Frequencies Of Real Creative Energy. Les fréquences de la véritable énergie créatrice ? Tel est le nom du dernier opus en date de LLCOOLJ, l’homme aimé des femmes d’après lui-même, ouais ! Quel manque de modestie non ? Arf je me perd en conjectures ! Toujours est-il que James Todd a carrément déserté les sentiers de l’art musical ces dernières années puisque son dernier méfait datait de plus de onze ans ! Bien sûr, son emploi du temps est chargé, entre la gonflette et les séries auxquelles il participe, il avait d’ailleurs annoncé son retrait définitif en 2016. On ne peut lui daigner une certaine forme d’équilibre qu’il semble symboliser, contrairement à la plupart des autres ténors du Rap. Bref, voilà James de retour avec ses gros bras pour un quatorzième album.

"Saturday Night Special" est sensé mettre en orbite ce nouvel opus du séducteur impénitent, avec sa basse ondoyante et son ambiance assez gangsta. On y entend FAT JOE et RICK ROSS, plutôt roots tout ça, pas du tout dans la mouvance d’aujourd’hui. Vous me direz certes gros, mais James a 56 printemps comme toi ! Ah oui l’enflure, c’est vrai, et il a drôlement bien vieilli ! Pas un titre irremplaçable. On continue avec "Passion" et ses scratch et un sample de Herbie HANCOCK. On se croirait en 1990, parole ! Cette grosse babasse… C’est ICE-T qui doit bien se marrer en écoutant ça ! Un flow comme si on venait de le créer, guère d'évolution dans tout ça… ça s’écoute poliment mais sans passion.

S’ensuit alors "Proclivities" et son ambiance bien électro. Original pour le coup avec un James qui pose sa voix sur ses énormes nappes de synthé, un featuring de SWAETIE pour la touche féminine, un titre qui s’apprécie pas mal malgré des paroles à la limite du neuneu. Et puis retenez-bien votre souffle les blaireaux car voici venir le légendaire Slim Shady dans la baraque ! Voyez d’ailleurs notre James qui fait de son mieux pour aller aussi vite que Marshall sur un flow qui se la joue Usain Bolt sur 3 minutes 06 d’une instru complètement psychiatrique, ça s’appelle "Murdergram Deux" et ça déchire sa race avec fracas mais oui ! Ah mais quel plaisir d’avoir une petite folie pareille, EMINEM is in the Fuckin place ! La ça défonce pas de doutes !

Et donc des featurings de la plus belle espèce avec plusieurs des cadors du rap dans la place ! On débute avec SNOOP DOG sur "Spirit Of Cyrus", un titre superbe aux sonorités tant rock que électro, un gratte y jouxte un synthé lumineux, le duo a l’air de bien s’entendre avec un résultat super trippant bien qu’un peu court. Le grand écart est fait avec les samples de CAN, le légendaire combo de krautrock germain sur "Huey In The Chair", ou BUSTA RHYMES vient pousser le flow, en cette année ou Kenji Suzuki nous a quitté cela fait plaisir. Le ton est bien roots, avec une gratte toute fuzzy. Enfin on retrouve NAS sur "Praise Him", avec un flow rapide qui débouche sur un refrain sympa, mais pas de quoi en tomber des sacs de caramels mous.

Le joli refrain poppy de l’éponyme "The Force" laisse planer une certaine interrogation sur l’époque ou ce titre a été composé… Il y a au moins 30 ans non ? Pas d’après les crédits du disque. "Black Code Suite" tourne en rond tel un boléro à la sauce ricaine, le flow de James s’y porte bien et l’ambiance fait le reste, j’aime assez ce coté sans filet du choix de la lancinance. Une certaine urgence domine dans "30 Decembers" avec une mélodie des vieux finnois de WIGWAM. Deux minutes sur Basquiat avec "Basquiat Energy" et sa basse rondelette et funky. On retrouve un sample des EARTH WIND AND FIRE sur "Runnit Back", mais le morceau manque cruellement de force et je ne suis pas fan du tout du monolithique "Post Modern".

Enfin, "The Vow" se signale par une instru psychédélique et quasi orientalisante, sur laquelle le James nous colle un flow de belle allure, et ouais ! L’animal n’a rien perdu de son mordant ! On reconnaît le petit sample tiré des œuvres complètes de James BROWN, alors que plusieurs jeunots viennent taper le flow avec James – J-SAND, Don PABLITO et MAD SQUABLZ. Bref, un certain savoir faire et une capacité unique a fédérer le monde du rap autour de lui. Plusieurs titres permettent de maintenir le nez hors de l’eau, LLCOOLJ survit et je parviens au 3, mais c’est très bien payé, et écoutez donc "Murdergram Deux" !