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Etienne DAHO - Corps & Armes (2000)
Par AIGLE BLANC le 26 Janvier 2018          Consultée 2712 fois

En 1996, Eden a opéré une mue importante dans la créativité d'Etienne DAHO, mais son public l'a, du moins dans un premier temps, plutôt mal accueilli, le jugeant sombre et dépressif, ce qui ne correspond pas à l'humeur que l'on prête au chanteur depuis ses débuts en 1981. Le malentendu depuis semble s'être dissipé et Eden a été reconsidéré à sa juste valeur, c'est-à-dire le sommet d'une carrière exceptionnelle qui amorçait, cette année-là, un renouveau de l'inspiration. Album magique et intemporel, Eden semblait marquer un aboutissement artistique. Comment Etienne DAHO allait-il poursuivre sa discographie? Parviendrait-il à reproduire le miracle d'Eden?

Corps & armes, sorti en 2000, soit 4 ans plus tard, répond à cette question de la plus éclatante des manières. Le chanteur, loin d'entamer une pente déclinante, nous délivre quelques pépites qui rejoignent dores et déjà le zénith de son art.
L'album s'écoule avec une fluidité remarquable, les chansons s'enchaînant avec sérénité. La mue entamée avec l'opus précédent se voit ici confirmée par des textes d'une rare élégance, témoins de la belle maturité d'écriture nouvellement acquise de l'artiste.

Comme il arrive souvent avec les albums d'Etienne DAHO, un fil conducteur parcourt les chansons, sans que cela relève forcément du concept. Corps & armes épouse ainsi la trajectoire intime d'une rencontre amoureuse, depuis le coup de foudre initial d'"Ouverture" jusqu'aux retrouvailles apaisées de "San Antonio de la Luna", en passant par les tiraillements des "Mauvais Choix" et la séparation transitoire de "La Baie".
Le chanteur souhaite conférer une ampleur cinématographique à ses émois intimes. Ses acolytes Jean-Louis Piérot et Edith Fambuena lui conseillent alors de se tourner vers Will Malone, collaborateur bien connu de MASSIVE ATTACK (Souvenez-vous d'"Unfinished Symphony"). Les arrangements orchestraux que signe Will Malone et qu'il enregistre au studio one d'Abbey Road ne sont pas sans évoquer les productions pop stylées de Burt Bacharah. Ils renforcent l'élégance de certaines mélodies. Force est d'admettre toutefois que la greffe qui fonctionne idéalement dans la sublime "Ouverture" et, dans une moindre mesure, dans " San Antonio de la Luna", d'autres fois n'apporte rien d'essentiel comme, par exemple, dans la très belle "Année du Dragon" où l'arrière-plan symphonique paraît bien anecdotique.

Au fil de sa discographie, un talent d'E. DAHO devient toujours plus évident : son sens inné de la collaboration. Il sait s'entourer des artistes qui serviront au mieux chacun de ses albums, résultat d'une intuition sans faille. En faisant de nouveau appel, à la co-production, aux deux membres des VALENTINS (Jean-Louis Piérot -claviers- et Edith Fambuena -guitare), il trouve des musiciens qui s'adaptent parfaitement à son univers, aussi discrets que judicieux dans leurs interventions.
Jean-Louis Piérot co-compose avec le chanteur une "Ouverture" qui se hisse d'emblée parmi les plus grandes réussites d'E. DAHO. Cette chanson lumineuse décrit un coup de foudre dont les arrangements orchestraux magnifient l'étincelle. Les textes semblent transcendés par la mélodie. A noter une construction singulière, mais à laquelle le chanteur nous a habitués dans le passé : l'absence de refrain auquel se substitue la lente montée du désir qui s'accroît avec l'arrivée de la batterie pour atteindre son extase quand s'invite la guitare d'Edith Fambuena. Les VALENTINS co-signent aussi une autre réussite, la belle "San Antonio de la Luna", tout aussi magique que la précédente et qui décrit quant à elle le retour à l'apaisement des coeurs, là encore en se passant aisément de refrain, l'ampleur chromatique des arrangements de Will Malone faisant le reste. Un regret cependant : Edith Fambuena brille dans cet album par sa timidité, sa guitare se trouvant sacrifiée au profit de la batterie et de l'orchestre. Corps & armes eût gagné à laisser plus d'espace à cette musicienne originale.

En revanche, la section rythmique de Andy Gangadeen et de Gavin Skinner soutient efficacement l'architecture des titres tandis que les cuivres de Simon Clarke, Annie Whitehead et Roddy Lorimer nourrissent à propos la couleur brésilienne de "La baie", autre merveille de l'album signée de Jérôme Soligny. Sa mélodie discrètement poignante a inspiré les textes subtilement mélancoliques d'E. DAHO qui traduisent les pensées désorientées d'un homme qui quitte sa femme et ne parvient plus à détourner son attention de chaque détail la lui rappelant. Le troisième sommet de l'opus, un must de sa discographie.
Helen Turner lui apporte aussi deux excellents titres, "Le Brasier" et "Rendez-vous à Vedra" qui s'enchaînent remarquablement. Cette dernière, qui prend pour cadre Vedra (une commune de la Province de la Corogne en Espagne, dans la commune autonome de Galice) traduit un rituel amoureux dont la puissance incantatoire impose un rythme up tempo. Etienne DAHO a eu d'autant moins de difficulté à trousser son texte qu'il passait à cette époque beaucoup de temps à Ibiza, en quête de soleil et de spiritualité, lieu mythique où convergent les légendes les plus étonnantes. La Vierge y serait apparue plusieurs fois ; Wagner y aurait composé la Walkyrie et Ulysse croisé les sirènes. La passion amoureuse qu'y a vécue le chanteur, s'invitant à point nommé au moment de l'écriture de l'album, a projeté dans sa plume l'encre des Muses, hissant ainsi son inspiration littéraire à un degré supérieur.
Quelle belle idée aussi d'avoir sorti de l'oubli la délicieuse Touched By the Sun de Carly SIMON que l'adaptation française transforme en "L'Année du Dragon". Le beau piano de Jean-Louis Piérot et la guitare rythmique d'Edith Fambuena se fondent harmonieusement à la mélodie fluide d'où naissent autant d'émotions en demi-teintes.

Corps & armes contient parmi les plus belles chansons d'Etienne DAHO. Toutefois, l'album manque de peu la note maximale à cause d'un trio de titres composés par David Munday, pas mauvais en eux-mêmes mais bien en deçà des autres merveilles de l'album.

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   AIGLE BLANC

 
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- Etienne Daho (chant)
- Edith Fambuena (guitare)
- Saint Marcel Aubé (basse)
- Jean-louis Piérot (piano, claviers, programmations)
- Fabien Waltmann (claviers, programmations)
- Andy Gangadeen (batterie)
- Gavin Skinner (batterie)
- Tim Sanders (saxophone ténor)
- Simon Clarke (saxophones baryton et alto)
- Annie Whitehead (trombone)
- Roddy Lorimer (trompette)


1. Ouverture
2. Le Brasier
3. Rendez-vous à Vedra
4. Corps & Armes
5. La Nage Indienne
6. Les Mauvais Choix
7. L'année Du Dragon
8. Make Believe
9. La Baie
10. La Mémoire Vive
11. San Antonio De La Luna



             



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