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Etienne DAHO - La Notte, La Notte (1984)
Par AIGLE BLANC le 31 Décembre 2015          Consultée 5429 fois

Mythomane, premier album d'Etienne DAHO, a été certifié disque d'or en 1994 soit... treize ans après sa sortie en 1981 où il s'était vendu à près de... mille exemplaires. Un vrai fiasco. Dépité, le jeune chanteur rennais s'était rendu la tête basse dans le bureau de Virgin où il s'attendait à ce que le patron le congédie en lui rendant son contrat en forme de clôture. Et c'est alors que contre toute attente il s'entendit interpellé par le boss : "C'est quand que tu nous ponds une suite à Mythomane?"
Pensez-vous qu'une telle histoire serait encore possible en 2015 et que le patron d'Universal (pour citer un mastodonte contemporain) accorderait sa confiance à un jeune artiste dont le premier album n'aurait pourtant pas dépassé le millier d'exemplaires vendus?
Que s'est-il donc passé dans la tête du boss de Virgin-France? Aurait-il été encouragé par le très bon accueil critique de la presse musicale reçu par Mythomane? A moins qu'il doive à son flair d'avoir déniché le vrai potentiel d'Etienne DAHO? Toujours est-il que La Notte, la notte, second opus du chanteur-songwriter s'est retrouvé dès 1985 certifié album d'or. Et la face de la pop française en a été changée à jamais.

"Le Grand Sommeil", single ayant permis de relancer le contrat avec Virgin, décline en 4 minutes une pop à l'élégance diaphane. Enlevé par une basse à la rondeur funkisante et soutenu par une batterie minimaliste terriblement accrocheuse, la chanson épouse le point de vue de l'amant éconduit qui, affalé sur son lit, ne veut plus se lever afin de rester en contact avec le parfum des cheveux de celle qui l'a quitté, dont les draps sont encore et toujours imprégnés. Ce tube doit son charme au chant sans apprêt d'E. DAHO, aux interventions sporadiques des claviers scintillants entre les couplets et aux apartés judicieux du saxophone ténor de Daniel Pabooeuf. Les arrangements se dégustent comme du petit lait. Malgré le thème de la rupture amoureuse, la mélodie affiche une légèreté séduisante, signature de l'esprit DAHO. Un tube imparable.

L'autre single n'est autre que l'inoubliable "Week-end à Rome", bande sonore de l'été 1984 immortalisée par le gimmick obsédant des claviers d'Arnold Turboust lors des couplets. Le saxophone ténor volubile de Jean-Louis Chautemps avec sa touche jazzy complète admirablement l'environnement synth-pop. La chanson souffle un air de légèreté, celui d'un couple parti en vacances à Rome. Le chanteur traduit avec finesse le courant de liberté mais aussi l'insouciance de la jeunesse amoureuse. Et Lio entonne vers la fin quelques phrases en Italien.

Dans cet opus, Etienne DAHO délaisse le monde de l'enfance auquel s'accrochaient encore au moins deux chansons de Mythomane et nous plonge jusqu'au vertige dans l'âge des night-clubs qui offrent le cadre de 3 des 10 titres.
Avec "Sortir ce soir", il fait briller les spots de lumières autant que la lueur des regards mobiles et nous immerge au coeur des discussions futiles qui masquent à peine la quête de la fille à aimer. Le refrain entraînant est traversé par le gimmick reconnaissable des synthés et les arpèges de Xavier Geronimi à la guitare. Les couplets très réussis bénéficient d'une basse véloce et sautillante en accord avec l'accélération cardiaque au gré des verres qui se vident.
"Laisse tomber les jaloux" quant à elle propose un rythme langoureux en parfaite interaction avec le slow alcoolisé que délivre un Etienne DAHO alangui tandis que Samantha le seconde au choeur lors du refrain. A noter encore une fois le solo remarquable de sax sans lequel un slow n'en serait plus un.
"Saint Lunaire, dimanche matin" clôture cette trilogie des night-clubs sur une note délicieusement désuète que soulignent les claviers-orgue. Une mélodie naïve comme un bonsoir accompagne les derniers noctambules sortant au petit matin de la boîte de nuit finissante. La voix du chanteur, qui se laisse aller une fois n'est pas coutume à l'octave supérieur, caresse cet instant particulier où le narrateur croise la fille avec qui il souhaiterait poursuivre la nuit sur la plage d'en face. Par la magie de leurs seuls regards, le jeune homme et la fille se comprennent... et l'on devine que quelques ébats les attendent. L'ambiance musicale évoque un slow des sixties gorgé de nostalgie et de l'indéfinissable mélancolie des moments de grâce suspendus entre l'espoir et l'incertitude. Le claviériste Arnold Turboust est le compositeur de cette berceuse. Dans le studio parisien de l'Oncle Sam, il ne restait plus qu'une nuit de location. E. DAHO ayant apprécié la mélodie de Turboust a écrit rapidement ce texte et la chanson a été enregistrée en un temps-record, ce qui lui confère ce charme fragile si particulier.

L'amour est, sans surprise, le thème qui traverse tout l'album, depuis les sonorités vaguement asiatiques de "Signé Kiko", la mélodie délicieuse de "Promesse" où les mots de E. DAHO caressent les perspectives d'une belle rencontre avec un sens poétique tout en fluidité (probablement la perle cachée du disque) en passant par la reprise de Françoise HARDY, "Et si je m'en vais avant toi", dont le style est une influence revendiquée par le chanteur.

Plus originales sont "Poppy Gene Tierney" et "Jack, tu n'es pas un ange" qui vont chercher ailleurs qu'en France leur inspiration. La première aborde la fascination qu'exerce la star du 7°art Gene Tierney, l'inoubliable Laura d'Otto Preminger, sur le jeune E. DAHO subjugué par ses yeux bleu glacé. Seul titre chanté en Anglais, il s'apparente à une déclaration d'amour adressée à l'actrice... et aux rôles qu'elle interpréta. Il s'agit incontestablement de la seule incursion rock de la galette où la basse délivre des riffs bien sentis tandis que dans le refrain énergique le chanteur est doublé par les voix en choeur d'Estella et de Samantha.
La seconde chanson, sur une rythmique funky à base de guitare "slapée" et de trompette syncopées à l'unisson, privilégie l'atmosphère dramatique d'un quartier de dockers où officie une prostituée. Mais au cours de ses passes, elle fait la mauvaise rencontre, celle de Jack qui la trucide violemment. A la mi-temps de cette piste inhabituelle chez E. DAHO, est révélée la vraie nature légendaire de cet assassin. Il s'agit ni plus ni moins de Jack l'éventreur. Le refrain "Humm, Jack, tu n'es pas gentil" sonne de par la neutralité du chant comme une sentence ironique. Si l'univers évoqué ici renvoie aux nombreuses adaptations cinématographiques de cette mythique affaire irrésolue, il constitue néanmoins dans l'économie de l'opus une étrangeté manifeste. E. DAHO aurait-il été inspiré par le film La Lune Dans Le Caniveau de Jean-Jacques BEINEX, sorti la même année ?

La notte, la notte demeure aujourd'hui l'album qui a lancé véritablement la carrière d'Etienne DAHO. Il a acquis depuis un statut de classique de la synth-pop française. Inoxydable.

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   AIGLE BLANC

 
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- Etienne Daho (chant)
- Boris Crépinior (claviers, séquences)
- Jean-robert Beaumier (programmations)
- Frédéric Cousseau (batterie)
- François Daniel (basse)
- Xavier Géronimi (guitares)
- Arnold Turboust (claviers, programmations)
- Jean-louis Chautemps (saxophone ténor)
- Eric Le Lann (trompette)
- Lio (chœur dans piste 1)
- Estella Et Samantha (chœurs dans pistes 3, 4, 5 et 8)
- Aliss Terrell (chœurs dans pistes 6 et 9)
- Diane Dupuis (chœurs dans piste 6)


1. Week-end à Rome
2. Signé Giko
3. Le Grand Sommeil
4. Promesses
5. Poppy Gene Tierney
6. Sortir Ce Soir
7. Et Si Je M'en Vais Avant Toi
8. Laisse Tomber Les Jaloux
9. Jack, Tu N'es Pas Un Ange
10. Saint-lunaire Dimanche Matin



             



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