Il n’y a pas d’âge pour devenir une star dans le rap en ces mid eighties, la preuve ? Notre James Todd, plus communément connu comme l’homme "aimé des femmes" n’a que 17 ans lorsqu’il ceint les lauriers de la victoire après avoir vendu plus d’un million d’exemplaires de son premier album. Voyez donc comme il se la pète notre BBoy sur le capot de sa première bagnole rouge. Ouais, le règne du rap débute : le bling bling est à l’oeuvre avec des chaines en or grosses comme des pneus de mobylette assorties de survètements et de bobs. La dernière élégance ! Faut profiter des billets verts qui tombent comme autant de feuilles d’arbres lors des étés indiens ricains… Jolie pochette verte d’ailleurs, B.A.D. c’est le 2eme opus de LLCOOLJ !

On reprend le business là où l’avait laissé le premier single "I’m Bad". D’emblée, l’évolution saute à la gueule, non ? Plus de rytmme dansant, c’est moins raw avec une basse presque funky et quelques éléments plus mainstream. La vidéo nous montre un James tout handicapé par les dizaines de kilos metal doré qu’il trimballe, mais le flow est efficace et l’ensemble tourne pas mal. Nous avons même un petit synthé bontempi à la direction sur le slow "I Need Love", qui embraye aussitôt avec le culte dont est déjà victime notre James. Trop de succès avec les femmes, la vie est dure ! Certes, il y a du flow, mais nous sommes à deux doigts d’un titre de R’n’B. D’ailleurs, si le premier single signale la première incursion du rappeur dans le Hot 100, le second parvient a une méritoire 14eme place, le succès est planétaire !

La dynamique fait place nette sur "Get Down", assez symbolique du niveau du hip hop d’alors avec une orchestration minimale et un MC très agressif ou conquérant, quelques featurings et beaucoup d’effets sonores. Il y a du Isaak HAYES dans le vibration de "357 – Break It On Down", une babasse lourde et des scratchs alors très en vogue. James revendique peu à peu son héritage culturel. On retrouve un peu d’identité funky sur le refrain de "The Bristol Hotel", avec des choeurs efficaces puis on entend le godfather James BROWN sur "Kanday". Hélas, on reste raw et basique sur "The Breakthrough" puis le gros flow méchant de "Ahh, Let’s get Ill" manque un peu d’harmonies, mais possède un refrain sympa, "My Rhyme Ain’t Done" ne propose pas assez de variation pour emporter mon adhésion.

Et puis il s’amuse : regardez le singer Bill HALEY de "Rock Around The Clock" sur l’intro "Go Cut Creator Go" puis le refrain de "Johnny B Good" de Chuck BERRY sur le refrain, voilà qui ne manque pas de piment ni de classe. La gratte distorsionnée préfigure les évolutions à venir, c’est assez original pour être recommandé, d’autant que l’animal n’a pas sa langue dans sa poche. Un exercice de style qu’il convient de remarquer. Ce garnement se fout de notre gueule. Vous ne me croyez pas ? Jetez donc une oreille sur "The Do Wop" qui porte drôlement bien son nom avec une ligne de doo wop bien agréable qui swingue sur un flow génial du new yorkais. Ca, c’est de la réussite et du nez, gageons que Rick Rubin a dû bien se marrer en produisant cette friandise !

Notre jeune artiste bien qu’encore teen a su s’entourer des grosses pointures nécessaires pour emporter le morceau à son total avantage. Bien sûr, l’effet de surprise est passé et on connaît maintenant la facilité avec laquelle le jeune James Todd balance des punchlines à la gueule d’une assistance plus médusée que réellement choquée. Son hip hop est désormais plus évolué avec quelques incursions mainstream remarquées, et ce deuxième opus mérite la note de 3 étoiles en particulier sur la base de ses instrus bien décadentes comme sur l’hilarante "Go Cut Creator Go".