de la sonate. Elle n’est pas bâtie autour du dialogue entre un soliste et l’orchestre, au contraire du concerto. Plusieurs thèmes, au cours de leurs expositions et de leurs développements, peuvent s’influencer mutuellement.
Où placer la "Symphonie pour le jour où brûleront les cités" là-dedans? Peut-on seulement l’y placer, Gérard Hourbette ayant été rebuté par l’enseignement académique de la composition? Disons simplement que Gérard Hourbette prend beaucoup de libertés face au modèle classique, mais que la dénomination 'symphonie' n’est pas incongrue. Chaque mouvement de cette 'symphonie' présente une structure circulaire, seul le premier thème étant réexposé et parfois développé. De très nombreux thèmes se succèdent à un rythme déconcertant.
On peut globalement considérer la brutalité des bien nommées "Brigades Spéciales", les trompe-l’oreille et les grotesques simagrées des "Masques", le tout synthétisé dans les "Simulacres", avec de lointaines influences zeuhliennes. La violence de Symphonie pour le jour où brûleront les cités ne tient pas tant dans sa vigueur que dans ses contrastes.

"Deux Images De La Cité Imbécile" se compose, comme son nom l’indique, de deux mouvements (*applaudissements*). Ces deux pièces sont plus anciennes que la "Symphonie" et, selon Gérard Hourbette, ont été développées en concert lorsque le guitariste Rocco Fernandez jouait encore dans ART ZOYD, jusqu’en 1975. Si "Les fourmis" est composé par Rocco Fernandez seul, "Scènes de carnaval" est un patchwork de thèmes composés par Rocco, Gérard et Thierry, développés au fil des tournées et assemblés à l’occasion du premier album.
Le style de Rocco Fernandez diffère forcément de celui de Gérard Hourbette (*applaudissements*). Les "Deux images" présentent une versatilité plus grande encore que sur la "Symphonie", les thèmes s’enchaînent vraiment à toute allure. Les quelques clins d’œil au rock émaillant ces deux pièces en cristallisent l’humour narquois, des traits de guitare zappaïens aux semi-improvisations grotesques, jusqu’à la brève citation de "Sangria", issu du 45-tours de 1971.

Les partitions d’origine sont fidèlement respectées, à quelques détails près, preuve s’il en faut que nous sommes en présence d’œuvres particulièrement abouties et de musiciens accomplis. Comme je l’ai suggéré plus haut, quelques détails changent cependant. Quelques tournures harmoniques sont modifiées : par exemple, dans le cinquième thème de "Brigades Spéciales", la quarte augmentée à la guitare est changée en unisson dans la version de 1980. De même, sur "Les Fourmis", un accord majeur se change en accord de sixième. Les glissandi humoristiques et le premier thème de trompette de "Masques" sont supprimés. La citation de "Sangria" est absente de la version originale et a été ajoutée à la version réenregistrée. Le changement d’instrumentation implique forcément une certaine redistribution des rôles.

"Symphonie pour le jour où brûleront les cités" devint le morceau phare du répertoire d’ART ZOYD et fut à nouveau interprété en concert à plusieurs reprises, en particulier à Maubeuge en 2000 avec l’Orchestre National de Lille. Cette nouvelle orchestration mêlant arrangements orchestraux et sampling donne une nouvelle dimension à l’œuvre, plus dramatique encore. Le final de "Simulacres" est à ce titre brillant.

Cet album, ainsi que les deux précédents, ont été réédités en une compilation 2 CD par Mantra Records, avec une poignée de bonus, le morceau "Sangria" (sans "Something In Love", dommage), "Golf Drouot 1972" et "Manège" (1976), que nous avons déjà abordés dans la chronique du 45-tours Sangria/Something In Love (1971), ainsi que "Ba Benzele" (1985), un morceau solo de Thierry Zaboïtzeff.
Ces trois albums furent également réédités séparément par le label japonais Belle Antique en 2008, avec des bonus différents, des morceaux épars du milieu des années 1980 (les inédits "Archives II" ainsi que "Ba Benzele") dont le style ne s’accorde pas du tout avec les albums originaux. Un choix décidément curieux.

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- Gérard Hourbette (violon, violon alto)
- Thierry Zaboïtzeff (violoncelle, basse électrique, voix, percussions)
- Patricia Dallio (piano électrique)
- Franck Cardon (violon)
- Jean-pierre Soarez (trompette)
- Gilles Renard (saxophones)
- Alain Eckert (guitare)


- Symphonie Pour Le Jour Où Brûleront Les Cités
1. Brigades Spéciales
2. Masques
3. Simulacres
- Deux Images De La Cité Imbécile
4. Les Fourmis
5. Scènes De Carnaval



             



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