Il existe trois compilations de ART ZOYD. L'une est un misérable torchon pondu par le label low-coast Éditions Atlas, en fait un split album compilant sans aucune cohérence divers morceaux de MAGMA et de ART ZOYD. Les deux autres, éditées par le label Mantra Records (1987 selon ProgArchives. 1989 selon Discogs), sont tout à fait dignes d'intérêt puisque regroupant les cinq premiers albums du groupe (excepté le premier en 1976 dont les bandes mères ont été perdues et qui fut réenregistré en 1980) jusque là inédits en CD, ainsi que divers morceaux bonus. Ce sont bien ces deux dernières qui nous intéressent.

La première compilation contient quatre bonus dont j'ai évoqué la totalité des morceaux dans ma chronique de Sangria / Something In Love (1971), à l'exception d'un seul, "Ba Benzele" (1985). Cette composition solo de Thierry ZABOÎTZEFF est inhabituellement allègre et entraînante, presque pop tout du moins dans sa structure, on devine un refrain (scandale! outrage!). Les claviers numériques et les samples se combinent aux chant, basse et piano électrique sans verser dans le tape-à-l'oreille. Très atypique et donc sympathique. Thierry ZABOÏTZEFF y utilise pour la première fois des samples de chants Pygmées qui réapparaîtront sur le double album Marathonnerre (1992).

Une douzaine d'autres morceaux composés entre 1984 et 1987 figure sur la seconde compilation que nous traiterons à part. Sauf que un seul titre de huit minutes, ça ne fait pas une chronique, même en meublant à côté. Il reste encore un paquet de morceaux pour le théâtre enregistrés à la même époque, sur l'anthologie d'archives 44 ½ - Live And Unreleased Works (2017). Je m'éloigne (encore une fois) du sujet, mais c'était ça ou pondre une chro de quinze lignes (et me faire taper sur les doigts par la direction)!

Mais je n'aurai pas fait du hors-sujet en vain. Ces inédits, bien que n'ayant pas trouvé leur place sur album, sont loin d'être des miettes du pauvre. On trouve la très électronique suite "Terra Terra!" qui mêle aventureusement les sonorités électroniques abstraites à des samples divers et variés, quitte à friser le kamoulox ("Vogue!"). Citons également, dans la même veine, "Don Quichotte", "Agora", "Les Pas Du Guide" et l'autre suite "Le Chant D'Halewyn" (dont le très bon "Finale" préfigure l'album Nosferatu, "Le Palais" préfigurant quant à lui Marathonnerre).