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Etienne DAHO - Blitz (2017)
Par AIGLE BLANC le 8 Janvier 2018          Consultée 3188 fois

Etienne DAHO appartient aux rares artistes sur lesquels le temps semble n'avoir aucune prise. Non seulement, à 62 ans, il affiche une juvénilité étonnante, mais sa musique, depuis ses débuts en 1981, n'a pas pris une ride, toujours aussi fraîche, légère et inspirée. Le présent opus n'échappe pas à cette constante. Au-delà d'un style qui n'appartient qu'à lui, fait de textes poétiques sensoriels sur des mélodies élégantes et des rythmes pop langoureux, l'artiste parvient encore à nous étonner. La pop de Blitz est cette fois fortement habillée d'atours rock et psychédéliques que délivrent les guitares abrasives de Fabien Waltmann et de François Poggio autant que la batterie et les percussions climatiques de Emre Ramazanoglu.

En revanche, le chanteur n'a pas du tout changé son style vocal, toujours aussi épuré dans sa diction que léger dans sa texture et ses harmonies. Cela crée un contraste intéressant avec la production rock qui se joue avec gourmandise des saturations électriques et des claviers brumeux. Le rock donc ne s'exprime ni dans les rythmes ni dans la rage mais dans les timbres. Et cela suffit à donner une couleur dynamique au 11ème album d'Etienne DAHO. La pochette de Blitz surprend aussi par sa noirceur. Sur un fond enfumé, le chanteur y pose vêtu d'un blouson de cuir noir et coiffé d'un képi, panoplie qui renvoie aux clichés visuels à connotation SM version gay. Cependant, les textes des chansons ne confirment pas vraiment cet esprit déviant, les climats baignant dans des textures certes sombres, mais jamais malsaines.

L'album contient 12 titres, conformément à la norme en vigueur à l'époque dorée du vinyle, et annonce une durée fort agréable de 52 minutes qui limite le piège du remplissage dont ne se privent pas certains artistes mégalomanes. Blitz ne comporte aucune baisse de régime et s'écoute d'une traite sans risquer l'overdose.
A cette gestion adéquate du temps, s'ajoute la qualité constante des chansons qui ne souffrent aucune faiblesse discriminante, même si les trois derniers titres, plutôt bons, ne sont pas les plus inspirés. Contrairement à ses opus des années 80, voire des années 90, on note l'absence de titres fédérateurs, ce que d'aucuns ne se priveront pas de déplorer. Etienne DAHO a acquis une telle renommée qu'il ne se sent plus obligé de livrer deux ou trois singles formatés pour promovoir l'album.

Etienne DAHO, auteur de tous les textes, à l'exception de ceux de "The deep end", démontre une fois de plus son talent à user de mots simples tout en les pervertissant par un jeu subtil de déconstruction syntaxique, les phrases la plupart du temps cisaillées par une ponctuation cryptique qui les nimbe d'un parfum ambigu. L'amour est toujours présent au coeur de ses préoccupations ("Chambre 29", "Le jardin", Les baisers rouges"), mais le chanteur en célèbre surtout les sensations qu'il magnifie à coups de métaphores et de métonymies plus proches fort heureusement de Paul Eluard que de Frédéric FRANCOIS. L'orchestration (basse, batterie, guitare, claviers, percussions) fait pleuvoir une avalanche de rock psychédélique que ponctue une batterie omniprésente et sur laquelle planent des guitares électriques couinantes ou sinueuses tandis que les claviers soufflent un brouillard opaque qui unifie les instruments en jouant sur la confusion. C'est un véritable mur du son qui recouvre l'arrière-plan de chansons pop et poétiques. La production et les arrangements sont si réussis qu'ils ne sont pas sans évoquer parfois l'univers envoûtant d'Angelo BADALAMENTI, compositeur fétiche du cinéaste David Lynch, notamment le titre "Les baisers rouges" proche du rock psychédélique du Twin Peaks Fire Walks With Me.

Le soin apporté aux effets de studio serait plus embarrassant s'il ne servait qu'à palier une inspiration déficiente. Mais c'est tout le contraire qui se produit: ils magnifient des chansons souvent excellentes qui n'ont nul besoin, pour exister, de cet enrobage. La production ainsi invite à une écoute uniforme, les climats d'une chanson à l'autre ne variant presque pas. Cela conduit à masquer la frontière entre les pistes du disque. Il est par conséquent assez difficile d'isoler une piste plutôt qu'une autre. Signalons toutefois "Le jardin", "Les cordages de la nuit" et "L'étincelle" pour l'excellence de leurs textes, "Voodoo voodoo" et "The deep end" pour l'excellence de leurs sections rythmiques. Signalons aussi le refrain majestueux du "Jardin", le joli crescendo d'"Après le blitz", la basse ensorcelante des "Baisers rouges".

Cet album très solide confirme la bonne santé d'Etienne DAHO qui semble avoir atteint sa pleine maturité artistique, voire une forme de sagesse.

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   AIGLE BLANC

 
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- Etienne Daho (textes, musique, chant)
- Fabien Waltmann (batterie, basse, guitare électrique, claviers)
- François Poggio (guitare électrique)
- Emre Ramazanoglu (batterie, percussions)
- Philippe Entressangle (batterie)
- Victor Hanna (percussions)
- Sam Dixon (basse)
- Marcello Ciuliani (basse)
- Jean-louis Pierrot (guitare, basse, claviers)
- Keefus Ciancia (claviers)
- Jade Vincent (chœur)
- Mako (chœur)
- Calypso Valois (chœur)
- Adrien Libmann (chœur)
- The New Jodanaires (chœur)


1. Les Filles Du Canyon
2. Chambre 29
3. Le Jardin
4. Les Baisers Rouges
5. Les Cordages De La Nuit
6. Les Flocons De L'été
7. Voodoo Voodoo
8. L'étincelle
9. The Deep End
10. Hôtel Des Infidèles
11. Après Le Blitz
12. Nocturne



             



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