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Etienne DAHO - Surf (2020)
Par AIGLE BLANC le 11 Août 2023          Consultée 551 fois

En musique populaire, la 'reprise' (ou 'cover' selon la terminologie anglo-saxonne) est une tradition mondialement célébrée. Il s'agit de livrer une nouvelle interprétation d'une chanson entrée dans les standards de la presse (revues ou radios). Quand un artiste se lance dans un tel exercice, sa version court le risque de ne pas surpasser, ni même d'égaler, l'originale. Et quand elle y parvient, le résultat demeure le plus souvent anecdotique : la reprise vient s'intercaler ainsi au milieu des chansons originales constituant l'album. Bien entendu, il est des artistes qui se sont forgé une solide réputation dans cet art pas si gratifiant qu'on voudrait le penser, parmi lesquels nous pouvons citer Brian FERRY ou George MICHAEL.

L'exercice devient plus ambitieux dès lors qu'il s'étend au concept général d'un album entièrement consacré à des 'reprises'. Mais, là encore, le mélomane sait distinguer le 'tout-venant' du 'millésimé'. Il ne fait aucun doute que les nombreux 'tributes' consacrant la mémoire d'un artiste renommé, voire d'une star, restent des projets bassement commerciaux, souvent impersonnels, que dessert la liste des multiples invités sollicités et qui, pour la plupart, n'entretiennent pas un rapport vraiment intime avec l'artiste célébré, ce qui nous vaut des interprétations 'bâclées', superficielles, insipides ou franchement ratées.

L'exercice devient bien plus intéressant lorsqu'un seul artiste nous livre son interprétation de plusieurs chansons d'une 'légende populaire', comme par exemple quand Maxime LE FORESTIER reprend le répertoire intégral de George BRASSENS.

Avec Surf, Etienne DAHO propose un exercice encore différent : entièrement consacré à des reprises, son album ne se limite pas au répertoire d'un seul artiste, mais livre un échantillon de ses chansons ou airs préférés, un peu comme s'il nous vendait son juke-box personnel, à la seule différence qu'il échantillonnerait de nouvelles interprétations qu'il serait seul à assumer, ce qui assure les continuités stylistique et vocale dans la mesure où DAHO reste DAHO, avec le timbre velouté si particulier de sa voix et la sobriété exemplaire de son chant.

Ce projet pourtant s'est avéré difficile à monter. Pas moins de deux sessions ont été nécessaires pour le réaliser, la première remontant à 2004 avec Ivan Beck à la production et assurant dans le même temps les guitares, piano, harmonium, batterie et percussions, la seconde datant de 2006 quand Nicolas Dubosc à la production et Etienne DAHO ont tenté de reprendre ce projet avorté deux ans plus tôt. A ces deux sessions, s'ajoutent une séance en compagnie de François Poggio (production, guitare, claviers, basse) dont est issu le titre "This Too Shall Pass Away", et une séance avec Xavier Geromini (production, guitares, claviers) dont découle "Son silence en dit long", seule composition inédite du disque, signée de Geromini/DAHO, qui s'insère sans heurt, et de façon quasi invisible, à l'ensemble.

Sa cohérence, Surf la doit principalement, en dépit des nombreux tâtonnements et suspensions du projet jusqu'en 2020, au fait qu'Etienne DAHO a fait confiance à ses deux producteurs principaux, Ivan Beck (pas moins de 12 titres interprétés et enregistrés ensemble en 2004) et Nicolas Dubosc (6 titres travaillés ensemble), à qui il a eu l'intelligence de confier respectivement la plupart des instruments. Comme ils ont, de plus, choisi la sobriété en se mettant au service des chansons, et non l'inverse, l'ensemble dégage une incontestable harmonie sonore.

Justement, le son de l'album navigue entre la Pop sixties, la Folk, le Rock, le Jazz vocal voire la Country, autant de styles envers lesquels le chanteur n'a jamais caché son affection et auxquels il doit la reconnaissance de la scène anglo-saxonne.

C'est donc l'éclectisme qui demeure le maître-mot de ce projet où la pop de David BOWIE ("Heathen") cohabite avec la Romance de John BARRY ("We Have All the Time In the World") et la Country de Hank WILLIAMS ("I Can't Escape From You" & "I'm So Lonesome I Could Cry"), où l'électro-pop des Pet SHOP BOYS ("You Choose") côtoie la Folk de Fred NEIL ("A Little Bit of Rain") et la Soul de Smokey ROBINSON ("My Girl Has Gone"), sans oublier la pop romantique classieuse de Henry MANCINI ("Moon River" extraite du film Breakfast At Tiffany's) ni la pop psychédélique de PINK FLOYD ("Cirrus Minor").

Ce qui transpire à l'écoute de ce beau programme, c'est le respect et l'admiration d'Etienne DAHO pour toutes ces chansons qui ont bercé sa jeunesse et continuent de l'exalter aujourd'hui au point qu'il nous en livre des versions soignées, réussies et sans aucune faute de goût. Globalement, ses versions ne supplantent pas les originales qui l'ont inspiré, mais elles agissent souvent comme une épure (DAHO a volontairement réduit la masse instrumentale de ses interprétations), le chanteur offrant une ligne vocale d'une belle clarté qui la plupart du temps met en valeur la mélodie. A deux reprises, il ose le quatuor de cordes de "Falling In Love" de Dennis WILSON, voire l'orchestre de "Son silence en dit long", arrangé et dirigé par l'ami David Sinclair Whitaker, mais toujours avec un sens de la mesure infaillible.

La modestie légendaire de l'artiste imprègne le disque d'une beauté simple et sans apprêt, autant de qualités qui font le prix de cet album, mais nous font regretter par intermittences un certain manque d'audace. Ce n'était pas l'ambition d'Etienne DAHO, certes, mais la dominance des ballades qui tend à instaurer un climat alangui ne contribue pas à relancer suffisamment l'intérêt de l'auditeur. Quelques saillies rock n'eussent pas été de refus.

L'album est sorti en 2020 sous deux formats : deux simples et un double. La chronique que vous avez parcourue a été établie à partir d'une édition qui rassemble en une seule galette les volumes 1 et 2. Le volume 2 réunissant peut-être les plus belles chansons, c'est celui que vous pourriez écouter en priorité. Si vous êtes fan du chanteur, en revanche l'édition double est celle que vous privilégierez.

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   AIGLE BLANC

 
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- Etienne Daho (chant, choeurs, production - titre 10)
- Ivan Beck (guitare, piano, harmonium, batterie, percussions)
- Nicolas Dubosc (production, tous les instruments)
- Xavier Geromini (production, guitare & claviers - titre 11)
- Ian Aledji (piano, claviers - titre 11)
- Raphaël Chassin (batterie, percussions - titres 12 & 21)
- Philippe Entressengle (batterie, percussions - titres 2, 4, 6, 8, 22)
- Marcello Giuliani (batterie - titre 11)
- Franck Richard (batterie - titre 11)
- Fabien Waltmann (programmations)
- Uele Lamore (arrangements du quatuor - titre 1)
- Octavio Angarita (violoncelle)
- Joachim Beaumerder (violon - titre 1)
- Lison Favart (violon - titre 1)
- Caroline Pauvert (violon - titre 1)


- volume 1
1. Falling In Love
2. A Little Bit Of Rain
3. The Way You Look Tonight
4. My Girl Has Gone
5. Moon River
6. Cirrus Minor
7. Honeymoon
8. I Can't Escape From You
9. You Choose
10. Glad To Be Unhappy
11. Son Silence En Dit Long
- volume 2
12. This Too Shall Pass Away
13. Blue Moon Of Kentucky
14. I'm So Lonesome I Could Cry
15. Heathen
16. We Have All The Time In The World
17. Take A Look
18. Someday
19. You Think I Still Care
20. He Was A Friend Of Mine
- bonus Tracks
21. Come To Me Slowly
22. I Can't Escape From You (en Duo Avec Alain Bashung



             



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