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- Style : Magma
- Style + Membre : Univers Zero, Thierry ZaboÏtzeff
 

 Art Zoyd (953)

ART ZOYD - Ubique (2001)
Par NANAR le 12 Février 2024          Consultée 302 fois

Cet album est le premier publié par ART ZOYD après le départ de Thierry ZABOÏTZEFF, et aussi le premier publié par la maison de disques In-Possible Records, spécialement dédiée aux travaux de ART ZOYD et de son extension Art Zoyd Studios, résidence artistique fraîchement fondée à Valenciennes. Premier album du groupe avec Gérard Hourbette comme seul compositeur, uBIQUe marque davantage la fin d’une période que le commencement d’une nouvelle. Plus précisément, Gérard parachève ici son nouveau grand-œuvre "Glissements Progressifs Du Plaisir" et lui adjoint un prolongement intitulé "Métempsychose".

Les mentions du personnel ayant travaillé sur ce projet peuvent porter à confusion. La version originale de 2001 mentionne pas moins d’une cinquantaine de musiciens, dont treize guitaristes, trois bassistes, dix batteurs et une grande section de cuivres, ayant participé à "uBIQUe", une imposante performance publique à Maubeuge en janvier 2000… mais que l’on ne retrouve nulle part dans la version studio. Les notes de la réédition de 2005 mentionnent bel et bien cinq musiciens interprétant la version studio de l’album : le noyau dur formé par Gérard Hourbette et Patricia Dallio, accompagné de Daniel Denis aux percussions électroniques, Mireille Bauer – percussionniste de GONG d’Angel’s Egg en 1974 à Expresso II en 1978 – jouant des percussions et marimba électroniques, et enfin la claviériste de passage Emma Stephenson Poli. Sous la direction de Gérard Hourbette, cette nouvelle mouture accomplit Dangereuses Visions, un important projet développé en trois cycles entre 1998 et 2000, où sur trois premières françaises à Lille ou Maubeuge, le ART ZOYD nouveau et l’Orchestre Symphonique de Lille interprétèrent neuf compositions de neuf auteurs différents – dont un extrait des "Glissements Progressifs Du Plaisir" de Gérard Hourbette, – trois par an.*

Un remaniement de "Glissements Progressifs Du Plaisir", donc. Ou plutôt un nouvel extrait, de quarante minutes. Premièrement, quatre mouvements inédits aparaissent au début de l’album. "Septima Du Centaure" est une introduction glauque, qui évoque l’atmosphère écrasante et glaciale de quelque spatiodrome. Premier sommet de l’album, "Tone Reverse" voit débouler une mélodie de cuivres sur des séquences chromatiques et un beau riff d’orgue en mode mineur. Le percussif "Zoïle Ou Les Cités Électriques" déchaîne des percussions de toutes sortes. On y trouve déjà une première exposition de la polyphonie à 14 temps qui structurait la version de 1997. Les harmonies y sont toujours partagées entre la grandiloquence de l’orgue et des cuivres. Après ces grandes structures industrieuses, "Rêve Non Valide" nous plonge dans une cabine mobile automatique se mouvant dans des tunnels blafards, transportant des oiseaux exotiques en proie au stress.
Deuxièmement, les cinq mouvements suivants condensent la suite de 1997. Gérard Hourbette est allé jusqu’à réutiliser les sonorités de l’album précédent. Ainsi, "Apparition De L’Église Éternelle" est une version légèrement abrégée de l’ouverture "Ubik 1", "La Chute Des Anges" recycle quasiment à l’identique "Ubik 2" avec un mixage différent. Cependant, "Ubik 3", "Ralentando" et "Drama" sont remplacés par un nouveau développement, "L’Adoration Des Mages", une revisite plus poussée de la séquence à 14 temps de la composition originale, avec des cordes beaucoup plus volubiles. Du "Allez À Des Moines" original, "La Tentation De Saint-Antoine" garde les nappes de cordes et y ajoute une formidable montée en puissance faite de cuivres déments, plus forte encore que "Drama". Deux coups de force consécutifs. "Le Chant De La Sibylle" quant à lui réutilise fidèlement "Ubik 7", avec là aussi des différences de mixage.

Troisièmement, "Métempsychose" est dans les notes de l’album présenté à part de "Glissements Progressifs Du Plaisir". À part, oui et non. S’il s’y trouve effectivement de nouvelles compositions, Gérard Hourbette reprend à nouveau des thèmes de "Glissements Progressifs Du Plaisir". C’est le cas de "Compartiment 14128 Caisson Terminal" qui reprend certaines nappes sombres de la pièce, de "Allez À Des Moines" nouvelle manière ainsi que de la courte conclusion "Alpha Du Centaure" qui superpose les bruitages de "Septima Du Centaure" et des percussions semblables à celles de "Zoïle Ou Les Cités Électriques". Une manière de boucler la boucle.
Pour le reste, "Métempsychose" – telle que présente sur ce disque, la version intégrale durant 74 minutes – se révèle malheureusement moins marquante que "Glissements Progressifs Du Plaisir". Les ambiances lourdes et statiques de "Rêve De Netteté Absolue", "Compartiment 14128 Caisson Terminal" et "Portuaires", certes appréciables, préfigurent d’ailleurs largement les albums suivants d’ART ZOYD, mais restent bien austères. On peut néanmoins retenir le très chouette "Activités Prédérivées" ainsi que "Anachorète", courte pièce où les cordes électroniques jouent une polyrythmie excessivement complexe. Bonne chance aux interprètes en chair et en os qui oseront s’attaquer à la chose !

En fait, la version complète vient d’être créée récemment à Maubeuge avec un orchestre de 50 musiciens, amateurs pour la plupart. C’est un orchestre qui comprend des guitares électriques, 14 batteries et 14 cuivres. "Glissements progressifs du plaisir" constitue la première partie d’une pièce qui s’appelle u.B.I.Q.U.e, plus ou moins librement inspirée du livre Ubik de Philip K.DICK, et la seconde est "Métempsycose", une pièce de 74 minutes qui fera l’objet d’un prochain enregistrement. Gérard Hourbette**

Il a parfois été reproché à ART ZOYD de créer des œuvres musicales in situ depuis la fin des années 1980, dans le cadre de ciné-concerts, de représentations ou de performances en public. Lesdites œuvres, gravées sur CD, seraient à jamais pénalisées par des clés de compréhension manquantes. Au contraire, la majorité de ces albums évoluent très bien indépendamment de leur support initial. Il en va ainsi d' uBIQUe, que l’on peut considérer comme l’aboutissement de la démarche artistique de Gérard Hourbette avec ART ZOYD depuis Nosferatu (1989). Malgré son austérité informatique, comparé au line-up annoncé qui a pu provoquer quelques fausses joies, cet album se tient très bien.

J’eusse posé la question à Gérard Hourbette : pourquoi des oiseaux exotiques?

3 ½ sur 5

*https://epidemic.net/fr/art/artzoyd/proj/dangereuses_visions.html
**https://rythmes-croises.org/art-zoyd-dangereuses-symphonies/

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- Gérard Hourbette (claviers, programmation, composition)
- Patricia Dallio (claviers, programmation)
- Daniel Denis (claviers, percussions électroniques)
- Mireille Bauer (percussions électroniques, marimba électronique)
- Emma Stephenson Poli (claviers)


- Glissements Progressifs Du Plaisir
1. Septima Du Centaure
2. Tone Reverse
3. Zoïle Ou Les Cités Électriques
4. Réve Non Valide
5. Apparition De L'Église Éternelle
6. La Chute Des Anges
7. L'adoration Des Mages
8. La Tentation De Saint-antoine
9. Le Chant De La Sibylle
- Métempsycose
10. Anachorète
11. Activités Prédérivées
12. Rêve De Netteté Absolue
13. Compartiment 14/128 Caisson Terminal
14. Portuaire
15. Allez À Des Moines
16. Proxima Du Centaure



             



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