D’habitude, les remix, ça me court sur le haricot avec des crampons d’alpiniste. Mais avec monsieur JAMES c’est différent. Si le 26 Mixes For Cash, de part son interminable longueur, me cause régulièrement des indigestions, les différents EP estampillés « Remix » sont toujours des valeurs sûres. On Remixes ne déroge pas à la règle et propose sa petite dose de mélodies entêtantes et de rythmes bondissants.

L’année 1993 est un millésime important pour Richard D. JAMES. D’abord avec la sortie de Surfing On Sine Waves (voir POLYGON WINDOW), véritable coup de poêle en fonte dans la face.
CHDING !
Ensuite, l’Analogue Bubblebath 3 (voir AFX) pointe le bout de son nez, coucou toi, puis c’est au tour du petit On de faire risette, avec un titre éponyme inoubliable. Enfin vient On Remixes, qui propose quatre mix dudit titre. Signalons, au passage, que si « remix » en langage électronique, veut bien dire « réarrangement d’un morceau », en langage Twinien, cela signifie plutôt : « composition qui n’a peut-être rien à voir avec le morceau de départ et qu’on a appelé remix parce qu’on avait envie ». Toutefois, l’On Remixes semble avoir échappé à ce précepte loufoque, ce qui lui confère un aspect plus rassurant que les deux Ventolin. Parfois, le jumeau Aphex invite aussi quelques amis musiciens sur son EP, parce que le partage est une grande et belle valeur.

On Remixes débute par le « D-Scape Mix », où l’on perçoit tout de même quelques réminiscences du morceau original. Toutefois, le son est ici beaucoup plus organique, avec de légères accélérations de tempo de temps à autre. Les beats semblent presque acoustiques, primitifs, et laissent la part belle à la mélodie. Au final, on obtient un titre qui lorgne franchement du côté de l’Analogue Bubblebath 4, avec une atmosphère à la fois gaie et exotique digne de la jungle Palombienne.

La problématique principale de cet EP reste quand même la transition entre les deux Selected Ambient Works. Chose étonnante, ce sont les deux invités qui nous ramènent sous l’ombre du Selected Ambient Works 85-82. En Effet, le « Reload Mix » et le « μ-ziq Mix » triturent chacun le substrat IDM de l’On original pour le ramener vers des sonorités plus emblématiques du début des années 90. C’est μ-ZIQ, à l’époque jeune artiste prometteur du Label Rephlex, qui s’en sort le mieux, en greffant quelques trouvailles mélodiques sur le thème principal, puis en développant un break plus abstrait avec une partie rythmique beaucoup plus travaillée. RELOAD*¹ quant à lui, nous délivre un réarrangement beaucoup plus classique, fluide mais un peu trop policé.
Tandis que ses compères s’amusent à jouer aux jeux des ressemblances, Richard D. JAMES lui, explore déjà de nouvelles terres. Il accoste ainsi sur les rivages de l’Ambient débarrassé de sa Techno sur le « 28 Mix », un morceau atypique tout en nappes de synthé, à la fois mystique et vaporeux. Cette composition, selon la rumeur, aurait été à l’origine prévue pour figurer sur le Selected Ambient Works Volume II, ce qui est plus que probable vu la teneur du morceau.

Finalement, la boucle est bouclée, alors même que la scène de l’électro anglaise n’a pas encore digéré ses premiers travaux, Richard D. JAMES se lance à corps perdu dans l’Ambient, discipline qu’il n’abordera que sur un seul album, mais quel album ! On Remixes en lui-même n’est pas exceptionnel, la faute à cette impression de déjà vu dont il est si difficile de faire quelque chose de positif dans le cadre d’un remix.

*¹ Note « Comme le monde est petit » : A la base, RELOAD, c’est le nom du projet solo de Mark PRITCHARD, parfois rejoint par son compère du duo GLOBAL COMMUNICATION pour quelques remix, dont celui-ci. L’autre homme de ce duo n’est autre que Tom MIDDLETON, déjà titulaire d’une apparition sur le premier Analogue Bubblebath (voir AFX).